Maroc

VTC : l’Intérieur prépare (enfin) le cadre légal

Les tensions entre taxis et VTC ne cessent de s’aggraver au Maroc, alimentées par un cadre légal flou et des rivalités de terrain de plus en plus vives. Face à cette escalade, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a annoncé une prochaine régulation des applications de transport. Une mesure qui pourrait redessiner le paysage du transport urbain.

Dans les grandes villes marocaines, la cohabitation entre taxis traditionnels et VTC vire souvent au conflit. Vidéos virales de confrontations, agressions signalées, menaces…, la tension est palpable. Récemment, un incident impliquant un diplomate russe a même défrayé la chronique.

Le problème réside dans le vide juridique entourant les VTC. Pour les taxis, ces conducteurs pratiquent une concurrence déloyale en contournant la réglementation imposée aux professionnels du secteur. De leur côté, les VTC revendiquent leur légitimité, mettant en avant un service modernisé et plébiscité par les usagers.

Vers une légalisation des plateformes de VTC ?
Conscient du caractère intenable de cette situation, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a annoncé devant le Parlement qu’une étude était en cours pour réguler ces plateformes.

«Il faut s’asseoir et échanger pour trouver une solution. Nous ne pouvons pas continuer ainsi», a-t-il déclaré.

Si le ministre n’a pas donné de calendrier précis, il a assuré que des mesures seraient prises pour encadrer l’activité des VTC tout en veillant à ne pas léser les taxis.

«On ne peut pas intégrer officiellement les VTC, mais on ne peut pas non plus faire semblant de les ignorer», a-t-il ajouté.

Selon nos informations, le gouvernement envisagerait un modèle hybride, combinant un renforcement des obligations pour les chauffeurs de VTC et une modernisation du secteur du taxi.

Parmi les pistes évoquées, on trouve l’instauration d’une licence spécifique pour les VTC, des critères plus stricts en matière de formation et d’assurance, ainsi qu’un encadrement tarifaire destiné à éviter une concurrence trop agressive.

Entre succès et obstacles
Les plateformes de VTC ont fait leur apparition au Maroc il y a plusieurs années, avec des acteurs comme Uber, qui a déjà plié bagages, suivi d’Indrive et Careem et plus récemment Yango. Elles séduisent une clientèle en quête de modernité et de confort. La réservation via application mobile, paiement digitalisé, véhicules récents, tarifs transparents…, autant d’éléments qui ont contribué à leur popularité.

Toutefois, leur développement s’est heurté à une forte opposition des taxis et à un vide juridique persistant. Les chauffeurs de VTC échappent aux réglementations imposées aux taxis. Une situation qui alimente les tensions et pousse certains chauffeurs de taxi à réclamer une interdiction pure et simple des VTC, tandis que d’autres appellent à une réforme permettant une concurrence encadrée.

Face à ces divergences, la nécessité d’une refonte globale du secteur s’impose. Mais «l’idée n’est pas simplement d’autoriser une nouvelle catégorie de transport, mais de repenser l’ensemble du modèle afin de garantir un service de qualité pour les usagers et des conditions de travail dignes pour les chauffeurs», insiste Abderrahim Marary, secrétaire régional du syndicat ODTL à Casablanca. Il plaide pour une régulation claire qui éviterait le chaos actuel, où taxis et VTC se disputent un marché mal structuré.

Une modernisation nécessaire du secteur
«Nous avons déjà soumis nos propositions aux autorités compétentes, notamment au chef du gouvernement, à l’ancien ministre des Transports et au ministre de l’Intérieur. L’objectif est d’instaurer un cadre réglementaire qui prenne en compte les réalités du terrain et garantisse une concurrence saine entre taxis et VTC», nous confie Abderrahim Marary.

Pour lui, le principal enjeu réside dans la transparence du secteur. «Nous ne disposons pas de statistiques fiables sur le nombre de chauffeurs en exercice, le nombre de licences ou les besoins réels du marché. Ce manque de visibilité complique toute tentative de réforme et contribue aux déséquilibres actuels». Il plaide également pour une revalorisation du métier de chauffeur de taxi.

«Il ne s’agit pas seulement d’encadrer les VTC, mais de moderniser l’ensemble du secteur. Cela passe par une formation des chauffeurs, une meilleure gestion des licences et une refonte des services existants», souligne-t-il.

De l’urgence d’une réforme
Le ministère de l’Intérieur et les autorités compétentes se retrouvent aujourd’hui face à un véritable casse-tête. D’un côté, les taxis réclament une protection renforcée de leur activité, et, de l’autre, les plateformes VTC qui demandent une reconnaissance officielle pour pouvoir opérer en toute légalité. Si une régulation venait à voir le jour, elle pourrait inclure plusieurs volets, notamment l’enregistrement des chauffeurs, une clarification des licences, et un encadrement des tarifs pour éviter une guerre des prix déstabilisatrice. Il est aussi question de renforcer le contrôle des pratiques commerciales afin d’éviter les abus, que ce soit du côté des taxis ou des VTC.

Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir du secteur. En attendant, la tension ne faiblit pas, et chaque nouvelle altercation entre taxis et VTC vient rappeler l’urgence d’une solution pérenne. Reste à savoir si les mesures à venir parviendront à concilier les intérêts des uns et des autres, tout en garantissant aux usagers un transport urbain modernisé et accessible.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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