Maroc

Réforme de l’enseignement : Amzazi épinglé

Aucun texte relatif à la réforme du système éducatif n’a été soumis au parlement alors qu’il reste moins d’un an et demi avant la fin de l’ultimatum de trois ans fixé par la loi-cadre. La première fournée des textes est en cours de validation au sein du gouvernement, selon le ministre de tutelle qui a été épinglé par les députés de la commission de l’enseignement sur ce retard législatif.

Presque deux ans se sont écoulés depuis que la loi-cadre de l’éducation et de la formation a franchi le cap de l’institution législative. Jusque-là, aucun texte d’application n’a été adopté par le Conseil de gouvernement et transféré au parlement. Pourtant, il reste moins d’un an et demi pour assurer la mise en œuvre de l’ensemble des dispositions de cette loi cadre, qui impose au gouvernement un délai de trois ans pour adopter les textes d’application. Une obligation que vient de rappeler le député du PJD, Hassan Adili, au ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saaid Amzazi. Cette lenteur déteint, en effet, sur la mise en œuvre de la très attendue réforme du système éducatif qui continue d’être minée par plusieurs dysfonctionnements. À cet égard, les parlementaires tant de la majorité que de l’opposition n’y vont pas avec le dos de la cuillère. « On débat toujours des mêmes problèmes, des mêmes défis, des mêmes contraintes auxquels fait face notre système éducatif », pour reprendre l’expression de la députée du groupe parlementaire du Rassemblement constitutionnel, Khadija Ziani. L’accélération de la cadence s’impose donc pour implémenter les dispositions de la loi-cadre avant la fin du mandat gouvernemental qui tire vers sa fin.

Les textes en cours d’adoption
Comment expliquer le retard abyssal sur le plan législatif, malgré les multiples engagements du ministre de tutelle ? Amzazi se défend, précisant que la première fournée des textes est déjà fin prête, mais nécessite l’aval d’autres « partenaires » , en clair d’autres départements ministériels. « Nous travaillons dans le cadre d’une coordination gouvernementale. Ce n’est pas l’affaire d’un ministre uniquement, mais celle du gouvernement », précise-t-il. Les premiers textes sont en cours d’adoption. Certains sont entre les mains du Secrétariat général du gouvernement, qui devra se prononcer sur leur habillage et conformité juridiques. D’autres textes, quant à eux, sont au niveau du ministère de l’Économie et des finances, qui devra donner son feu vert pour leur montage financier. Un vrai imbroglio, surtout dans le contexte actuel, marqué par les répercussions de la crise sanitaire sur les recettes de l’État. Le financement constitue, en effet, l’un des défis majeurs pour la mise en œuvre de la réforme laquelle nécessite la mobilisation de financements suffisants, permanents mais aussi diversifiés. L’implémentation de la réforme nécessite, annuellement, un montant additionnel au budget du secteur estimé à 10 milliards DH alors que le Budget 2021 du département de tutelle n’a pas augmenté, contrairement aux attentes. Le gouvernement est appelé à réfléchir à l’implication de plusieurs partenaires, comme les collectivités territoriales qui, dans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation et de la déconcentration, doivent jouer un rôle important en matière de gestion du système éducatif et de son financement, à l’instar de ce qui est fait sous d’autres cieux. C’est de cette manière que l’on pourra mettre en place l’égalité des chances escomptée qui a été soulevée par plusieurs parlementaires.

Corriger les dysfonctionnements
Malheureusement, le système actuel ne favorise pas cette équité et laisse pour compte de nombreux élèves, notamment dans le milieu rural. C’est à ce dysfonctionnement, entre autres défis, que la réforme en vue devra mettre fin. Mais, quand sera-t-elle effective ? Certaines dispositions d’ordre organisationnel ont été entamées sur le terrain, comme la mise en place du projet d’établissement. Sur le volet législatif, les décrets peuvent rapidement entrer en vigueur car il suffit qu’ils soient adoptés en Conseil de gouvernement, alors que les projets de loi risquent de trainer puisqu’ils doivent passer par les deux chambres du parlement. Parmi les projets qui figurent en tête des priorités du plan législatif de la réforme du système de l’éducation et de la formation, figure le texte portant sur l’enseignement scolaire qui va englober la loi-04-00 concernant l’obligation de la scolarité, la loi 05-00 portant sur la généralisation d’un préscolaire de qualité et la loi 06-00 relative à l’enseignement privé. D’autres textes sont aussi dans le pipe, telle la révision du cadre juridique de la formation professionnelle et celui de l’enseignement supérieur, l’amendement de la loi n° 07-00 créant les académies régionales d’éducation et de formation pour que ces entités puissent jouer pleinement leur rôle sur les plans régional, provincial et locale…

Quid de l’année scolaire en cours ?

Les députés affichent leurs craintes quant au déroulement de l’année scolaire en cours. Le ministre de tutelle n’a pas répondu à certaines interrogations parlementaires à cet égard, à commencer par une question très attendue par les élèves des niveaux certificatifs et diplômants, notamment ceux du baccalauréat: va-t-on changer le référentiel des examens certificatifs en vue de les adapter au contexte actuel marqué par l’adoption d’un modèle mixte, par alternance (présentiel et auto-apprentissage) ? Les rythmes d’enseignement changent d’un établissement à un autre. Certains professeurs adoptent un rythme accéléré alors que d’autres ont opté pour le rythme normal. L’enseignement à distance qui a été mis en place l’année dernière a été remplacé par l’auto-apprentissage qui s’avère difficile, notamment pour les élèves dont les parents n’ont pas les compétences nécessaires pour les accompagner au niveau scolaire ou les moyens pour leur payer les cours de soutien scolaire.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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