Sécurité : la fabrique d’un modèle global

Partenariats avec les plus grands, leadership africain confirmé, organisation du plus prestigieux sommet mondial de la police : la dynamique sécuritaire marocaine, impulsée par le Roi Mohammed VI et incarnée par Abdellatif Hammouchi, s’impose aujourd’hui comme un cas d’école, au Sud comme au Nord. Une trajectoire mûrie de longue date et qui place le Royaume à l’avant-garde de la lutte contre les menaces actuelles.
Du 4 au 7 novembre 2024, la ville de Glasgow a prêté ses murs au plus grand rassemblement mondial des services de police : l’Assemblée générale d’Interpol. Ce rendez-vous, que beaucoup considèrent comme un baromètre de la crédibilité et de la confiance internationales en matière de sécurité, a tourné à la démonstration de force tranquille pour le Maroc.
L’élection de Mohamed Dkhissi, directeur de la police judiciaire et chef du bureau Interpol à Rabat, à la vice-présidence pour l’Afrique, n’est pas une simple ligne honorifique au palmarès diplomatique du Royaume. Elle consacre un rôle de pivot africain dans la coordination sécuritaire contre le terrorisme, le crime organisé et les menaces hybrides liées aux technologies.
La désignation de Marrakech pour accueillir la prochaine AG d’Interpol en 2025 parachève le tableau. Le Maroc n’est plus seulement un partenaire, il devient une plateforme et un pôle d’expertise pour les polices du monde entier.
Une architecture d’alliances transcontinentales
Ce leadership africain ne sort pas d’un chapeau. Il est le fruit d’un patient maillage d’alliances et de coopération Sud-Sud. De la Côte d’Ivoire au Mali, du Sénégal au Tchad, le Maroc forme, équipe et conseille. Cette diplomatie sécuritaire silencieuse confère au Royaume un rôle de tuteur régional, et lui permet de jouer un rôle stabilisateur bien au-delà de ses frontières.
En février 2024, le général Michael Langley, patron de l’US Africom, l’a résumé sans détour : le Maroc est un «modèle» pour l’Afrique en matière de sécurité. Une reconnaissance qui résonne aussi dans les chiffres : rien qu’en 2024, le pôle Coopération internationale de la DGSN a traité plus de 6.400 dossiers d’échange d’informations et suivi l’exécution de dizaines de commissions rogatoires et extraditions. Autant d’indicateurs qui traduisent la confiance globale dont jouit l’appareil sécuritaire marocain.
Si le Maroc est un pilier en Afrique, il est surtout devenu un acteur global. Sur le flanc européen, la coopération policière maroco-espagnole est un modèle de fluidité opérationnelle. Centres communs d’échanges, neutralisation de réseaux de trafic de drogue ou d’immigration clandestine… Rares sont les semaines qui s’écoulent sans qu’une opération conjointe ne vienne témoigner de la qualité de la coordination entre Rabat et Madrid.
La France, elle, n’a pas hésité à solliciter l’appui marocain pour sécuriser les Jeux olympiques de Paris 2024. Et le Qatar a confié à des milliers de policiers marocains une part de la sécurité du Mondial 2022. Le même esprit de confiance irrigue la relation avec l’OTAN, dont le représentant spécial pour le voisinage Sud, Javier Colomina, qualifie le Maroc d’«acteur incontournable». Des capitales arabes aux Amériques, en passant par l’Europe, l’Asie, la Russie ou le Moyen-Orient, la carte d’influence sécuritaire du Maroc s’étend en réseau. Elle matérialise une diplomatie de terrain, fondée sur l’efficacité opérationnelle, la réciprocité et la fiabilité.
Hammouchi, l’artisan d’un système moderne et agile
Au cœur de cette dynamique, un homme : Abdellatif Hammouchi. Nommé en 2015 à la tête, à la fois, de la DGSN et de la DGST (une première au Maroc), cet homme de l’ombre est devenu le visage d’une gouvernance sécuritaire unique, à la fois moderne, adaptable et enracinée dans un socle de valeurs. Son action est vaste. Modernisation des équipements, professionnalisation et formation continue, ouverture sur la société (symbolisée par les Journées portes ouvertes), amélioration des conditions sociales des agents, féminisation des effectifs… Hammouchi a transformé la police marocaine en profondeur.
Mais c’est sur la scène internationale qu’il a imposé sa marque. En quelques années, il est devenu l’interlocuteur privilégié des agences de renseignement et des polices du monde entier, du FBI à la CIA, du BND allemand aux services français. Le fait qu’il ait reçu la médaille d’honneur de la police nationale française, ou encore la Légion d’Honneur, ou qu’il ait été décoré par plusieurs pays partenaires, témoigne d’une confiance peu commune.
La sécurité comme bien commun
L’une des forces de la «stratégie Hammouchi» est sa capacité à anticiper. La criminalité change, le Maroc s’adapte. Le terrorisme mute, le Maroc innove. La cybercriminalité explose, le Maroc déploie sa Stratégie nationale de cybersécurité à l’horizon 2030, tout en partageant son savoir-faire avec ses partenaires. La proactivité est devenue un principe cardinal.
À chaque nouveau risque, une doctrine. Et derrière les grands chiffres (réseaux démantelés, attentats déjoués), un travail patient de renseignement, de formation, de coordination technologique et de diplomatie. Sur le fond, l’approche marocaine s’écarte des doctrines purement défensives. La sécurité y est conçue comme un bien commun, national, continental, global. Quand, après le séisme d’Al Haouz, les forces de l’ordre se sont mobilisées pour secourir et protéger les sinistrés, cela résume bien la philosophie du modèle.
Protéger les citoyens ne s’arrête pas au contrôle de l’ordre public, mais intègre un volet humanitaire et social. Loin de se reposer sur ses lauriers, la machine sécuritaire nationale continue de se réinventer. L’accueil de la 93e assemblée générale d’Interpol, prévue à Marrakech du 24 au 27 novembre 2025, ne sera pas qu’un symbole.
Ce sera l’occasion, pour Rabat, de réaffirmer qu’au-delà des frontières sa doctrine sécuritaire est prête à contribuer à la stabilité d’un monde où les menaces sont de plus en plus globalisées et dématérialisées. Le Maroc façonne une réponse multiforme, ancrée localement, projetée régionalement, respectée mondialement. Une ligne de crête qui fait du Royaume un «hub» de sécurité souvent admiré, voire parfois jalousé.
Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO