PLF 25/Dette publique : le jeu d’équilibriste de l’Exécutif
Le Maroc gère prudemment sa dette publique dans un contexte économique mondial incertain. Le Projet de Loi de finances 2025 met l’accent sur la stabilité et la soutenabilité de la dette, tout en finançant le développement du pays. Malgré les défis globaux, le ratio dette/PIB a diminué, grâce à une gestion active de la dette et à la diversification des sources de financement. Le PLF 2025 vise à poursuivre cette stratégie prudente, en conciliant gestion de la dette et ambitions de développement.
Le Projet de Loi de finances (PLF) 2025 se dessine dans un contexte économique mondial incertain, marqué par des crises successives et une inflation persistante. Dans cet environnement délicat, la gestion de la dette publique s’impose comme un enjeu central pour le gouvernement marocain.
Le rapport sur la dette publique, publié dans le cadre du PLF 2025, révèle une stratégie proactive et prudente de la part du Trésor, visant à garantir la stabilité et la soutenabilité de la dette, tout en finançant les ambitions de développement du pays.
Une dette sous contrôle malgré les défis
L’année 2023 a été une année de défis pour l’économie mondiale. La guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les politiques monétaires restrictives des grandes banques centrales ont créé un climat d’incertitude et alimenté l’inflation.
Le Maroc, bien qu’impacté par ces chocs exogènes, a fait preuve de résilience. La croissance économique a permis de maintenir le ratio dette/PIB sous contrôle. L’encours de la dette du Trésor a atteint 1.016,7 milliards DH à fin 2023, en hausse de 6,8% par rapport à 2022, tandis que le ratio dette/PIB a diminué de 2 points pour s’établir à 69,5%.
Une gestion active de la dette pour minimiser les risques
La Direction du Trésor et des Finances extérieures (DTFE) a mis en œuvre une stratégie de gestion active de la dette, visant à minimiser les risques et à optimiser le coût de l’endettement. Sur le marché domestique, la DTFE a eu recours à des opérations de Gestion active de la dette intérieure (GADI), qui consistent à échanger des titres arrivant à échéance avec de nouveaux titres. Ces opérations ont permis de lisser le profil des remboursements de la dette et de réduire le risque de refinancement.
Sur le marché international, le Royaume a diversifié ses sources de financement en émettant avec succès un emprunt obligataire sur le Marché financier international (MFI) en mars 2023 pour un montant de 2,5 milliards de dollars. Cette opération a permis d’allonger la maturité moyenne de la dette extérieure et de renforcer la présence du Maroc sur les marchés financiers internationaux.
Le PLF 2025 : concilier gestion de la dette et ambitions de développement
Le PLF 2025 s’inscrit dans la continuité de cette stratégie de gestion prudente de la dette. L’objectif est de maintenir celle-ci à un niveau soutenable, tout en finançant les projets structurants et les réformes nécessaires pour le développement du pays.
Le rapport sur la dette publique met en avant les orientations du PLF 2025 en matière de gestion de la dette qui vise à maintenir une présence régulière sur le marché domestique des BDT, et ce, en adaptant la structure des émissions aux besoins de financement et aux préférences des investisseurs.
Il s’agit également de poursuivre la diversification des sources de financement extérieur, en privilégiant les emprunts concessionnels auprès des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux pour les projets de développement.
Le renforcement de la gestion active de la dette figure aussi parmi les priorités en intensifiant le recours aux opérations de GADI sur le marché domestique et en explorant de nouvelles opportunités sur le marché international. Les orientations en matière de dette publique visent également à améliorer la transparence et la communication, en développant un site Internet dédié qui fournira des informations complètes et accessibles à tous les stakeholders.
Premier semestre 2024 : des signes encourageants
Les données du premier semestre 2024 confirment la tendance positive observée fin 2023. Le contexte national, marqué par une désinflation progressive et des anticipations d’un assouplissement monétaire de Bank Al-Maghrib, a renforcé la confiance des investisseurs sur le marché des BDT.
Les taux d’intérêt sur le marché domestique ont baissé, permettant au Trésor de lever des fonds à des conditions plus avantageuses. L’encours de la dette a augmenté de manière modérée, et les risques associés à la dette restent sous contrôle.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO