Edito. Cryptomania

Les cryptomonnaies avancent… dans l’ombre, mais avec force. Au Maroc, elles séduisent une population jeune, connectée, souvent déçue par la lenteur des circuits bancaires. Avec les stablecoins comme l’USDT, envoyer de l’argent devient simple, rapide, peu coûteux. Trop simple peut-être pour les banques ? Face à cette montée en puissance, les établissements financiers réagissent. Comptes bloqués, virements gelés, clients sommés de s’expliquer…
Ces mesures visent à contenir des flux jugés risqués. Mais elles frappent souvent sans cadre légal clair et renforcent (sans le savoir) la confusion. Car au fond, rien n’interdit formellement les cryptomonnaies au Maroc. Une mise en garde date de 2017, mais depuis, silence radio… Aucune loi, aucune directive, aucune régulation précise. Ce vide place les banques en première ligne. Elles verrouillent, par précaution et par incertitude. Mais ce verrou crée un effet inverse. Les usagers se tournent vers l’informel. Groupes privés, échanges en cash, transactions sans trace… le marché parallèle se structure. Il devient plus actif, plus opaque… et bien sûr plus dangereux !
Selon une récente analyse (voir article page 6), le Maroc aurait reçu 12,7 milliards de dollars en cryptomonnaies sur un an. Un volume significatif, porté en grande partie par la diaspora : ceux qui veulent envoyer de l’argent rapidement et éviter les commissions des circuits classiques. Ne rien encadrer, c’est laisser dériver.
La technologie ne s’arrêtera pas. Il est important de l’intégrer, la réguler, fixer des règles simples, lisibles, équitables… Sinon, c’est l’arbitraire qui s’installe et la défiance qui s’enracine. Morale de l’histoire : encadrer les cryptos, ce n’est pas céder, c’est prendre les choses en main. Il est encore temps !
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO