Indice mondial de liberté économique : le Maroc progresse à pas mesurés

Le Fraser Institute vient de publier son rapport annuel sur la liberté économique dans le monde. Le Maroc y figure à la 94e place, confirmant une progression timide face aux ambitions affichées par le Royaume. Ce décalage interpelle sur la réalité des réformes et les leviers à activer pour améliorer l’attractivité.
Le dernier rapport du Fraser Institute, référence internationale en matière de mesure de la liberté économique, dresse un panorama contrasté pour le Maroc. Classé 94e sur 165 pays avec un score de 6,38, le Royaume se situe dans une zone intermédiaire, loin des premiers de la classe mais au-dessus de plusieurs économies régionales.
L’indice, qui combine des critères tels que la taille de l’État, la stabilité monétaire, l’efficacité du système judiciaire, la liberté des échanges ou encore la réglementation, offre une grille de lecture utile pour apprécier le climat économique et institutionnel du pays.
Un classement qui reflète autant les acquis que les fragilités
Le rapport insiste sur le fait que la liberté économique ne se résume pas à la taille de l’État ou au volume de dépenses publiques. Elle repose également sur la protection des droits de propriété, l’accès à une monnaie stable, la fluidité des échanges internationaux et la capacité d’entreprendre sans excès de contraintes administratives.
Sur certains de ces aspects, le Maroc affiche des avancées notables. La politique monétaire menée par Bank Al-Maghrib assure une stabilité appréciée, avec une inflation maîtrisée autour de 2% et un régime de change progressivement plus flexible. De même, les réformes institutionnelles entreprises au cours des dernières années, qu’il s’agisse du nouveau Code de l’investissement ou de la digitalisation des services, visent à améliorer la transparence et l’attractivité du pays.
Pour autant, le rapport met en évidence des marges de progression. Les droits de propriété restent fragiles, la justice commerciale souffre encore de lenteurs, et les coûts réglementaires demeurent un frein pour certaines catégories d’entreprises.
L’analyse du Fraser Institute résume bien cette réalité en soulignant qu’«un gouvernement ne suffit pas à garantir la prospérité. La protection des droits de propriété, l’ouverture commerciale et la limitation des réglementations sont tout aussi essentielles». Le Maroc n’est pas un cas isolé puisque de nombreux pays émergents connaissent ce même paradoxe, une ambition affirmée de modernisation qui se heurte à la complexité de la mise en œuvre.
Entre ambitions nationales et réalité des indicateurs
À travers ses réformes, le Maroc affiche une volonté claire de renforcer son attractivité. Le Plan Maroc 2035, la réforme fiscale en cours et la multiplication des accords commerciaux témoignent d’une orientation stratégique qui cherche à positionner le pays comme hub industriel et logistique régional. Les investissements directs étrangers confirment d’ailleurs cet intérêt, en particulier dans l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables.
Toutefois, l’indice du Fraser Institute rappelle que la compétitivité repose autant sur les grands projets structurants que sur le fonctionnement quotidien des institutions. Plusieurs réformes déjà engagées pourraient contribuer à améliorer la position du Maroc. La modernisation de la justice économique et une meilleure protection des droits de propriété sont parmi les chantiers les plus attendus.
L’ouverture commerciale, notamment avec la ZLECAf, offre de nouvelles perspectives aux exportateurs, tandis que la réforme fiscale vise à alléger la charge des entreprises et à réduire le poids de l’informel. L’impact de ces mesures se mesurera dans le temps, à travers la capacité du pays à renforcer son attractivité et à consolider sa croissance.
Ce que disent les chiffres
Les données marocaines récentes apportent un éclairage complémentaire au classement du Fraser Institute. Selon le Haut-commissariat au plan, l’investissement public atteint encore plus de 200 milliards de dirhams en 2025, confirmant le rôle structurant de l’État dans l’économie.
Bank Al-Maghrib observe pour sa part une inflation stabilisée autour de 2%, tout en poursuivant la flexibilité graduelle du dirham, un élément directement lié à la stabilité monétaire mise en avant dans le rapport. Le ministère de l’Investissement souligne quant à lui une progression continue des flux d’IDE, principalement orientés vers l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables.
Ces évolutions témoignent d’un pays en transition, où les réformes engagées commencent à porter leurs fruits même si leur impact sur la liberté économique globale reste encore mesuré.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO