UA, chronique d’un retour annoncé du Maroc
«Africain est le Maroc. Africain, il le demeurera. Et nous tous Marocains restons au service de l’Afrique… Nous serons à l’avant-garde pour préserver la dignité du citoyen africain et le respect de notre continent… ». En reprenant ainsi les propos de son père, le défunt roi Hassan II, quand il annonçait le retrait du Maroc de l’OUA, le 12 novembre 1984 ; Mohammed VI a tenu à faire un rappel historique avant d’annoncer : «Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé».
Un retour logique au sein de l’UA dicté non seulement par une diplomatie qui se veut plus efficace au service du Sahara marocain, mais également par une présence économique concrète du Maroc au sein du continent. Le royaume s’est en effet employé ces dernières années à bâtir une solide assise économique en Afrique, au point de devenir aujourd’hui le premier investisseur dans sa partie ouest et le deuxième sur l’ensemble du continent.
Banques, assurances, télécommunications, BTP, etc. En quelques années, le Maroc s’est imposé dans quasiment tous les secteurs stratégiques. Un poids économique considérable qui va de pair avec un poids institutionnel logique à assumer au sein de l’UA.
«Après réflexion, il nous est apparu évident que quand un corps est malade, il est mieux soigné de l’intérieur que de l’extérieur. Le temps des idéologies est révolu. Nos peuples ont besoin de concret et d’actions tangibles. On ne peut changer la géographie. On ne peut se soustraire au poids de l’histoire», a fait savoir le souverain.
Et dans ce concert des nations africaines, le Maroc a toujours joué sa partition, mais il manquait une note, diplomatiquement majeur, que Mohammed VI a tenu à ajouter. Et c’est loin d’être le point d’orgue ! «Cette décision de retour, réfléchie et longuement mûrie, émane de toutes les forces vives du royaume. Par cet acte historique et responsable, le Maroc compte œuvrer au sein de l’UA en vue de transcender les divisions», a soutenu le roi, appelant de ses vœux une Afrique qui agit à l’unisson.
Une entreprise dans laquelle le Maroc entend peser de tout son poids. «Par ce retour, le Maroc entend poursuivre son engagement au service de l’Afrique et renforcer son implication dans toutes les questions qui lui tiennent à cœur».
Indéniablement positionné comme un hub vers l’Afrique, le Maroc n’en n’est pas moins en première ligne quand il s’agit des grandes préoccupations du continent. Il s’est toujours mué en défenseur de ses racines africaines, comme en atteste le discours édifiant du roi Mohammed VI lors de la dernière assemblée générale de l’ONU.
Dimanche à Kigali, le roi n’a pas manqué de renouveler cet engagement pour la cause africaine. «Le Maroc, qui abritera la COP22 en novembre prochain, saura défendre la position de notre continent, fortement touché par les questions climatiques et de développement durable», a assuré le souverain. Et pour cause, «le Maroc se situe aujourd’hui dans la perspective résolue et sans équivoque, de regagner sa famille institutionnelle et de continuer avec plus d’ardeur et de conviction à assumer les responsabilités qui sont les siennes», a dit Mohammed VI avant de conclure : «Il (Le Maroc) est confiant dans la sagesse de l’UA pour rétablir la légalité et corriger les erreurs de parcours».
Comment sera acté ce retour ? C’est la question cruciale à éluder.