Condamnés à s’entendre
La visite du roi Felipe VI d’Espagne au Maroc est une nouvelle occasion de passer au scanner les relations bilatérales. Deux voisins «condamnés» à cohabiter en paix et en parfaite symbiose. C’est l’orientation qui semble se dessiner depuis le malheureux incident de l’îlot Perejil en 2002. Depuis, les deux pays ont convenu de mettre en avant les intérêts bilatéraux, notamment les aspects économiques en gérant, en bons pères de famille, les situations conflictuelles passagères. Les deux partis espagnols Partido Popular et PSOE ont compris que les relations avec le voisin du sud étaient hautement stratégiques et, de ce fait, ne peuvent en faire carte électorale à brandir. Un fait qui garantit la stabilité des relations et le renforcement continu de la coopération bilatérale, notamment en matière de sécurité, de migration et d’échanges économiques.
En effet, l’Espagne est aujourd’hui le premier client et le premier fournisseur du Maroc, au grand dam de la France, longtemps partenaire de référence du royaume. Rabat comprend aussi l’intérêt de son voisin du Nord avec au moins dix mille pêcheurs à gérer, d’où les concessions marocaines quant à l’accord de pêche qui ne rapporte pratiquement rien en termes financiers (à peine 50 millions d’euros), ce qui fait de lui un accord plus politique qu’économique. Le Maroc, tout en refusant de jouer le gendarme de l’Europe, déploie d’énormes efforts afin de limiter les flux migratoires vers la péninsule ibérique. Par ailleurs, la presse espagnole ne tarit pas d’éloges concernant les services secrets marocains qui constituent un modèle de coopération en matière de lutte anti-terroriste.
En tout cas, l’Espagne le lui rend bien, notamment dans l’affaire du Sahara, avec une position mesurée et rationnelle. Enfin, force est de constater que cette visite vient à point nommé pour rappeler l’enracinement des relations bilatérales où l’avenir est encore prometteur. Bienvenido al rey.
