Séisme d’Al Haouz : le tourisme s’accroche

Face aux allégations de certains étrangers portant préjudice à la gestion marocaine du séisme, les opérateurs touristiques réagissent. L’industrie hôtelière se mobilise en effet pour mener une communication adaptée afin de rendre compte de la réalité de la situation. 

Il est tout à fait normal qu’un tremblement de terre engendre un sentiment d’effroi auprès de la population. L’ampleur du choc est telle que certains touristes, présents au Maroc cette nuit-là, ont été pris de panique et ont décidé de mettre fin à leur séjour. D’autres ont été influencés par la médiatisation négative propagée par certains supports concernant les secours apportés aux sinistrés, alors que la réalité est tout autre. Dès lors, un mouvement de solidarité s’est déclenché à telle enseigne que les opérateurs touristiques de Marrakech invitent les gens à se rendre dans le Royaume.

D’ailleurs, certains parmi eux ont affirmé que des annulations de réservations ont été enregistrées. Dans ce sens, le tour-opérateur international Intrepid Travel a très vite mis en place une cellule de gestion de crise, en communiquant auprès de ses marchés émetteurs, mais également auprès de ses voyageurs afin de les rassurer sur les moyens colossaux déployés par le gouvernement et le peuple marocain pour sortir de cette catastrophe naturelle sans précédent. Ce dernier atteste que cette communication positive a été confortée par de faibles taux d’annulation enregistrés par le bureau au Maroc. En effet, sur les 604 touristes sur place lors du séisme, seuls 16 ont écourté leur voyage. De plus, 518 d’entre eux sont présents actuellement dans le cadre de circuits organisés, du 13 au 22 septembre, sachant que le taux d’annulation attendu pour le mois d’octobre est de l’ordre de 5%.

Les actions à mener
Même son de cloche du côté des transporteurs touristiques. «Nous avons pu maintenir les circuits programmés durant les deux jours qui ont suivi le séisme. Juste après, nous avons réorienté les circuits initialement prévus dans les régions sinistrées. Certes, une baisse de régime est palpable, mais nous restons optimistes quant à la reprise. Ce nous rassure également, c’est le maintien des assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale dont 90% du parc est d’ores et déjà réservé. De plus, la générosité et la solidarité dont les Marocains ont fait preuve a ébloui à l’international, ce qui ne peut que s’impacter positivement sur l’image du pays», rassure Mohamed Bamansour, président de la Fédération nationale des transporteurs touristiques.

En revanche, l’activité demeurera morose durant ce mois de septembre. Des propos corroborés par d’autres acteurs de l’industrie touristique.

Pour Imane Rmili, présidente de la Fédération des restaurateurs touristiques, l’affluence a connu une baisse significative. «Nous nous attendons à ce qu’elle continue de diminuer ce mois-ci. Cette réaction est compréhensive, car les médias étrangers ont présenté l’image d’un pays dévasté. Cependant, petit à petit, les touristes qui arrivent partagent sur la situation réelle, ce qui encourage les autres à ne pas annuler leur séjour», se réjouit-elle. Néanmoins, les opérateurs attestent que la vie à Marrakech reprend son cours normal.

«Il faut signaler qu’immédiatement les travaux de déblaiement et de vérification des structures ont démarré. Nous constatons également que l’essentiel des infrastructures sont restées opérationnelles y compris l’aéroport, à l’exception de quelques établissements dans la médina. À partir de ce constat, des actions sont à mener dans l’urgence», insiste Nidal Lahlou, président délégué de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH).

Pour atténuer l’impact de cette propagande négative, les opérateurs touristiques envisagent de mener certaines actions. En plus de porter assistance à la population sinistrée, la FNIH compte se rapprocher des collaborateurs étrangers, tour-opérateurs et compagnies aériennes, pour les informer de la situation rassurante du pays afin qu’ils maintiennent leurs programmations. Dans la même perspective, il est question de préparer en collaboration avec l’ONMT une campagne de communication adaptée à ce genre de situation. Ils mènent également une réflexion pour essayer de trouver un moyen, à titre préventif, pour vérifier et confirmer la conformité des établissements touristiques de la ville. Des efforts seront aussi déployés pour mener à bien l’événement grandiose que la ville va connaître, celui du FMI et de la Banque Mondiale.

Flexibilité des compagnies
D’un autre côté, certains pays, à l’instar du Royaume-Uni, communiquent auprès des voyageurs, non pas pour les dissuader de se rendre au Maroc, mais pour s’assurer des conditions proposées par les opérateurs. Dans une communication officielle, le ministère des Affaires étrangères britannique ne déconseille pas de se rendre dans la région, mais conseille aux voyageurs de prendre l’attache de leur fournisseur d’hébergement/opérateur touristique pour confirmer les dispositions prises avant le départ en cas de perturbations ou de dommages résultant du tremblement de terre. Le ministère britannique confirme que les vols à destination et en provenance du Royaume-Uni fonctionnent normalement.

Par ailleurs, une compagnie aérienne a manifesté une certaine flexibilité. Etihad Airways propose un partage de code avec Royal Air Maroc, avec des vols passant par des villes européennes telles qu’Istanbul et Barcelone. La compagnie marocaine offre ainsi des changements de date gratuits aux clients qui voyagent jusqu’au 23 septembre. Idem pour British Airways Holidays qui a fait de même pour tous ceux qui voyagent à destination ou au départ de Marrakech au cours des deux prochaines semaines.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO