Maroc

Prix des médicaments : les pharmaciens durcissent leur mouvement

Après le sit-in du 9 septembre qui a marqué les esprits, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc annonce une nouvelle phase de mobilisation. Les revendications, finalisées depuis des mois, restent en attente d’application. Face à ce blocage, les blouses blanches se préparent à une action nationale massive.

Le 9 septembre dernier, les pharmaciens venus de toutes les régions du Royaume avaient fait déferler une véritable marée blanche sur le parvis du ministère de la Santé. L’événement, présenté comme historique par la profession, devait marquer un tournant dans les discussions sur la réforme des prix des médicaments et la place de l’officine dans le système de santé.

Pourtant, dix jours plus tard, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) estime que rien n’a changé. Elle annonce désormais une escalade progressive, qui culminera par un sit-in national de grande envergure devant la tutelle.

Des revendications jugées légitimes
Dans son dernier communiqué, la CSPM rappelle avoir travaillé dix-huit mois avec le ministère de la Santé sur un ensemble de mesures validées mais restées lettre morte. Parmi elles figure la revalorisation du revenu du pharmacien, considérée comme vitale dans un contexte où de nombreuses officines peinent à équilibrer leurs comptes.

Entre loyers élevés, charges sociales et fiscales et marges nettes de plus en plus réduites, beaucoup de pharmaciens estiment leur modèle économique menacé à court terme. Autre revendication structurante, l’établissement du répertoire des médicaments génériques et la publication de la liste des excipients à effet notoire. Ces outils sont indispensables pour permettre la mise en place effective du droit de substitution, qui autoriserait le pharmacien à délivrer un générique équivalent lorsqu’un médicament de marque est prescrit.

Pour la profession, cette mesure améliorerait l’accès aux traitements pour les patients tout en renforçant le rôle de conseil du pharmacien dans le parcours de soins. La Confédération insiste aussi sur la nécessité de publier une liste limitative des médicaments à usage strictement hospitalier. Selon elle, cette clarification éviterait les zones grises et les situations de concurrence jugées déloyales, tout en permettant aux officines de mieux se concentrer sur leur rôle de proximité.

Gouvernance et organisation de la profession
Le syndicat appelle également à l’activation des décrets d’application de la loi 98-18, afin d’organiser dans les plus brefs délais les élections des conseils de l’Ordre des pharmaciens, en attente depuis huit ans. Pour les professionnels, l’absence de représentation élue affaiblit la gouvernance et nuit à la crédibilité de la profession auprès des pouvoirs publics. Autre point sensible, le retour des médicaments vétérinaires dans les officines.

Leur retrait progressif du circuit officinal est vécu comme une perte économique mais aussi comme un recul du rôle de proximité des pharmacies dans le suivi de la santé animale, notamment dans les zones rurales où les vétérinaires sont peu nombreux.

La CSPM réclame enfin la mise en place de mécanismes de soutien pour préserver la viabilité économique des officines, qui constituent le maillon le plus proche du citoyen dans l’accès aux soins. Elle plaide aussi pour une protection juridique et professionnelle renforcée, estimant que les pharmaciens sont exposés à des risques croissants, qu’il s’agisse de litiges liés aux prescriptions, de pressions commerciales ou de pratiques illégales sur le marché parallèle du médicament.

Un bras de fer qui s’installe
«Aujourd’hui, il ne s’agit plus de négocier, ce que nous exigeons, désormais, c’est la concrétisation de nos droits légitimes sans délai», indique le CSPM. Les syndicats affirment que les discussions sont closes et que le temps des promesses est révolu.

Derrière ce ton ferme se profile une conviction partagée par les pharmaciens : sans mesures concrètes, la pérennité des officines est menacée. La réforme globale de la politique du médicament et la valorisation du rôle du pharmacien au sein du système de santé sont présentées comme des priorités.

Dans un contexte marqué par la généralisation de la couverture sociale et la hausse continue des dépenses de santé, la profession refuse de rester en marge des décisions. Le bras de fer engagé avec la tutelle ne montre aucun signe d’apaisement et pourrait bien marquer un nouveau tournant dans le rapport de force entre l’État et les blouses blanches.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



Taux directeur : entre prudence et incertitude


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