Maroc

Résidences universitaires : l’État ouvre 24 terrains aux investisseurs pour combler un déficit de 400.000 lits

Le ministère de l’Enseignement supérieur a lancé un appel à manifestation d’intérêt inédit pour mobiliser les opérateurs privés autour de la construction et de la gestion de résidences universitaires. Avec 24 parcelles stratégiquement situées, une convention de 30 ans renouvelable et un modèle de partenariat public-privé soutenu par des incitations fiscales et sociales, l’objectif est clair : réduire la pénurie chronique de logements étudiants et moderniser l’offre d’hébergement à l’horizon 2030.

Cap sur la résorption du déficit structurel en logements universitaires, évalué à plus de 400.000 lits à l’échelle nationale ! Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MESRSI) vient de publier un appel à manifestation d’intérêt (AMI) invitant les investisseurs privés et institutionnels à se positionner sur la construction et la gestion de nouvelles résidences universitaires.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte marqué par une forte pression démographique sur les campus, aggravée par l’essor des universités de proximité et l’élargissement de l’accès à l’enseignement supérieur. Dans de nombreuses villes, la pénurie de places en cités universitaires alimente le marché informel de la colocation et accroît la vulnérabilité sociale des étudiants issus de milieux modestes.

Un appel à projets structuré et attractif
Le règlement de l’AMI prévoit deux modalités de participation : soit à travers des projets sur foncier privé, soit via des investissements réalisés sur des terrains domaniaux mis à disposition par l’État. Au total, 24 parcelles de terrains publics ont été identifiées à travers le Royaume, allant de lots modestes de moins d’un hectare (comme à Oued Ed-Dahab) à de vastes superficies dépassant 18 hectares à Tanger-Assilah et 20 hectares à Larache.

Ces terrains stratégiquement situés, à proximité immédiate des campus, doivent permettre de développer des complexes modernes, dotés de chambres individuelles ou de studios, d’espaces collectifs, de restaurants universitaires, de salles de sport et d’accès gratuit à Internet. Le cahier des charges insiste également sur le respect des normes de sécurité et sur l’accessibilité pour les étudiants à mobilité réduite.

Un modèle de partenariat public-privé
Le ministère table sur une mobilisation du capital privé pour accélérer la cadence des constructions, tout en prévoyant des incitations fiscales et un accompagnement administratif. Les projets retenus bénéficieront d’une convention d’occupation temporaire du domaine public (OTDP) d’une durée de 30 ans, renouvelable, ainsi que de facilités en matière d’autorisations d’urbanisme.

L’objectif affiché est double. D’une part, améliorer l’égalité des chances en garantissant des conditions de vie dignes aux étudiants, et d’autre part, stimuler l’investissement dans un secteur à fort potentiel économique et social.

Pour les opérateurs privés, le modèle repose sur une rentabilité assurée par les loyers étudiants, avec un ciblage particulier des bénéficiaires inscrits au Registre social unifié (RSU), qui ouvrira droit à des subventions publiques.

Cartographie des besoins
La carte des terrains proposés illustre les disparités territoriales et la volonté de l’État de corriger le déséquilibre entre régions. Les grandes villes universitaires comme Fès, Kénitra, Nador, Béni Mellal ou Mohammedia figurent en bonne place, mais l’appel met aussi l’accent sur des centres émergents tels que Taroudant, Ouarzazate, Smara ou Laâyoune, reflétant une stratégie de couverture nationale. Car, derrière cet appel à manifestation d’intérêt, c’est une véritable cartographie nationale de l’effort public qui se dessine.

À Larache, le ministère a choisi de mettre à disposition la plus vaste parcelle : 20 hectares réservés à la construction de résidences étudiantes capables d’accueillir plusieurs milliers de jeunes. Plus au nord, 18 hectares à Tanger-Assilah traduisent la volonté de conforter la vocation universitaire de cette région devenue un pôle attractif.

Dans le Gharb, Kénitra se voit attribuer 12 hectares, dimensionnés pour répondre à la pression croissante autour de l’Université Ibn Tofaïl. En descendant vers le Sud, Ouarzazate bénéficie de 9 hectares, une initiative qui vise à renforcer l’attractivité de la ville au-delà de son rôle touristique, en la dotant d’une assise académique plus solide.

Sur le littoral, Mohammedia dispose de 7 hectares pour soutenir une population étudiante en plein essor, tandis qu’à Fès, 6,5 hectares viendront compléter une capacité d’accueil depuis longtemps saturée. L’effort ne se limite pas aux grands pôles.

D’autres villes comme Nador, Taourirt, Béni Mellal, Khouribga, El Jadida, Salé et Laâyoune verront la construction de résidences sur des terrains allant de 3 à 6 hectares, dimensionnés en fonction des besoins locaux. Certaines zones plus périphériques ne sont pas oubliées : à Smara, Guelmim ou Oued Ed Dahab, des parcelles de 1 à 3 hectares ont été identifiées pour offrir des solutions d’hébergement modernes aux étudiants des régions éloignées.

Cette répartition répond à la dynamique de régionalisation avancée et vise à renforcer l’attractivité des villes moyennes, en évitant la surconcentration des étudiants dans quelques métropoles. Les investisseurs intéressés devront présenter des projets conformes aux normes fixées, viables financièrement et capables d’absorber une partie significative du déficit. Si l’opération séduit le secteur privé, elle pourrait ouvrir la voie à un nouvel écosystème du logement universitaire, plus moderne, inclusif et durable, et redessiner le visage des campus marocains à l’horizon 2030.

Un modèle économique calibré pour séduire les investisseurs

Par l’appel à manifestation d’intérêt, le ministère ne cherche pas seulement à combler un déficit social. Il propose aussi aux investisseurs un modèle économique pensé pour garantir une rentabilité stable et prévisible. La clé repose sur un mécanisme hybride : d’un côté, les loyers étudiants constituent une source régulière de revenus, de l’autre, l’État introduit un filet de sécurité en subventionnant les bénéficiaires inscrits au Registre social unifié (RSU). Ce système vise à assurer un taux de remplissage élevé, tout en rendant les loyers accessibles aux étudiants issus de milieux modestes.

Pour les opérateurs privés, la convention d’occupation temporaire du domaine public, signée pour une durée de 30 ans renouvelable, offre la visibilité nécessaire pour amortir l’investissement sur le long terme. Les incitations fiscales et les facilités d’urbanisme viennent renforcer l’attractivité de l’offre, réduisant le risque lié aux lourdeurs administratives.

À cela s’ajoute un potentiel de diversification des revenus grâce aux services annexes : restauration, commerces de proximité, espaces sportifs ou coworking, autant de compléments qui participent à l’équilibre financier des projets. En somme, et au-delà de la logique financière, l’initiative s’inscrit dans un secteur à forte croissance, directement corrélé à la démographie estudiantine et au dynamisme universitaire du Royaume.

H.K. / Les Inspirations ÉCO



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