Projets ferroviaires : la métamorphose ferroviaire de Casablanca en marche

La région de Casablanca-Settat, moteur économique du Maroc, s’engage dans un programme ferroviaire de 20 MMDH, intégré à un plan national de 96 MMDH, pour redéfinir sa mobilité et son développement. La métropole casablancaise, où se déploient actuellement les travaux de la nouvelle Ligne à grande vitesse (LGV) Kénitra-Marrakech, connaitra ainsi un second cycle de développement. Celui-ci englobe l’extension de la LGV, la construction de trois gares majeures et 10 gares de proximité, ainsi que l’acquisition de 48 trains neufs d’ici 2029.
Véritable poumon économique du Maroc, la région de Casablanca-Settat et son aire métropolitaine, forte de 7,65 millions d’habitants et générant 32,2% du PIB national, sont engagées dans une phase de transformation accélérée. Au cœur de cette dynamique, un vaste projet ferroviaire vise à métamorphoser le paysage urbain et à transformer radicalement la mobilité.
Cette ambition s’est concrétisée par le lancement, mercredi 24 septembre, par le Roi Mohammed VI de projets ferroviaires structurants, évalués à 20 milliards de dirhams (MMDH), spécifiquement pour la zone métropolitaine. S’inscrivant dans un programme national global de 96 MMDH, cette somme représente une contribution majeure au développement urbain intégré de la métropole.
À l’instar d’autres investissements structurants, comme la restructuration et l’inauguration récentes du Complexe portuaire de Casablanca par le Souverain (5 MMDH), cette initiative royale transcende la simple modernisation infrastructurelle. Elle devient un levier stratégique de développement, d’inclusion sociale et de dynamisme économique.
Ses répercussions sur la mobilité et les déplacements quotidiens des citoyens et usagers seront palpables. Cet effort est complété par un investissement massif de l’ONCF dans des projets visant à augmenter la capacité ferroviaire entre Kénitra et Marrakech, en prévision des échéances nationales de 2030.
Casablanca au carrefour de la LGV Kénitra-Marrakech
En tant que hub métropolitain, la capitale économique est au cœur des travaux de la nouvelle Ligne à grande vitesse Kénitra-Marrakech (430 km), lancée par le Souverain en avril dernier. Ce projet amorcera un second cycle de développement.
D’une part, l’extension de la LGV Kénitra-Marrakech (la ligne Al Boraq a déjà transporté 5,5 millions de voyageurs en 2024) permettra une interconnexion fluide des principaux pôles économiques du Royaume. D’autre part, elle libérera de la capacité sur la ligne conventionnelle existante, favorisant ainsi le développement de trains métropolitains de proximité pour les agglomérations de Rabat, Casablanca et Marrakech.
Cette dynamique s’accompagne d’un investissement progressif dans de nouvelles infrastructures ferroviaires, l’acquisition de 110 rames automotrices destinées aux transports régionaux et métropolitains de proximité, et la construction de nouvelles gares, tout en développant l’écosystème de l’industrie ferroviaire nationale. Pour la métropole de Casablanca, les projets, financés à 70% par l’ONCF et 30% par la Région, incluent, en partie, la construction de trois grandes gares de nouvelle génération.
Il s’agit de la gare de «Casablanca-Sud» (arrondissement Hay Hassani), conçue pour accueillir 12 millions de passagers par an et desservir les LGV «Al Boraq», les trains de grandes lignes, les trains métropolitains de proximité, les trains régionaux et l’aéro-express reliant Casa-Port à l’aéroport Mohammed V.
Cette gare sera un hub intermodal stratégique, offrant des correspondances fluides avec le tramway, les bus à haut niveau de service, les bus conventionnels et les taxis. La deuxième gare est celle du «Grand Stade Hassan II» à Benslimane (450 MDH), qui pourra accueillir jusqu’à 12 millions de passagers annuels, ainsi que la nouvelle gare de l’Aéroport international Mohammed V (300 MDH), prévue pour 5 millions de passagers par an. Pour les habitants, cela signifie l’émergence de nouveaux pôles d’activité, la revalorisation de quartiers et la création d’emplois liés non seulement à la construction et à l’exploitation des gares, mais aussi aux services et commerces qui s’y développeront.
Dix nouvelles gares de Trains métropolitains de proximité
Outre ces trois gares de nouvelle génération, dont la réalisation est prévue en 24 mois, le projet ferroviaire de Casablanca inclut la requalification et l’adaptation de cinq autres gares existantes. À cela s’ajoutent 260 km de nouvelles voies ferrées, la construction et l’élargissement de 50 ouvrages d’art, la création de deux techni-centres (notamment à Zenata et Nouaceur) et de cinq ateliers de maintenance.
Outre l’acquisition de 48 nouveaux trains pour les services de proximité et régionaux, le plan prévoit la construction de 10 nouvelles gares de Trains métropolitains de proximité (TMP) pour un coût de 625 MDH. Ces gares (Mohammedia-Les Facultés, Zenata, Sidi Bernoussi, Ain Sebâa, Hay Mohammadi, Ville Nouvelle, Mers-Sultan, l’Oasis, Sidi Maârouf et Nouaceur) sont conçues pour désengorger le trafic et faciliter la navette quotidienne de milliers de Casablancais. Avec trois lignes principales s’étendant sur 92 km, «les TMP offriront une cadence pouvant atteindre un train toutes les 7,5 minutes.
Cette fréquence, combinée à une capacité de transport de 150.000 voyageurs par jour dès la mise en service (et 35 millions par an à terme), signifiera une réduction drastique des temps de trajet, une ponctualité et un confort améliorés pour les navetteurs», a indiqué Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l’Office national des chemins de fer (ONCF).
De plus, l’introduction d’un service aéro-express reliant Casa-Port à l’aéroport Mohammed V toutes les 15 minutes, et le renforcement des trains régionaux vers El Jadida et Settat toutes les 30 minutes, désenclavera la métropole et ses environs, facilitant les déplacements professionnels et personnels, et renforçant l’attractivité économique et touristique de la région.
L’acquisition de 48 rames automotrices
Il est à noter que l’acquisition de 48 rames automotrices, d’une capacité de plus de 1.000 places et d’une vitesse de 160 km/h, destinée à couvrir les besoins de mobilité régionale et de proximité, représente un coût de 7 milliards de dirhams (HT). Le constructeur sud-coréen Hyundai Rotem, retenu pour cette fourniture, implantera une usine sur le territoire national. Celle-ci deviendra une composante essentielle de l’écosystème ferroviaire, destinée à couvrir les besoins nationaux futurs et l’export à moyen terme.
C’est également un transfert de technologie et de savoir-faire, renforçant les compétences industrielles locales et favorisant l’émergence d’une filière ferroviaire marocaine. Ce nouveau réseau permettra de retirer des routes l’équivalent de 1.300 voitures par train TMP, évitant ainsi l’émission de 100.000 tonnes de gaz à effet de serre par an et améliorant la qualité de l’air dans la métropole.
Par ailleurs, le projet de LGV Kénitra-Marrakech progresse à un rythme soutenu. Les travaux se déploient actuellement au centre de Casablanca, sur un tracé stratégique de 430 km reliant Kénitra à Marrakech. Sur ce linéaire, 210 km relient Kénitra à Casablanca et 220 km Casablanca à Marrakech. L’échéance de mise en service est prévue à la fin de l’année 2029. Au total, 50 entreprises sont actuellement mobilisées sur le chantier, dont 75% sont marocaines, avec près de 5.000 personnes employées directement. Ce chiffre devrait atteindre environ 21.000 à la mi-2026.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO