Tomate concentrée : une petite victoire sur les importations égyptiennes
Les producteurs locaux de concentré de tomate ont réussi à obtenir gain de cause en imposant un droit antidumping aux importations égyptiennes. Mais les opérateurs ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, la Fenagri envisage de recourir aux mesures de défense commerciale pour protéger l’industrie agroalimentaire locale contre toute concurrence déloyale.
À la suite d’une requête déposée par la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri), au nom de la branche de production nationale (BPN), une enquête antidumping sur les importations de concentré de tomate, en provenance d’Égypte, a été diligentée.
À l’issue de cette enquête, le ministère de l’Industrie compte appliquer un droit antidumping provisoire de 29,93% sur ces produits. Une décision qui permettrait, entre autres, de protéger la filière nationale des tomates en conserves. Celle-ci reste confrontée à une concurrence déloyale et farouche de la part de produits importés en dumping d’Égypte «à des prix défiant toute concurrence comparativement au coût de revient du produit national», selon Abdelmounim El Eulj, président de la Fenagri.
À noter que la production de conserves de tomates représente un levier important contribuant à la garantie de la sécurité alimentaire nationale en produits finis de large consommation. La production annuelle moyenne est estimée à 21.000 tonnes, soit un taux de couverture des besoins domestiques de 60%.
Dégâts
Les importations ayant enregistré une forte progression depuis 2018, le tissu productif national en a subi pleinement les conséquences. En effet, le taux d’importation de ces produits d’origine égyptienne par rapport aux importations globales est passé de 59% en 2018 à 72% en 2022. Ce qui a engendré des dommages pour les industriels locaux.
Pire encore, certaines entreprises ont été contraintes d’arrêter leur activité entre 2020 et 2021, et la fabrication de deux marques locales a été suspendue (Mabrouka et La Chaîne). Par ailleurs, la part de marché des produits égyptiens est passée de 19,2% à 29,4% de la consommation nationale. Les opérateurs locaux craignent en outre que la situation ne s’aggrave.
D’après le président de la Fenagri, cette situation a contraint les producteurs locaux à pratiquer des tarifs de vente en dessous du coût réel de prix de revient à cause des cours pratiqués pour les produits importés d’Égypte qui sont largement en deçà de ceux des marques nationales, avec un écart qui ne cesse de se creuser d’année en année, passant de 13% à 35% de 2018 à 2022.
S’agissant de l’état d’avancement de l’enquête antidumping, El Eulj a précisé que le processus touchait à sa fin. Cependant, la fédération professionnelle envisage, en concertation avec les parties concernées, de faire valoir les mesures de défense commerciales prévues dans la loi 15-09, à même de défendre les intérêts de l’industrie agroalimentaire locale contre toute concurrence déloyale.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO