Figuration
Quand le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, voulait être à l’écoute de la société civile de Nador pour mieux comprendre les problématiques sociaux-économiques, il a été inondé de doléances. Et c’est normal puisque ces gens ne peuvent pas rencontrer le ministre de l’Intérieur tous lesjours.
En revanche, ce qui était surprenant, c’est l’adhésion du président du Conseil de la région à ce concert de revendications. La raison est toute simple. Ce président du Conseil régional, qui devait en principe être dans le fauteuil qu’occupait le ministre de l’Intérieur, dans cette réunion, en train d’accomplir sa mission du premier élu de la région, n’a pas les moyens d’agir et d’anticiper le ras-le-bol populaire.
De facto, les citoyens ne l’écoutent plus, car dépossédé du nerf de guerre : l’argent, en d’autres termes, le budget. Et c’est le cas de toutes les régions où les présidents de conseils continuent de faire de la figuration, malgré eux, mettant ainsi le pouvoir central directement face à la rue, d’où le déploiement de plusieurs ministres pour désamorcer les foyers de tension. C’est la faute à ceux qui hésitent encore à donner âme à la régionalisation avancée. «Les Inspirations ÉCO» a sillonné les régions du Maroc lors de sa Caravane des régions et nous avons pu constater que sans la bénédiction et l’intervention du wali, aucun Conseil régional ne peut avancer ni engager la moindre dépense d’investissement.
En clair, la Constitution, plébiscitée par les Marocains en 2011 et qui accorde de larges prérogatives en gage d’autonomie aux Conseils régionaux, reste lettre morte. Et pour cause, l’Exécutif ne fait aucun effort pour libérer les décrets d’application afin de rendre effectif le texte suprême. Tout est donc question de volonté politique.
