Maroc

Transport routier : les vieux démons refont surface

Retards sur les flux d’import-export à Tanger Med, problème des plaques d’immatriculation en Europe, fin des subventions sur le carburant et réformes au point mort… Les transporteurs routiers du Maroc tirent la sonnette d’alarme et appellent les autorités à s’intéresser enfin à leur secteur.

À l’heure où les stratégies et gros chantiers s’accélèrent dans les secteurs aérien, ferroviaire et portuaire, le transport routier se retrouve, lui, au point mort. C’est du moins le sentiment partagé par certains de ses principaux acteurs.

«Actuellement, nous n’avons aucune visibilité sur les réformes en cours, alors que les problèmes se multiplient sur plusieurs plans», lance d’emblée Mohamed Mitali, secrétaire général de la Fédération nationale du transport routier (FNTR), l’organisme représentant les chauffeurs et professionnels du transport au Maroc.

Ce constat est pleinement partagé par d’autres acteurs plus formels, actifs sur plusieurs segments de la grande famille des transports.

«Nous avons l’impression qu’il n’y a plus aucun interlocuteur avec qui discuter au niveau des autorités. Tout le monde est aux abonnés absents», confie pour sa part un autre professionnel du secteur, qui a requis l’anonymat.

Et pourtant, sur le terrain, les problèmes ne manquent pas. Il suffit de prêter l’oreille aux transporteurs routiers pour les entendre citer toute une litanie de couacs.

Retards à Tanger Med
Le premier motif de frustration actuellement trouve son origine au Port Tanger Med. «C’est à vrai dire la plus grande préoccupation pour les transporteurs, notamment ceux actifs dans le transport international routier et qui assurent l’import-export via le port de Tanger Med», déclare Mohamed Mitali.

Dans les faits, il pointe du doigt les lenteurs constatés depuis plusieurs mois sur le port tangérois, en raison du renforcement des contrôles douaniers. Et il n’est pas le seul à faire état de ce manque de fluidité, surtout que les camions des transporteurs perdent entre un à trois jours sur place avant de passer les portiques douaniers.

«Sur place, il y a le contrôle non intrusif qui se fait par scanner et celui intrusif, que les douaniers effectuent eux-mêmes. Et c’est là que se situe le problème, car parfois on demande à un transporteur de démonter carrément son réservoir de gasoil, histoire de bien approfondir les fouilles. Tout cela est très désagréable et retarde forcément les opérations commerciales», nous explique un expert du transport actif sur place. En un mot, le flux des échanges commerciaux fait les frais de la lutte anti-drogue à Tanger Med.

«À cela, il faut aussi ajouter que la Douane ne fait plus de la facilitation comme auparavant. Elle s’est désormais limitée à son rôle de contrôle et de lutte contre la fraude. Et tout ceci a une incidence sur les transporteurs non catégorisés», poursuit notre interlocuteur.

«Nous appelons les autorités à agir pour éviter que la situation n’empire. Auparavant, Tanger Med faisait notre fierté en tant que transporteurs, mais ce n’est plus le cas», renchérit le secrétaire général de la FNTR.

Plaques d’immatriculation
Autre grief des transporteurs, la question des plaques d’immatriculation. Sur ce point, le processus de changement de la carte grise et des plaques, en vue de se conformer aux normes européennes et internationales, prendrait énormément de temps.

«Pour s’y conformer, il faut garer son camion pendant des mois, car il faut attendre longtemps pour que tous les papiers du véhicule soient changés. Nous appelons là aussi les autorités à agir, au risque de voir les transporteurs marocains distancés», ajoute Mitali.

Par ailleurs, chez les transporteurs, on a encore du mal à digérer l’arrêt des subventions auxquelles le précédent ministre du Transport les avait habitués pour faire face à la flambée des prix des carburants, avec le déclenchement, en 2022, de la guerre en Ukraine. Il est vrai que les prix sont revenus à des niveaux proches de ceux qui prévalaient avant cette date. Ceci étant, ces doses de subventions à effet doliprane avaient en réalité permis d’acheter le silence des transporteurs sur le manque d’avancées effectives dans leur secteur. Sauf que là, les vieux démons resurgissent, même si l’arrêt des subventions est loin d’en être l’unique cause.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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