Opinions

ENSEIGNEMENT. Pourquoi le Maroc doit miser plus que jamais sur son système éducatif supérieur

Par Omar Layachi
Directeur du Développement et de la Communication de l’École Centrale Casablanca

L’Afrique se trouve aujourd’hui à une période charnière, où elle peut prendre un ascendant économique et social inédit. Dans de nombreux pays du continent, la jeunesse fait en effet preuve d’un réel dynamisme créatif et entrepreneurial, et montre qu’elle est capable d’être en pointe pour répondre aux défis du monde de demain. Mais encore faut-il que nous lui donnions les moyens de réaliser son plein potentiel. Face à ces enjeux qui seront décisifs pour les prochaines décennies, l’éducation est un pilier fondamental. Et le Maroc a d’immenses atouts à faire valoir à l’échelle nationale et internationale.

Le rôle de l’enseignement supérieur marocain dans le développement économique panafricain
Le Maroc a des atouts importants pour jouer un rôle dans le développement économique panafricain. Situé à la croisée de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient, notre pays a une position stratégique pour être un pont entre les pays africains et les marchés internationaux. De plus, le Maroc a une longue histoire de relations économiques et culturelles avec les pays africains, ce qui a renforcé sa compréhension de la culture, des défis et des opportunités de l’Afrique. En termes d’enseignement supérieur, le Maroc dispose de nombreuses institutions reconnues et accréditées, telles que l’Université Mohammed V de Rabat, l’Université Hassan II de Casablanca, l’Université Al Akhawayn d’Ifrane ou encore l’Université Mohammed VI Polytechnique, qui offrent une formation de grande qualité dans une variété de disciplines. Les universités marocaines figurent d’ailleurs chaque année dans les plus prestigieux classements internationaux. Par ailleurs, dans le classement annuel des universités mondiales «Global 2000 List by the Center for World University Rankings» édition 2022-2023 publié par le CWUR (Center for World University Rankings), l’Université Mohammed V de Rabat se classait l’année dernière à la 11e place au niveau africain et au niveau arabe. Le Maroc se distingue également par ses écoles d’ingénieurs, qui rayonnent souvent au-delà des frontières du pays en formant de nombreux étudiants venus de tout le continent et en tissant des liens avec l’Europe. C’est le cas de l’École Centrale Casablanca, qui célèbre cette année ses 10 ans d’existence née d’un partenariat entre l’État marocain et l’État français, visant à accompagner l’industrialisation du Maroc à travers des cadres, entrepreneurs, managers et ingénieurs de haut niveau scientifique. C’est précisément cette vocation que nous devons porter plus que jamais aujourd’hui, et auquel l’enseignement supérieur marocain doit contribuer pour accélérer le développement économique panafricain.

Perspectives de croissance et besoins immenses
Que ce soit dans le domaine de l’industrie, des technologies de l’information et du numérique, de la santé, de l’agriculture ou de l’énergie – qui sont des secteurs clés pour le développement économique et pour inventer le monde de demain –, les besoins en ingénieurs, en cadres et en techniciens se font de plus en plus forts en Afrique. Il s’agit à la fois d’un grand défi et d’une formidable opportunité, tant les besoins et les perspectives de croissance sont immenses. Citons quelques chiffres pour mettre cela en perspective. Dans le secteur marocain de l’aéronautique et de l’automobile, par exemple, on estime que pas moins de 10.000 ingénieurs doivent être formés d’ici 2025. Du côté de l’économie numérique, le cabinet Boston Consulting Group (BCG) a récemment évalué que ce marché devrait atteindre 180 milliards de dollars d’ici 2025 en Afrique, et 712 milliards de dollars à l’horizon 2050. Dans la même étude, le BCG souligne que 87% des chefs d’entreprise africains citent le développement des compétences numériques comme un domaine prioritaire nécessitant des investissements supplémentaires. En plus de fournir des formations de haute qualité, l’enseignement supérieur marocain peut jouer un rôle clé en collaborant avec les secteurs publics et privés pour développer de nouvelles technologies, produits et services. Cette recherche peut être axée sur les besoins de l’Afrique, comme la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, la santé et les infrastructures. Les innovations qui en résultent peuvent aider à stimuler la croissance économique dans toute l’Afrique.

Le financement : notre plus grand défi
Malgré les avantages que l’enseignement supérieur marocain peut apporter au développement économique panafricain, il est confronté à plusieurs défis. L’un des principaux obstacles est le financement, qui peut limiter la capacité des institutions d’enseignement supérieur à offrir une formation de haute qualité, à investir dans la recherche et à moderniser leurs infrastructures. Le financement des institutions d’enseignement supérieur est un défi commun à de nombreux pays africains. Le Maroc ne fait pas exception et les parties prenantes se doivent d’innover et de diversifier les sources de financement, comme par exemple à travers les partenariats avec des entreprises, les fondations et les organisations internationales. Cet aspect est d’ailleurs mentionné dans le Nouveau Modèle de Développement :

«Cela passera par l’émergence d’une nouvelle génération d’universités, opérant selon les critères d’excellence, avec des modes de gouvernance rénovés, assortis de moyens adéquats pour accomplir leurs missions. Ces universités incluraient les établissements publics, profondément reformés et autonomisés, ainsi que des établissements nouveaux, portés par des fondations à but non lucratif, comme certaines grandes universités au niveau mondial». Les grandes fondations internationales, telles que la Fondation MasterCard (qui a soutenu l’École Centrale Casablanca en 2022), la Fondation Gates et la Fondation Rockefeller, ont investi dans l’éducation en Afrique. Ces fondations soutiennent souvent des projets éducatifs, tels que la construction d’infrastructures, l’octroi de bourses d’études et le développement de programmes de formation professionnelle. Les organismes de coopération, tels que l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne (UE), peuvent également offrir des financements pour l’enseignement supérieur au Maroc et en Afrique.Enfin, le Maroc peut également envisager d’encourager les partenariats public-privé dans l’éducation, en encourageant les entreprises à investir dans les établissements d’enseignement supérieur. Les entreprises peuvent contribuer à financer la recherche et les programmes de formation, tout en bénéficiant des avantages d’avoir des travailleurs hautement qualifiés et innovants. En conclusion, l’enseignement supérieur marocain a un rôle clé à jouer dans le développement économique panafricain. Cependant, pour relever les défis auxquels il est confronté, notamment en matière de financement, le Maroc doit explorer des sources de financement alternatives, telles que les partenariats public-privé et les fondations internationales. Avec des investissements adéquats, nous pourrons nous donner les moyens de nos ambitions, et faire de l’Afrique une terre d’innovation et d’excellence pour un développement économique et social durables.



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