Pétrole et produits alimentaires : enfin un impact réel sur l’inflation

Comparés à 2024, les premiers mois de l’année en cours affichent une facture encore plus salée pour les consommateurs. Mais avec la baisse attendue des prix des produits pétroliers, et probablement alimentaires, l’inflation devrait enfin commencer à décrocher dans les prochains mois. À condition toutefois que la logique commerciale ne prenne pas le dessus. Explications.
S’achemine-t-on enfin vers une maîtrise de l’inflation au Maroc ? La question s’impose à l’heure où les principaux facteurs de cette inflation voient leurs prix évoluer fortement. Tout d’abord, l’annonce de la hausse de production du pétrole par les pays membres de l’OPEP+ a immédiatement fait baisser les cours mondiaux de l’or noir de près de 4% en début de semaine.
Hier mardi, on faisait état d’une ruée des importateurs pour s’approvisionner en pétrole et, ainsi, profiter de la chute actuelle des prix. D’ailleurs, l’intérêt manifesté a été tel que ces prix ont remonté sur le coup, avec un baril de Brent de la mer du Nord (le baril de référence européen), qui a franchi à nouveau la barre des 60 dollars, après être tombé à un bas exceptionnel de 59 dollars, soit une première depuis 2021.
Pour sa part, le baril américain se repliait, quant à lui, à 57 dollars. Pour le Royaume, c’est donc une aubaine à saisir pour importer de grandes quantités de ces produits énergétiques. Il pourrait ainsi réduire sa facture d’énergie, et par ricochet, continuer à baisser les prix à la pompe. Il faut noter qu’à l’heure actuelle, le prix du gasoil est descendu à environ 10 DH, en fonction des régions.
Vers une baisse sur le carburant ?
Mais ce n’est pas tout, puisqu’à en croire les publications mensuelles du Haut-commissariat au plan, l’Indice des prix à la consommation s’est maintenu en hausse ces derniers mois par rapport à l’année précédente, à cause, en grande partie, de l’évolution des prix des produits énergétiques. On pense, entre autres, au gaz butane, mais aussi et surtout, aux carburants.
Si cette baisse des prix du pétrole est répercutée sur ceux des carburants, on devrait non seulement assister à une continuité de la chute des prix à la pompe dans les stations-service, mais aussi à un recul de l’indice des prix énergétiques.
«La bonne nouvelle pour le Maroc, c’est que la facture énergétique va baisser, et j’espère que cela se répercutera sur les prix à la pompe», confirme pour sa part le professeur d’économie Mustapha El Jay.
Mais attention, en parlant de cette répercussion, il faut habituellement attendre plusieurs semaines, voire entre deux et trois mois, pour que le consommateur final puisse la ressentir au niveau du carburant. Il reste à en surveiller l’application réelle, car il ne faut pas se faire d’illusion, la libéralisation des prix au niveau du secteur des hydrocarbures maintient hélas, un niveau de prix encore jugé élevé au Maroc, malgré la baisse des prix pétroliers. Autre facteur, l’impact du transport maritime pour l’acheminement des produits n’est pas, non plus, à exclure. Quoiqu’il en soit, les prix des produits énergétiques devraient baisser prochainement.
Stocks céréaliers en baisse
Par contre, des inquiétudes demeurent pour ce qui est des autres produits alimentaires. Il est vrai que depuis environ deux mois, l’IPC parle d’une baisse de ces prix en 2025, mais, lorsque l’on compare la situation à l’année d’avant, on se rend compte qu’il est encore difficile de résorber la courbe haussière. C’est d’ailleurs dans ce contexte que la FAO a souligné que, sur le plan international, l’inflation des produits alimentaire s’est maintenue au mois d’avril.
«S’agissant du Maroc, je pense que nous risquons d’être sur une évolution croissante de ce prix des produits alimentaires (de 3%), même si le rattrapage de la campagne agricole durant mars et avril est encourageant», analyse de son côté l’économiste François Conradie, de l’Oxford Economics Africa, basé à Casablanca.
Probablement, la plus grande inquiétude provient des céréales. Avec une campagne agricole dont la production est attendue à quelque 44 millions de quintaux, il est évident qu’encore une fois, le Royaume devra recourir à l’importation pour combler le déficit de sa production agricole.
Et sur ce point, la FAO alerte : «On prévoit à présent un recul de 1,9% des stocks mondiaux de céréales, qui descendraient à 868,2 millions de tonnes à la clôture des campagnes de 2025.»
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO