Selon le HCP, l’endettement au Maroc est à des niveaux « gérables »
L’endettement du Maroc reste à des niveaux « gérables » et des solutions sont possibles pour réduire son poids sur le potentiel de croissance, a affirmé le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami.
« L’endettement des Etats est le lot aujourd’hui de tous les pays. Le nôtre reste, selon nous, à des niveaux encore gérables. Des solutions sont possibles pour en réduire le poids sur notre potentiel de croissance ou tout au moins d’en innover, dans ce sens, le mode de gestion », a dit Lahlimi dans l’introduction du Budget économique exploratoire 2022 qui vient d’être publié par le Haut-Commissariat au plan (HCP).
« Nous souhaiterions qu’un débat soit ouvert sur cette question, à notre avis, plus que jamais d’actualité », a-t-il poursuivi.
Lahlimi a, en outre, fait remarquer que dans ce contexte parmi les plus compliqués que le monde ait connu, le Maroc a su, avec les Hautes Directives Royales, inscrire dans une sereine souveraineté la défense de ses intérêts supérieurs et conforter son poids spécifique sur la scène internationale grâce aux prérogatives régaliennes ayant présidé au nouveau dynamisme que connaît, sur le plan institutionnel, la mise en œuvre des institutions et mécanismes prévus par la Constitution de 2011 et notamment celles à vocation participative et, sur le plan économique, une politique publique plus volontariste de diversification industrielle de l’économie nationale.
« Le lancement par Sa Majesté Le Roi du grand projet industriel de fabrication des vaccins revêt la dimension d’une initiative emblématique de ces prérogatives régaliennes. Sa portée va au-delà de ses objectifs propres. Il se présente comme s’il était le modèle de ce que doit être le contenu du concept de souveraineté économique auquel le message Royal l’a associé », a-t-il précisé.
Par la diversité politique et internationale des partenaires dans la joint-venture appelée à réaliser ce projet, ce concept, loin de renvoyer à une notion d’autosuffisance, est plutôt un appel à des politiques publiques dont la décision, toujours souveraine, devrait s’inscrire dans une ouverture sur le monde et une prise en compte de la solidarité régionale et des rapports Sud-Sud, a expliqué Lahlimi.
Dans sa dimension opérationnelle, a-t-il soutenu, ce concept implique le retour en force de l’Etat. « Un Etat fort de sa légitimité historique, populaire et constitutionnelle. Toujours stratégique. Toujours régulateur. Mais plus résolument développeur. Initiateur de partenariats avec les capitaux privés, nationaux ou internationaux, les collectivités territoriales et les organisations de la société civile dans des jointes-venture de toutes dimensions économique ou financière, dans le cadre d’une planification stratégique où l’exigence des réformes économiques et sociétales se nourrit des deux dimensions régalienne et démocratique ».
A cet égard, le Haut-Commissaire au Plan a estimé que le débat national autour du Nouveau Modèle de Développement (NMD), à partir de la réflexion menée par la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) devrait fort à propos inaugurer une mobilisation des forces vives de la Nation, pour s’ouvrir sur le Pacte national de développement auquel elles sont appelées à souscrire, en faisant un bon usage de ce concept de souveraineté économique et contribuer à doter la décennie 2020 des ressorts sociétaux d’un nouveau cycle de croissance économique et de prospérité sociale.
Les retombés d’un tel débat sauront apporter au nouveau cycle de croissance une réelle valeur ajoutée de nature participative, sociétale, psychologique et par là économique, a-t-il ajouté. Dans ce cadre, chaque institution nationale aura à contribuer à l’éclairage des politiques publiques pour la meilleure mise en œuvre possible des recommandations des travaux de la CSMD au cours des prochaines législatures.
« Le HCP, en ce qui le concerne, devrait focaliser ses travaux, en particulier, sur trois réformes à notre avis indispensables pour une inversion de la tendance baissière que connaît notre croissance potentielle, dont le rythme est passé de près de 4,8% en moyenne annuelle entre 2000 et 2008 à près de 3,3% entre 2009 et 2019 pour baisser à 1,4% en 2020 », a fait savoir Lahlimi. Ces travaux portent sur trois facteurs endogènes à l’origine de cette baisse qui plombe la productivité de l’économie nationale (La problématique de l’emploi et du chômage dans la période post-Covid, celle du secteur dit informel que nous préférons appeler « sphère informelle » en raison de sa transversalité sectorielle et celle de leur impact sur les inégalités sociales et territoriales au Maroc).
« Nous comptons, à la rentrée, inviter à un débat que nous souhaitons national autour de ces travaux, en espérant ainsi apporter une contribution supplémentaires aux analyses de quelques recommandations du NMD », a dit Lahlimi.
Par ailleurs, il a indiqué que « l’analyse dans sa globalité de la situation dans notre pays en 2020 et les perspectives de son évolution en 2021, par-delà les données économiques fournies par ce traditionnel Budget Exploratoire que nous présentons à l’instar des autres années et qui porte dans sa version actuelle les stigmates de la terrible pandémie covid-19, nous enclinent à maintenir notre préjugé favorable pour la prochaine décennie et ce, malgré la complexité singulière du contexte économique et sanitaire international sur lequel elle s’ouvre ».
Le Budget exploratoire économique présente une révision de la croissance nationale en 2021, ainsi que les perspectives pour l’année 2022. Il est de nature à permettre au nouveau gouvernement et aux décideurs de prendre conscience de l’évolution économique prévue en 2022.
Ledit budget constituera, ainsi, un cadre de référence pour la fixation d’objectifs économiques appuyés par d’éventuelles mesures à mettre en œuvre notamment, dans le cadre de la Loi de Finances 2022.