Textile: Les urgences pour la mise en conformité du secteur (VIDEO)
Afin de décortiquer le passage de l’industrie textile marocaine du linéaire au circulaire, une conférence-débat a été organisée en marge du salon Maroc in Mode (MIM), par le Groupe Horizon Press en partenariat avec la Société financière internationale (IFC), sur le thème de la circularité dans l’industrie textile au Maroc.
Deux panels d’experts nationaux et internationaux de haut niveau ont analysé les moyens par lesquels les acteurs locaux peuvent se préparer à cette nouvelle donne et répondu aux questions des participants. À noter dans ce sens qu’une étude thématique a été réalisée par IFC, sur le thème «Du linéaire au circulaire : perspectives pour l’industrie marocaine du textile».
En ce qui concerne le Maroc, il est inéluctable que le secteur doit s’arrimer au train de la circularité. Fatima-Zahra Alaoui, directrice générale de l’AMITH le confirme : «l’urgence dans les objectifs du secteur textile marocain réside dans la mise à niveau. Ceci dans l’objectif de se préparer et d’anticiper les réglementations qui seront mises en place, qui in fine, si le secteur n’est pas prêt, seront des barrières à l’entrée de nos marchés traditionnels. L’industrie textile nationale est à 75% orientée à l’export. Cette mise en conformité est une nécessité pour assurer la durabilité de l’industrie».
Faut-il le rappeler, l’industrie textile est un des moteurs de l’économie marocaine. En 2021, elle représentait 15% du PIB industriel et 11% des exportations, et employait directement 200.000 personnes. L’Europe s’avère être aussi le premier client du pays, vers laquelle la majorité de la production est exportée. Selon les derniers chiffres officiels, pour les trois premiers trimestres de 2022, le Maroc aura exporté 3,8 milliards d’euros de textiles vers le bloc européen en 2022.
De son côté, Omar Cherkaoui, directeur recherche & développement au sein de l’École supérieure des industries du textile et de l’habillement (ESITH), confirme que la réglementation joue un rôle essentiel dans cette mise en conformité. Selon lui, «la réglementation demeure un repère sur lequel les acteurs du secteur devraient s’aligner. Toutefois, il y a toute une organisation en interne qui démarre à partir de l’amont, à travers un sourcing responsable pour aller ensuite vers la production. Ce processus intègre plusieurs phases, qui permettent d’optimiser la qualité du produit».
Si le Maroc parvient à se conformer à la réglementation de plus en plus contraignante de l’UE en matière de circularité et de durabilité, la Société financière internationale (IFC) estime qu’il pourra augmenter ses exportations vers l’Union et sa part de ce marché à mesure que les acheteurs modifient leurs stratégies d’approvisionnement et que les marques recherchent une plus grande proximité entre fournisseurs et magasins. «Le driver de la conformité du textile marocain est bien entendu la réglementation.
Au vu de son importante relation avec l’UE (60% des exportations), le Maroc va être, en effet, très attentif à la réglementation européenne. Les balises sont déjà posées, le Royaume joue un rôle important et spécial au vu de sa proximité avec l’Europe.
C’est un atout qui lui permet de gagner en puissance et de monter dans le train de la circularité», affirme Thomas Pellerin, responsable régional en charge de l’investissement chez IFC. Pour ce qui la concerne, l’AMITH a réalisé son évaluation du marché après que la pandémie de Covid-19 ait mis en évidence la vulnérabilité du secteur marocain du textile face à des chocs extérieurs violents.