Effet boule de neige
EDITO. La situation de notre système éducatif n’était guère enviable avant l’avènement de la crise sanitaire. La fermeture des écoles, les chamboulements entraînés par l’enseignement à distance et autres mesures prises in extremis promettent de laisser des séquelles beaucoup plus lourdes chez les apprenants. Même si le satisfecit d’avoir pu assurer les cours pendant la période de confinement général a prévalu, il ne doit pas éclipser une vérité indiscutable : l’apprentissage dispensé durant ladite période, et même depuis la présente rentrée scolaire, est par la force des choses – ou plutôt des circonstances – boiteux. Les programmes scolaires, initialement conçus pour des systèmes pédagogiques présentiels, se sont retrouvés, à la dernière minute, déployés selon un mode hybride ou distanciel.
D’autre part, les lacunes, nombreuses, laissées par des mois de confinement et un passage improvisé à l’enseignement, auraient dû faire l’objet de bien plus que des cours de soutien dispensés à une petite frange d’apprenants après la rentrée. La liste des couacs peut d’ailleurs être rallongée à souhait. Une chose est sûre, l’alerte lancée par la Banque mondiale mérite d’être prise au sérieux. L’institution souligne qu’à défaut de mesures appropriées pour compenser le recul des acquis, l’apprentissage effectif d’un élève pourrait diminuer de 6,2 à 5,9 ans et l’apprentissage annuel moyen par élève de 2%. Cette donnée est alarmante, surtout si l’on tient compte de l’effet boule de neige qu’elle pourrait produire dans quelques années sur notre indice de développement humain. C’est pourquoi, alors que l’ombre du reconfinement hante encore les esprits, il serait impératif que les enjeux économique, sanitaire et éducatif soient tous considérés comme ayant la même importance.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco