Budget, impunité et reddition des comptes
Le déficit budgétaire est un casse-tête chinois. Entre les équilibres fondamentaux à améliorer et les contraintes exogènes, la maîtrise du Budget de l’État est une priorité. Sauf que la structure de ce Budget est vulnérable, à telle enseigne que les recettes publiques sont tributaires des impôts et des dons extérieurs essentiellement. D’ailleurs, en 2017, le Budget a souffert des restrictions financières des pays du Golfe.
Heureusement que cette année 2018 a vu le retour des fonds de ces pays après l’apaisement d’une tension passagère. Mais jusqu’à quand notre économie restera-t-elle dépendante des monarchies du Golfe, particulièrement des investissements directs et des donations ? Quand le souverain a jeté des ponts vers l’Afrique et visité la Russie et la Chine, c’était dans un objectif de diversification des partenaires économiques et d’allègement de la dépendance envers l’Union européenne. Cela commence d’ailleurs à porter ses fruits. Il n’y a qu’à voir la part du marché africain dans le RNPG des grands groupes industriels et financiers, de même que la croissance exponentielle du nombre de touristes russes et chinois, pour apprécier cette tendance à sa juste valeur. C’est pourquoi il est impératif de se passer – et le plus tôt serait le mieux – des aides financières du Golfe.
L’économie marocaine doit gagner en souveraineté, à commencer par le détachement de partenaires qui gèrent leurs relations selon leur humeur ! En chiffres, à fin d’août, la situation des charges et recettes du Trésor dégage un déficit budgétaire de 23,7 MMDH, soit 2,5% du PIB, ce qui est en soi un niveau honorable. Cependant, ce déficit pourrait être abaissé à condition que l’État réduise son train de vie, mette fin au gaspillage et multiplie les contrôles budgétaires. Le Maroc pourrait gagner beaucoup plus que les aides reçues en se dotant seulement d’une gouvernance infaillible et surtout en mettant fin à l’impunité.