Maroc

Un chercheur de Fès s’attaque à la résistance aux antibiotiques

Adnane Remmal, chercheur en biotechnologie à l’Université de Fès, s’attaque à la résistance aux antibiotiques. Il a mis au point une innovation majeure, laquelle est en cours de  développement clinique par les laboratoires Sothema.

Depuis deux décennies, les spécialistes de la santé alertent sur le risque que présente la résistance aux antibiotiques. En effet, à force d’utiliser des antibiotiques puissants et à large spectre, la flore du corps humain et animal devient de plus en plus résistante. Le risque est qu’à terme, chez certains sujets, les antibiotiques deviennent inefficaces et l’organisme humain, ne pouvant pas se débarrasser spontanément des germes infectieux, s’oriente vers une mort certaine. Il faut aussi souligner que, le problème vient de la surutilisation et l’utilisation à mauvais escient des antibiotiques chez les humains, mais aussi dans l’élevage. La propagation de résidus de ces médicaments dans l’environnement par le biais des ressources en eau, notamment, contribue à aggraver la situation. Après plus de 30 ans de recherche dans ce domaine, un chercheur marocain a réussi à mettre au point et à breveter «des solutions efficaces et non-coûteuses pour ce problème».

En effet, Adnane Remmal, professeur en biotechnologie à l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, a inventé deux produits distincts pour combattre ce phénomène : le premier est un nouvel antibiotique pour usage humain actuellement en cours de développement clinique par les laboratoires Sothema-Casablanca. Le deuxième est un additif à base de substances naturelles qui remplace les antibiotiques dans l’aliment des animaux d’élevage et qui contribue indirectement à réduire la résistance aux antibiotiques chez les humains.

Cette innovation lui a valu l’obtention du Grand Prix de l’innovation en Afrique décerné par la fondation suisse «African Innovation Foundation, Zurich» en 2015. Le produit inventé par Adnane Remmal permet donc de remplacer les antibiotiques ajoutés à l’aliment de volaille, sachant que cette pratique est une des principales sources de bactéries multirésistantes chez l’Homme et dans l’environnement. Aujourd’hui, Pr. Remmal a mis au point d’autres produits similaires pour les bovins et les ovins ainsi que des produits qui remplacent les pesticides dans l’agriculture. «Ces produits permettent de protéger les consommateurs et l’environnement sans diminuer les profits des agriculteurs et sans surcoût. Ils sont bien accueillis par les professionnels soucieux de la santé des consommateurs», explique Pr. Remmal.

Selon ce scientifique, les animaux qui reçoivent ces nouveaux produits sont en meilleure santé. «Le lait, la viande et les œufs provenant de ces animaux sont de meilleure qualité et ne contiennent pas de résidus chimiques ni de bactéries résistantes», ajoute-t-il. Cela dit, et bien que l’utilisation des antibiotiques dans l’aliment des animaux d’élevage soit déjà interdite dans plusieurs pays, comme l’Europe et le Maroc, cette pratique persiste pour des raisons injustifiées, et cela pourrait avoir des répercussions graves dans le futur. «Le risque pour le Maroc et les pays qui n’encadrent pas l’usage des antibiotiques est de se retrouver dans la même situation qu’avant la découverte des antibiotiques, c’est-à-dire que des patients vont avoir des risques de mortalité après chaque acte chirurgical ou chaque infection aussi banale soit-elle», prévient le chercheur.

Selon les estimations de l’OMS, les infections résistantes aux antibiotiques tuent déjà plus de 230.000 nouveaux-nés par an. Les superbactéries pourraient tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050, soit autant que le cancer, selon une récente étude britannique. Il faut également préciser que les éleveurs utilisent les antibiotiques dans l’aliment de volaille, non pas pour traiter des infections chez les animaux, mais, pour accélérer la croissance et permettre des gains de productivité.   


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