Edito. Pouvoir d’achat et qualité de vie

1er mai oblige, Younes Sekkouri n’a pas lésiné sur les chiffres : 10.100 dirhams de salaire net moyen dans le public d’ici 2026, +20% sur le SMIG privé, 3,5 milliards pour la santé, 2 milliards pour l’enseignement supérieur, … les voyants sociaux sont-ils définitivement au vert ? Le Marocain vivra-t-il mieux ? Tout dépend du prisme à travers lequel on regarde. Car si la paie monte, le panier, lui, n’est pas encore au top de sa forme.
Selon les dernières données du Haut-commissariat au plan, plus de 86% des ménages estiment que leur niveau de vie s’est dégradé ces cinq dernières années.
Pire encore : les plus pauvres consacrent la moitié de leur budget à l’alimentation, pendant que les prix de denrées comme le couscous, l’huile, ou encore les tomates, prennent l’ascenseur. C’est là tout le nœud de l’affaire : le salaire, c’est un chiffre ; le pouvoir d’achat, c’est la qualité de vie. Et on aura beau ajuster des décimales sur des bulletins de paie, si l’inflation continue d’avaler tout sur son passage, le quotidien ne ressentira pas du tout les changements attendus de cette hausse.
Bien plus que des chiffres, l’enjeu est celui des conditions de marché, du poids de la fiscalité, du coût des biens essentiels… Gagner plus, c’est bien, mais encore faut-il s’assurer que niveau de vie et pouvoir d’achat riment. La question n’est pas seulement «combien on gagne», mais «que peut-on en faire» ?
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO