Est-ce un luxe d’épargner de l’argent de nos jours ?
Parmi les pires syndromes dont peut souffrir une économie, lorsqu’elle est déjà mal en point, figure le manque d’appui de la part des citoyens.
Certes, dans pareilles circonstances, la confiance en des jours meilleurs s’érode et l’assurance de pouvoir, à très court terme, absorber les effets de la crise s’ébranle, mais la solidité des fondamentaux devrait, en principe, être préservée par tous. Les baromètres périodiques sondant le moral des ménages nous ont montré, au cours des deux dernières années, que la pandémie a rebattu la donne des priorités dans l’esprit des citoyens.
Ceci, avant même que la foudre de la crise en Ukraine ne s’abatte sur les marchés internationaux, les bourses mondiales et partant, celles des ménages.
Aujourd’hui, ce que nous anticipions dans cette même colonne il y a quelques semaines, commence à se profiler concrètement devant nous : une poussée vers la thésaurisation est enclenchée, ramenant sur la table une problématique soulevée déjà sous le mandat du gouvernement Abbas El Fassi.
Il s’agit de la mobilisation générale en faveur de l’épargne et de l’incitation des citoyens à injecter du cash dans la machine de l’économie nationale. Rappelons-nous, à l’époque, le secteur financier s’était déployé pour proposer des solutions incitatives et le gouvernement n’avait eu de cesse d’expliquer en quoi l’épargne était stratégique.
Depuis, le marché financier a fait jouer l’innovation pour multiplier les offres et les instruments. Le législateur a suivi cette dynamique, mais pas la conjoncture, hélas ! Comment réconcilier le citoyen avec l’épargne quand les revenus ont été lourdement impactés et le coût de la vie a explosé ? Il faut dire que pour bon nombre de Marocains, parvenir à sécuriser tant bien que mal ses lendemains en choisissant de faire confiance ou pas au circuit financier, relève du luxe. Encore faudrait-il, pour cela, pouvoir dégager un maigre excédent à mettre de côté.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO