Du cash, beaucoup de cash !
L’idée est pertinente et même défendable : pour la concrétisation de la tant attendue – et impérieuse – réforme du système national de l’enseignement, il faut du cash, beaucoup de cash ! Avant la crise sanitaire déjà, et sans que cette dernière n’impose ses contraintes aux caisses de l’État, l’équation était particulièrement complexe. Longtemps d’ailleurs, le budget alloué au département de l’Enseignement a fait l’objet de critiques, car en total déphasage avec l’ampleur des chantiers à mener. On le constate aisément d’ailleurs, dans les données du prochain exercice financier, le projet de Loi de finances ne prévoyant aucune rallonge de budget au ministère de l’Enseignement. 72 MMDH sont prévus pour ce département, soit la même enveloppe qu’en 2019.
Aujourd’hui, deux nouveaux éléments se sont ajoutés au tableau. Non seulement la crise sanitaire a rétréci la marge de manœuvre de l’État pour pouvoir consentir plus de largesses financières, mais par ailleurs l’urgence de la réforme est montée de plusieurs crans. Et il se trouve que la mise en œuvre des dispositions de la loi cadre de l’éducation et de la formation nécessite un budget supplémentaire estimé à 10 MMDH chaque année. Que peut Saaid Amzazi face à cela et comment réaliser beaucoup avec bien peu de moyens ? Il ne lui reste qu’à déployer intensément son lobbying pour convaincre et ses méninges pour trouver des idées de sources alternatives de financement. On dira même que ce n’est plus une option, mais une nécessité extrême. Qu’il s’agisse de contracter des financements en dehors du circuit classique des finances publiques ou d’optimiser le mécanisme de gouvernance du secteur… toute piste est bonne à étudier. L’essentiel, et c’est là l’autre complication posée, est d’agir vite et bien. Nous venons de boucler une année scolaire chamboulée par la crise sanitaire, le confinement et l’enseignement à distance, et nous en avons entamé une autre non moins inédite. Mais la qualité de la prestation éducative – déjà bien discutable – supportera-t-elle encore plus de tâtonnement ? Le casse-tête en question ne doit pas seulement concerner Amzazi ; sa portée est bien plus stratégique qu’on ne pourrait le penser.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco