Maroc

PPS vs USFP : Un clash sur fond de tractations gouvernementales

Les frères de la défunte Koutla entrent dans une confrontation à couteaux tirés après la sortie musclée de Lachgar sur la première chaîne, mardi dernier. La logique arithmétique mise en avant pour battre en brèche le rôle joué par le PPS aux côtés de son allié le PJD.

Faut-il vraiment s’étonner de la sortie de Driss Lachgar sur la première chaîne, mardi dernier, où il n’a pas ménagé le PPS ? Le premier secrétaire de l’USFP a montré la couleur juste après les élections du 7 octobre, en se mettant dans le camp des adversaires «historiques» du PJD. Le parti d’Abdelilah Benkirane fut alors la ligne de fracture par rapport à laquelle les partis se sont positionnés. Le PPS d’un côté et les autres de l’autre. Comme à l’intérieur du parti du livre lui-même, il existe des militants qui n’ont pas encore avalé la pilule d’un alignement aux islamistes, le chef des Ittihadis pousse le bouchon et profite de cette faiblesse idéologique pour le mettre à mal. Cette fois-ci en optant pour une logique arithmétique plutôt difficile à faire valoir, tenant compte du contexte actuel. En soutenant que seuls les partis politiques ayant un groupe parlementaire ont le droit de négocier la constitution du gouvernement, Lachgar fait table rase sur le rôle joué par le PPS.

N’oublions pas que Nabil Benabdallah, SG du PPS, a, à maintes fois, frappé à la porte de l’USFP, au tout début des tractations gouvernementales. L’initiative de Benabdallah a été interprétée autrement dans la mesure où, constitutionnellement parlant, c’est le chef du gouvernement désigné qui doit s’ouvrir aux autres partis en lice et non à travers son allié. Aujourd’hui, les choses ont changé. La guerre fratricide entre partis de gauche est totalement consommée. Selon Youssef Blal, professeur de sciences politiques, le divorce entre les deux partis a été déclaré après le gouvernement El Youssoufi. Et d’ajouter que le discours de l’USFP manque aujourd’hui de cohérence, tantôt prêt à faire partie de la majorité gouvernementale, tantôt lançant des signaux, tout à fait, à l’antipode. Ragaillardi par l’élection de Habib El Malki à la présidence de la Chambre des députés, le parti de la rose est devenu l’une des pièces maîtresses de la configuration politique et gouvernementale. Le fait qu’il s’attaque aussi brutalement au PPS, s’inscrit dans cette nouvelle logique d’un parti qui sait s’imposer malgré le veto du chef de gouvernement désigné. Lachgar, toujours dans une conception arithmétique, a expliqué dans l’émission de la première chaîne, qu’avec 1,6 million de voix, le PJD fait partie d’une configuration ou plus de 5 millions de Marocains ont porté leur choix sur les autres partis en lice.

Encore une fois, Lachgar met le PJD face au reste des formations politiques comme si ces dernières constituaient un bloc homogène. Par presse interposée, le PPS a réagi à la sortie tonitruante de Lachgar, sans pour autant déroger à la retenue qui constitue l’ADN du parti du livre. Battant en brèche la logique arithmétique de l’USFP, les Ppsistes estiment que les doutes qui rôdent autour de l’élection des 20 députés de l’USFP n’en font pas une meilleure alternative que les 12 sièges de leur parti. Une accusation certes dure qui ne passera pas inaperçue et risque d’attiser encore l’adversité entre les deux frères-ennemis. Aujourd’hui, le PJD et le PPS avec lui, se trouvent face à un bloc fort constitué du RNI, du MP et de l’USFP. Malgré les échanges de diatribes et d’accusations, ce sont ces partis-là qui devront demain cohabiter au sein d’une même majorité gouvernementale. Cela pose la question de l’harmonie politique d’un tel cocktail. Mais, en politique, nul ni ami ou ennemi pour toujours.



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