Programme électoral du PJD : Benkirane joue la carte des jeunes et des femmes
Il met l’accent sur l’homme comme principal facteur et vecteur de croissance tout en appelant à revoir le modèle de développement économique du pays. Le chef des pjdistes tire à boulets rouges sur le PAM, critique la marche de Casablanca et défend son ministre à la Justice.
Dans un contexte politique marqué par une confrontation violente entre les partis en lice et une marche très approximative contre le PJD à Casablanca, ce dernier a présenté son programme électoral. C’est hier à Rabat au QG du parti de la lampe qu’Abdelilah Benkirane a levé le voile sur une feuille de route électorale qui donne la part belle à l’économie à l’image d’ailleurs des autres partis politiques. Le chef du gouvernement sous sa casquette de SG du parti au pouvoir n’y est pas allé par le dos de la cuillère lorsqu’il fut interpellé sur ses éventuelles alliances post-électorales. «Nous et le PAM dans le même gouvernement n’est pas une option possible, mais c’est Dieu qui sait en fin de compte», Benkirane laisse ainsi la voie ouverte aux supputations par son ton nuancé.
En tout cas, rien n’est impossible ni définitif en politique. Cela n’a pas empêché le chef des pjdistes de traiter le PAM de «parti qui a perturbé et les citoyens et la classe politique et économique du pays». Dans son programme, le parti a accordé un intérêt particulier aux jeunes qui ont besoin d’encadrement, aux femmes et aux personnes à besoins spécifiques. Les personnes âgées, Les MRE, les prisonniers et les enfants de la rue nécessitent aussi plus de soutien et des programmes appropriés. «J’ai dit aux militants du parti de sortir dans la rue, demander ce qui manque aux personnes en situation de pauvreté ou de précarité et vous aurez le meilleur programme au monde», a-t-il confié. Et Benkirane d’ajouter que «même si l’on prépare un programme électorale à la NASA, il ne sera pas applicable au Maroc car le problème n’est pas celui des programmes mais des hommes intègres et compétents capables de les appliquer». Heureusement, le programme du PJD n’a pas été concocté à l’agence spatiale mais bien par les cadres du parti. Il a été basé sur la continuité des réformes engagées par le gouvernement et non dans une coupure.
Selon Abdelghani Lakhdar, président du Forum des cadres du PJD, auquel incombe la présentation du programme, ce dernier ne s’inscrit pas dans une logique sectoriel. Il faut des politiques intégrées dans une approche horizontale dans laquelle les différents plans sectoriels se complètent. Un objectif majeur ressort, à savoir la révision du modèle de développement économique du pays. Certes le débat n’est pas nouveau. Il a été bien mis en exergue par un récent rapport de Bank Al-Maghrib, mais le PJD veut en faire le fil conducteur de ses choix. Parmi les axes de cette orientation figurent la recherche de nouvelles sources de croissance, la justice sociale, la gouvernance et surtout le rayonnement économique du Maroc à l’international. Un plan qui se décline en 310 mesures dûment détaillées.
Le parti veut faire de l’industrie, qui contribue à seulement 14% au PIB, une vraie locomotive pour le développement du pays. Idem pour les exportations qui doivent être boostées à travers une nouvelle structure institutionnelle. L’accès au foncier industriel figure aussi en pole position dans le programme avec 57 mesures. Fait marquant, le parti a incorporé dans son programme un plan d’exécution des engagements. Il s’appuie essentiellement comme dans les démocraties avancées sur l’engagement politique des partis à la majorité gouvernementale.
Cet engagement se décline en contrats-programmes entre les ministres et le chef du gouvernement. Quatre commissions ont été proposées dans ce sens. La première dite de direction politique qui réunit tous les 3 mois les chefs des partis au pouvoir pour exprimer leur soutien à la déclaration gouvernementale. Les trois restantes regroupent les ministres pour montrer le cap et faire le point, celle des secrétaires généraux consiste à faire le suivi et une commission territoriale regroupant ministres et présidents des régions. Pour Lakhdar, ces mécanismes de suivi sont souvent bien plus importants que les programmes eux-mêmes. Quid de la croissance ? Sans vouloir entrer dans la course du mieux disant, le PJD a mis en place trois scénarios possibles dont il a choisi le plus réaliste, à savoir une croissance entre 4 et 5,5%, un déficit budgétaire maîtrisé à 2,7% et une dette qui ne dépasse pas 56,5% à la fin du prochain mandat.
Réaction de Benkirane à l’actualité chaude
*«La marche de Casablanca, souvenez-vous bien, n’est pas la première contre nous durant ce mandat. Mais ce qui est bizarre, c’est qu’elle n’a été revendiquée par aucune partie. Je suis solidaire avec les citoyens qui y ont participé et je leur dit de ne pas faire confiance à ceux qui font des tours de magie pour influencer et contrôler les chaînes».
*«Mustapha Ramid n’a pas été poussé par le parti pour réagir comme il l’a fait. C’est quelqu’un d’intègre, qui met du cœur dans son travail, mais il manque parfois de patience face à certains agissements».
*«Je vous assure que c’est le PJD qui arrivera premier au prochain scrutin. Il faut savoir aussi que la Constitution est claire quant à la désignation du chef de gouvernement, qui se fait par le roi parmi le parti classé premier».
*«Les Marocains doivent être responsables le jour du 7 octobre et bien faire leur choix ou bien pour la partie qui fait dans la diversion ou alors pour ceux qui leur disent la vérité».