Maroc

Poivrons marocains : faut-il s’inquiéter des rejets à l’export?

Les poivrons Marocains, jusqu’ici très prisés dans le monde et en particulier en Europe, ne sont plus les bienvenus sur les tables des consommateurs du vieux continent. Les exportateurs locaux s’en désolent et rassurent.

Sur la base d’une alarme donnée par le système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), la République tchèque, a décidé récemment de retirer de son marché des poivrons importés du Maroc via l’Espagne. Et pour cause, ils contiendraient une teneur élevée en résidus de pesticides. D’après les informations de la plateforme spécialisée Hortoinfo, des résidus du pesticide clofentézine ont été trouvés dans les poivrons marocains dans une proportion qui dépassait de cinq fois et demie sa limite maximale de résidus (LMR). Pis encore, selon toujours la même source, les autorités tchèques ont détecté la présence de résidus de méthomyl dépassant de six fois sa LMR, après avoir effectué un contrôle officiel du marché. Dès lors, une décision devait s’imposer car la situation devenait «grave». Selon les autorités tchèques, la clofentézine, qui est une substance active de produit phytosanitaire, a été détectée dans les poivrons marocains à raison de 0,11 milligramme par kg alors que sa LMR est fixée à 0,02 milligramme / kilo, selon la base de données sur les pesticides de la Commission européenne (CE). Quant à la présence de méthomyl (une substance active insecticide de la famille des carbamates) dans les poivrons, elle était de 0,24 milligramme par kilo, la LMR pour ce pesticide étant de 0,04 milligramme par kilo. Suffisant pour provoquer des convulsions, des crampes musculaires et une perte de conscience, des vertiges, une salivation excessive, des maux de tête, un essoufflement, une constriction des pupilles, des nausées, des vomissements, une faiblesse, dit-t-on. Faut-t-il s’inquiéter pour le consommateur marocain ? «Non», répond avec véhémence Lahoucine Aderdour, président de la fédération interprofessionnelle marocaine de la production et de l’exportation de fruits et légumes (FIFEL).

«Nous ne sommes pas encore informés de ce cas de retrait de poivrons marocains sur le marché tchèque», souligne Aderdour, avant d’ajouter: «une chose est sûre, nous avons des fruits et légumes de très bonne qualité et dont la production et les conditions d’exportation respectent scrupuleusement les normes d’hygiène et sanitaires».

Selon notre interlocuteur, le consommateur marocain n’a aucune inquiétude à se faire. Tous les produits alimentaires produits localement font régulièrement l’objet de contrôles stricts par deux organismes publics marocains responsables de la sécurité sanitaire des produits à savoir l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires(ONSSA) et Morocco Foodex, un établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations. Pourtant, malgré ces assurances, ce cas de rejet des poivrons marocains est loin d’être isolé. Avant les autorités tchèques, début janvier, les autorités de la sécurité alimentaire en Allemagne avaient décidé de retirer les poivrons en provenance du Maroc de leur marché, après la découverte d’une concentration de 1 233% des résidus de pesticides sur un échantillon, rapportait-on par les médias. Selon ces sources, il s’agit du méthiocarbe, une substance chimique phytosanitaire entrant dans la composition de produits servant à lutter contre insectes et acariens, dans les champs de certains fruits et légumes, comme les tomates, les poivrons et les courgettes. Pour rappel, en septembre 2019, la Commission européenne a mis en application le non-renouvellement de l’approbation de cette substance active, conformément au «règlement (CE) 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques».

Selon un exportateur joint au téléphone, «ces rejets arrivent souvent et pourtant le Maroc utilise moins de pesticides agricoles à l’hectare que la plupart des pays européens.» En effet, selon les données de l’agence de statistique de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour 2017, l’utilisation au Maroc de pesticides à l’hectare dédiés aux cultures agricoles est de 1,46 kg à l’hectare. Or, l’Espagne, par exemple, utilise 3,59 kg de pesticides par chaque hectare dédié aux cultures agricoles. Le Maroc demeure loin de la Chine et le Japon, lesquels ont des moyennes d’utilisation de pesticides de 12,61 kg voire 13,07 kg par hectare. 

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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