PLF 2025 : les attentes du secteur immobilier
Allègement du fardeau fiscal, élargissement des critères de sélection du programme d’aides au logement et baisse du foncier. Telles sont les principales préoccupations des professionnels de l’immobilier, dans le cadre de l’élaboration du projet de Loi de finances 2025.
L’heure est au lobbying, en attendant la présentation de la première mouture du PLF2025. Celui-ci est en gestation actuellement, et c’est l’occasion pour plusieurs secteurs professionnels de faire entendre leurs préoccupations auprès de leur tutelle. C’est le cas dans l’immobilier, où l’on applaudit certes les efforts entrepris à ce jour, mais non sans espérer de nouvelles avancées sur certaines questions essentielles. Et la première porte encore et toujours sur l’allègement du fardeau fiscal.
«Ici, il est question d’alléger les charges fiscales, en supprimant les droits d’enregistrement et les droits de conservation foncière», éclaire l’expert en immobilier Amine Mernissi.
Cela, fait-on savoir auprès des professionnels, va permettre de réduire relativement, le fameux millefeuille fiscal. Car, il y a lieu de rappeler que les promoteurs immobiliers se retrouvent à la fois à devoir payer des impôts qui vont directement dans les caisses de l’État, en plus des impôts locaux, destinés aux collectivités locales de leur lieu d’implantation de chantiers.
«Sur l’ensemble de ces questions, les promoteurs continuent de faire du lobbying, mais à vrai dire, on les écoute très peu. L’État fait souvent comprendre que ses ressources ne sont pas illimitées», poursuit notre interlocuteur.
Aides au logement
A la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), l’autre préoccupation porte sur des aménagements du nouveau programme d’aides directes au logement. Lancé récemment, il ne prend en compte que les biens immobiliers réalisés à partir de 2023.
Or, le problème qui se pose est que nous avons énormément de stocks chez les promoteurs datant d’avant l’entrée en vigueur de ce nouveau dispositif. Sauf qu’ils ne peuvent être sélectionnés pour bénéficier des aides directes.
«Si le gouvernement essayait d’élargir les critères de sélection pour inclure ces logements datant de 2022 ou 2021, cela allait contribuer à un rapide écoulement de ces biens, mais surtout répondre à la forte demande dans le cadre du programme d’aides au logement», détaille Amine Mernissi.
Au 31 juillet dernier, selon les chiffres du gouvernement, l’État a débloqué plus de 1,5 MMDH pour soutenir les acquisitions de logements, au profit de 18.000 bénéficiaires. Le programme devrait donc être reconduit dans le PLF 2025, et vise à toucher 110.000 familles par an.
Depuis le lancement du programme, les indicateurs du secteur de l’habitat sont en hausse, avec une augmentation de 16 % du nombre de projets autorisés, de 20 % des ventes de ciment, de 1,5 % des prêts au logement et de 3,8 % des prêts aux promoteurs immobiliers entre mai 2023 et mai 2024.
Foncier
Autre préoccupation, c’est celle portant sur l’éternelle question du foncier. «Le foncier, c’est le nerf de la guerre. Impossible de poursuivre le développement du secteur immobilier sans le foncier», théorise notre interlocuteur.
Là aussi, le constat est que, désormais, il est devenu quasi impossible de trouver du foncier rentable pour les promoteurs en milieu urbain de certaines grandes villes comme Casablanca, Rabat, etc. La disponibilité exploitable se trouve parfois en zones périphériques, à des dizaines de kilomètres du centre-ville.
«Le prix du foncier a énormément augmenté. Beaucoup de promoteurs vendent à perte sur les logements à 300.000 DH. Ils ne sont rentables qu’entre 350.000 et 700.000 DH», renseigne Amine Mernissi.
D’ailleurs, dans le cadre des allégements du fardeau fiscal, il est souhaitable, selon lui, d’accorder l’exemption des droits d’enregistrement aussi bien pour les acquéreurs que pour les promoteurs. De quoi donner un véritable coup de booste et faciliter encore davantage le dispositif d’aides au logement.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO