Risques mondiaux : conflits armés, tensions économiques et polarisation au cœur des préoccupations
Le Forum économique mondial dresse un tableau sombre des risques mondiaux en 2025. Conflits armés, tensions économiques et polarisation sociétale dominent les préoccupations. Les experts anticipent une période d’instabilité accrue et appellent à une collaboration renforcée pour éviter une potentielle catastrophe planétaire.
Le Forum économique mondial vient de publier son Rapport sur les risques mondiaux 2025. Celui-ci révèle que les dirigeants mondiaux sont aux prises avec des divisions croissantes alors qu’ils s’efforcent de relever des défis urgents, notamment les conflits armés, les tensions économiques et la polarisation politique.
Le rapport, qui en est à sa 20e édition, s’appuie sur les points de vue de plus de 900 experts mondiaux. Il présente une perspective sombre pour les années à venir. Dans un contexte de guerres en cours, de tensions géopolitiques et de polarisation sociétale généralisée, le rapport constate que l’optimisme quant à la possibilité d’un avenir stable et prospère est en déclin.
La majorité des répondants (52%) prévoient un certain niveau d’instabilité et un risque modéré de catastrophes mondiales au cours des deux prochaines années, tandis que 31% supplémentaires s’attendent à des conditions encore plus turbulentes. Ce sentiment pessimiste se reflète dans la liste des principaux risques perçus comme étant les plus susceptibles de présenter une crise matérielle en 2025, les conflits armés entre États arrivant en tête de liste.
Les tensions géopolitiques et les conflits armés au premier plan
Le rapport souligne le rôle central des tensions géopolitiques dans l’aggravation de nombreux risques mondiaux, les conflits armés entre États étant la principale préoccupation des répondants. Cette constatation fait suite à une décennie qui a connu une augmentation du nombre de conflits armés à l’échelle mondiale, les considérations de sécurité nationale dominant de plus en plus les programmes gouvernementaux.
Le rapport met en garde contre le danger d’un unilatéralisme accru et l’affaiblissement des mécanismes multilatéraux de résolution des conflits, susceptibles d’entraîner une aggravation des crises humanitaires et de l’instabilité.
«Le monde est en proie à de multiples crises simultanées», a souligné Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial dans le rapport.
«Les conflits armés et les tensions économiques sont au premier plan des préoccupations des experts en risques, sur fond de désinformation et de mésinformation généralisées, ainsi que de dangers persistants liés aux phénomènes météorologiques extrêmes et à la polarisation de la société», a-t-elle précisé.
Le rapport met en lumière les risques d’escalade des conflits en cours, en particulier en Ukraine et au Moyen-Orient, et met en garde contre les retombées potentielles sur les économies voisines et les relations internationales. Il souligne également le risque d’une fragmentation accrue du système multilatéral, les gouvernements donnant la priorité aux intérêts nationaux plutôt qu’à la coopération mondiale.
Incertitudes économiques et polarisation sociétale
En plus des risques géopolitiques, le rapport met l’accent sur les incertitudes économiques et la polarisation sociétale comme des défis majeurs pour l’avenir. Bien que les préoccupations concernant la récession économique et l’inflation aient quelque peu diminué par rapport à l’année dernière, les perspectives économiques générales restent sombres.
Les répondants ont exprimé des inquiétudes quant à la possibilité d’une nouvelle escalade des tensions commerciales et d’une fragmentation de l’économie mondiale, ce qui pourrait entraîner une volatilité accrue et entraver la croissance. La polarisation de la société, alimentée par la désinformation et l’érosion de la confiance dans les institutions, est un autre risque clé identifié dans le rapport.
La propagation de fausses informations, amplifiée par les progrès de l’intelligence artificielle (IA), est considérée comme une menace importante pour la stabilité sociale et les processus démocratiques. Le rapport met en garde contre le potentiel de l’IA à exacerber les fractures sociétales existantes et à saper la confiance du public dans les sources d’information.
«L’érosion de la confiance, la polarisation croissante de la société et l’accélération des progrès technologiques créent un environnement propice à la propagation de la désinformation et de la mésinformation», a déclaré Zahidi.
Elle considère que «cela peut alimenter les troubles civils, les conflits et un manque de confiance généralisé dans les institutions et les processus démocratiques».
Les risques environnementaux : d’une préoccupation à long terme à une réalité urgente
Le rapport souligne la gravité croissante des risques environnementaux, qui ont constamment été classés parmi les principales préoccupations à long terme au cours des deux dernières décennies.
Les phénomènes météorologiques extrêmes, la perte de biodiversité et les changements critiques apportés aux systèmes terrestres sont considérés comme les risques les plus graves auxquels l’humanité est confrontée au cours des dix prochaines années.
Les répondants ont exprimé une inquiétude particulière quant à l’accélération du rythme du changement climatique et à ses impacts potentiels en cascade sur les écosystèmes, les économies et les sociétés.
Le rapport souligne le besoin urgent d’une action mondiale concertée pour atténuer les risques environnementaux et passer à un avenir plus durable.
Les risques technologiques demeurent «sous le radar»
Alors que les risques technologiques, tels que les résultats défavorables des technologies d’IA, sont moins bien classés dans les perspectives à court terme, le rapport met en garde contre la complaisance, compte tenu de la nature rapide du changement dans le domaine de l’IA et de son omniprésence croissante.
Le rapport souligne le rôle de l’IA générative dans la production de contenu faux ou trompeur à grande échelle et la façon dont cela se rapporte à la polarisation de la société. Le rapport examine également les risques émergents dans le domaine de la biotechnologie, suralimentés par l’IA.
Sur un horizon temporel de dix ans, des risques de faible probabilité et à fort impact existent, notamment la violence intra-étatique due au terrorisme biologique et les résultats défavorables des technologies de pointe impliquant une mauvaise utilisation accidentelle ou malveillante des technologies d’édition génétique, ou même des interfaces cerveau-ordinateur.
Appel à l’action et à la collaboration
Malgré les perspectives sombres, le rapport souligne qu’il est encore temps d’agir pour atténuer les risques identifiés et construire un avenir plus résilient. Il appelle à une collaboration accrue entre les gouvernements, les entreprises et la société civile pour relever les défis communs et renforcer les mécanismes de gouvernance mondiale.
Le rapport souligne le rôle essentiel du leadership visionnaire et de l’engagement multipartite dans la recherche de solutions aux problèmes mondiaux complexes. Il souligne la nécessité de renforcer les institutions multilatérales, de promouvoir le dialogue et la coopération et d’investir dans des initiatives qui renforcent la résilience et la durabilité.
«Le monde est confronté à un ensemble de risques interconnectés qui menacent de déstabiliser les sociétés et les économies», a précisé Zahidi.
Elle a également appelé à ne pas faire preuve de complaisance ou de pessimisme, mais plutôt à travailler ensemble, avec un sentiment d’urgence et d’objectif commun, pour atténuer ces risques et construire un avenir meilleur pour tous.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO