Télécoms : la Covid-19 fait exploser les compteurs
Selon le dernier rapport d’analyse de l’ANRT, l’Internet mobile représente 93,84% du total des accès au haut débit. Ce qui fait des opérateurs mobiles les principaux moteurs de la croissance économique et de l’inclusion numérique. Le même rapport du régulateur révèle une explosion de la bande passante Internet internationale, du trafic data et fixe. La baisse de l’usage moyen sortant sur le mobile et le fixe est aussi constatée. Décryptage.
À fin décembre 2020, la bande passante Internet internationale a enregistré une hausse annuelle de 27,26%, atteignant 2.507 GB. Les trafics data et fixe ont suivi la même tendance. Dans le mobile, le régulateur du secteur Télécom enregistre une hausse de 155% pour dépasser 8 millions de Go. Quant au fixe, il grimpe de 56% par rapport à 2019, atteignant 13,23 millions de Go. Ces chiffres sont révélés par la dernière analyse des marchés des télécommunications de l’observatoire de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Autre élément à souligner, la prédominance de la data se fait de plus en plus au détriment de la voix classique au niveau de la téléphonie fixe, des appels sortant des abonnés de la téléphonie mobile, ou encore des SMS. Chez les opérateurs Telecom, la baisse des revenus s’accentue au fil des années. Dans le détail, le parc Internet enregistre une hausse annuelle de 17,4%, totalisant plus de 29,80 millions d’abonnés. Ce qui porte le taux de pénétration d’Internet à 82,9%. Il est principalement tiré par l’Internet mobile, notamment la 4G qui enregistre une hausse annuelle de 30,34% pour totaliser plus de 20,49 millions de connectés à fin décembre 2020. L’Internet mobile «voix+data» enregistre également une hausse annuelle de son parc de près de 17% pour s’établir à 27,45 millions d’abonnés.
Globalement, le parc Internet mobile enregistre une hausse annuelle de 17,17%, atteignant plus de 27,74 millions de connectés, très loin devant l’ADSL dont le parc atteint à peine 1,6 million à fin décembre 2020. Il est toutefois à déplorer que 55,33% des accès ADSL ont un débit inférieur ou égal à 4 MB/s. Ce qui est insuffisant et à la limite de l’inconfortable dans le contexte actuel de crise sanitaire où Internet prend de plus en plus de place dans le quotidien des usagers (télétravail, visioconférence, réservation en ligne…). De son côté, le parc des liaisons Data entreprises a lui aussi enregistré une hausse annuelle de 11,62%, pour totaliser 33.833 lignes. Par technologie, ce parc se compose de 86,99% de «VPN-IP», 7,45% de «LAN to LAN» et de 5,56% de «Liaisons Louées».
Internet prend de plus en plus de place
Selon Ariase, un courtier spécialisé dans la vente d’offres Internet et de forfaits mobiles, pour une personne qui n’utilise Internet qu’avec parcimonie, qui regarde la télé en TNT, 8 Mb/s s’avèrent suffisants. Mais de nombreux ménages auront besoin de plus de débit pour satisfaire tous les utilisateurs, sachant qu’on y trouve aujourd’hui plusieurs écrans, sans parler de l’irruption de la crise sanitaire. Le télétravail et les cours à distance sont ainsi venus s’ajouter à un ensemble d’usages connectés à la maison pour lesquels un débit de 8 Mb/s se situe à la limite de l’inconfortable. Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur les débits minimum pour un certain nombre d’usages : 2 Mb/s en basse qualité, pour regarder la télévision via Internet, 5 à 6 Mb/s en haute qualité (HD). 3 Mb/s en définition standard (SD), pour regarder Netflix, 5 Mb/s en HD. De 5 à 15 Mb/s selon les plateformes de jeux vidéo en ligne. Bien entendu, avec les 25 Mb/s requis, l’ultra-HD est hors de portée pour ces utilisations. Impossible, donc, de regarder un film en 4K ou de jouer dans cette qualité sans une connexion Très haut débit, de préférence en fibre optique. Parlant de fibre optique, le parc FTTH, de l’anglais Fiber to the Home, est en hausse de près de 79,84% par rapport à 2019, pour atteindre près de 218.000 abonnés. Ce qui est infime et représente à peine 0,73% du parc Internet global. Qu’en est-il du débit pour les applications de visioconférence ou de télétravail ? Comptez 1,5 Mb/s pour des appels vidéo HD sur Zoom, et c’est le même tarif sur Skype. Ce dernier précise néanmoins que le débit nécessaire augmente en fonction du nombre de participants à une visioconférence : jusqu’à 8 Mb/s s’il y a 7 participants.
Baisse des revenus sur le mobile et le fixe.
Le parc mobile atteint 49,42 millions d’abonnés dans les réseaux (2G/3G/4G) enregistrant une hausse annuelle de 5,90%, soit plus de 2,7 millions d’abonnements. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile s’élève, quant à lui, à 137,5% à fin décembre 2020. Dans le détail, le prépayé s’établit à 43,94 millions d’abonnés, enregistrant une hausse annuelle de 4,73%. Du côté du postpayé, le nombre d’abonnés est aussi en hausse de 16,32% sur une année, soit plus de 768.000 abonnements, pour un total de 5,48 millions d’abonnés. Avec un trafic sortant de 55,68 milliards de minutes en 2020, l’usage moyen sortant mensuel est en baisse de 3,24%, passant globalement de 103 minutes à fin 2019 à 99 minutes en 2020. Rappelons que le revenu moyen (ARPM) du mobile s’élève à 20 centimes la minute. Dans le détail, la baisse de l’usage moyen sortant est plus forte pour le postpayé (22 minutes) contre une baisse de 8 minutes enregistrée chez l’abonné prépayé. La tendance baissière du trafic sortant n’épargne pas les SMS, qui enregistrent une baisse annuelle de 29,44%. De son côté, le parc fixe s’établit à 2,3 millions d’abonnés enregistrant une hausse annuelle de 14,74% (soit plus de 303.000 abonnements). Le taux de pénétration s’établit à 6,56% contre 5,77% une année auparavant. Cependant, l’usage moyen sortant mensuel par client fixe atteint 73 minutes à fin 2020 contre 87 minutes à fin 2019. Cette tendance baissière consacre la prédominance de la data et l’abandon progressif de la voix classique, malgré que l’année 2020 ait été marquée par 9 mois de pandémie.
Facebook supprime 385 comptes opérant au Maroc
Parmi les canaux de communication les plus privilégiés par les Marocains figurent les réseaux sociaux. À ce propos, Facebook vient de publier son rapport sur les comptes «malveillants» ou les efforts coordonnés visant à manipuler le débat public dans un but stratégique. Dans ce type de manœuvres, les faux comptes sont au cœur de l’opération. Ainsi, 385 comptes Facebook ont été supprimés, 6 pages et 40 comptes Instagram pour avoir violé sa politique contre les comportements inauthentiques coordonnés. D’autres réseaux ont été supprimés en Thaïlande, Iran, ou encore en Russie. Selon Facebook, les réseaux visant le public national étaient principalement originaires du Maroc. Les personnes à l’origine de ce réseau utilisaient de faux comptes – dont certains avaient déjà été détectés et désactivés par ses systèmes automatisés – de publier dans plusieurs groupes à la fois pour faire paraître leur contenu plus populaire qu’il ne l’était. Ils utilisaient aussi fréquemment ces comptes pour commenter les nouvelles et les articles pro-gouvernementaux de divers organes d’information, dont ChoufTV.
Les personnes à l’origine de cette activité ont publié des messages et d’autres contenus principalement en arabe et en français sur les nouvelles et les événements actuels au Maroc. Toujours selon Facebook, ces comptes ont également fréquemment affiché des critiques sur les organisations des droits de l’Homme et les dissidents. Ce réseau a été décelé après avoir examiné les informations sur une petite partie de cette activité dans la région, partagées par Amnesty International. «Lorsque nous découvrons des campagnes nationales et non-gouvernementales comprenant des groupes de comptes et des pages qui cherchent à induire les gens en erreur sur leur identité et leurs activités tout en s’appuyant sur de faux-comptes, nous retirons les comptes, pages et groupes non-authentiques et authentiques directement impliqués dans cette activité», explique Facebook.
Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco