Maroc

Réforme des retraites : les pistes de solutions du gouvernement

Le gouvernement devrait présenter, dans les prochains jours, sa réforme des retraites. Au-delà des solutions urgentes pour éviter la faillite de certaines caisses, notamment dans le public, il devrait aussi être question de solutions à long terme. Explications.

C’est une patate chaude que les différents gouvernements ont tendance à se refiler ou se contenter de mesurettes, mais l’actuel Exécutif n’entend apparemment pas terminer son mandat sans une solution pérenne. La réforme des retraites, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, revient sur le devant de la scène, depuis que la ministre de l’Economie et des finances a récemment déclaré au Parlement que le gouvernement allait dévoiler ses premières propositions sur ce dossier. Depuis ces déclarations de Nadia Fettah Alaoui, le 30 décembre dernier, tous les acteurs concernés sont dans l’expectative.

Pour l’heure, aussi bien du côté du patronat que des syndicats, on affirme ignorer le contenu de la mouture que le gouvernement devrait présenter, à l’heure où le projet de loi organique sur le droit de grève enflamme les relations entre l’Exécutif et les partenaires sociaux que sont les centrales syndicales.

Solutions d’urgence ?
Selon certaines indiscrétions, il serait question, parmi les solutions envisagées, de procéder en deux étapes : la première va gérer les urgences, pour éviter une faillite de certaines caisses de retraites, alors que la seconde interviendra par la suite, afin d’assurer la viabilité de ces régimes.

Ainsi, parmi les propositions attendues, c’est de retarder, aussi bien dans le public que le privé, le départ à la retraite à 65 ans, ainsi que d’augmenter les taux de cotisation. De quoi permettre, selon le gouvernement, de sauver ce qui peut l’être avant la date fatidique de 2028, année à laquelle une certaine Caisse marocaine des retraites (CMR) risque de tomber en faillite. Pas sûr que ces mesures fasse l’unanimité et obtiennent la bénédiction des partenaires sociaux, à l’heure où tous semblent épuisés par la conjoncture actuelle, surtout que l’inflation et la cherté de la vie réduit le pouvoir d’achat.

Elargir l’assiette des cotisations
Sachant que chaque année de retard pris dans la résolution de ce dossier coûte 20 MMDH, l’urgence est là et le gouvernement sera appelé à trouver des solutions consensuelles. Face à cette situation, il sera intéressant de voir comment le gouvernement et les partenaires sociaux pourront trouver cette solution consensuelle.

Il faut rappeler qu’aussi bien la Cour des comptes que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) se sont largement intéressés à la question, et préconisent plusieurs pistes de solutions, que le gouvernement n’a certainement pas manqué d’intégrer dans son schéma. A cela devait s’ajouter les conclusions du comité ad hoc présidé par la ministre de l’Economie et des finances.

Pour certains économistes, et même chez le patronat, on estime qu’un premier pas sera accompli si le gouvernement réussit à trouver les véritables pistes menant à l’élargissement de l’assiette des cotisations, en incluant par exemple le secteur informel.

Situations financières des caisses
En attendant, il est important de noter que la situation des caisses de retraites diffère d’un régime à l’autre. Le cas le plus critique est certainement celui de la CMR, avec un déficit technique de 9,8 MMDH en 2023 et qui devrait s’aggraver au terme du bilan de l’année 2024. Comme souligné plus haut, au rythme actuel, la CMR risque la faillite dès 2028 si rien n’est fait.

Le Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR) patauge également dans un déficit estimé 4,7 MMDH en 2023. Ce régime attend également une intervention urgente. A l’opposé, dans le privé, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) dispose encore d’une décennie avant de se retrouver dans la situation actuelle des autres caisses du secteur public. Puisqu’elle pourra continuer d’assurer ses prestations sans tomber dans le déséquilibre jusqu’en 2038, mais doit gérer la hausse des pensions de retraites et des prestations servies.

Aujourd’hui, on estime que 4 salariés y cotisent pour 1 retraité. Enfin, quant à la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR), elle est aussi pour le moment épargnée par les risques de faillite qui guettent la CMR et le RCAR.

En 2023, ses indicateurs financiers étaient rassurants, avec un excédent d’exploitation de 7,38 MMDH, et surtout un portefeuille de placements estimé à 91,75 MMDH. Enfin, notez que l’ensemble des réserves des différentes caisses de retraites sont estimées à 318 MMDH… De quoi permettre de financer l’économie et de les rentabiliser, à condition de faire les bons investissements.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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