Viol collectif : Khadija maintient ses accusations malgré les pressions
« Ma fille a confirmé toutes les accusations, entièrement et en détail, elle est courageuse malgré sa fragilité psychologique », a dit Mohamed, son père, à l’AFP, après l’audition organisée dans un bureau de la chambre criminelle de la Cour d’appel de Beni Mellal.
Douze suspects âgés de 18 à 28 ans, qu’elle a désignés comme ses agresseurs, ont été placés en détention préventive fin août sous différents chefs de poursuite, allant de « traite d’être humain sur mineure », « viol », « torture et usage d’arme causant des blessures et séquelles psychiques », « constitution d’une bande organisée, enlèvement et séquestration » et « non-assistance à personne en danger », selon les informations obtenues par l’AFP de source judiciaire.
Le plus jeune a été entendu mercredi à Beni Mellal, son cas ayant été disjoint des autres puisqu’il est mineur, selon une source proche du dossier.
C’est dans une vidéo diffusée en août et devenue virale sur internet, que cette adolescente issue d’une famille défavorisée avait raconté avoir été kidnappée, séquestrée, violée et martyrisée pendant deux mois par des jeunes de son village.
Ce témoignage filmé où elle montre des tatouages obscènes et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps avait suscité autant de compassion que de dénigrement sur les réseaux sociaux marocains, ce qui a poussé à la création d’un groupe actif de protestation contre les violences sur les femmes, uni sous le hashtag #masaktach (« je ne me tais pas »).
Plusieurs de ses agresseurs présumés ont reconnu les faits dans leurs dépositions -les viols collectifs, les tatouages forcés, les menaces de mort pour la dissuader de fuir- selon des sources proches du dossier, mais cela n’a pas suffi à calmer les détracteurs de l’adolescente.
Khadija « ne s’est toujours pas remise de ce qui s’est passé », selon son père.
D’après lui, vivre chez eux dans leur maison d’Oulad Ayad, est « difficile » et la famille « ne sort quasiment plus » depuis que Khadija a dénoncé ses agresseurs : « Nous recevons des menaces et des insultes par téléphone, mais je ne lui dis rien. Je lui ai retiré son smartphone pour la tenir éloignée de tout ce qui peut lui rappeler ce qu’elle a subi », a-t-il dit à l’AFP.