Maroc

Pénurie d’eau au Maroc : c’est grave Docteur ?

Le stress hydrique auquel le Maroc fait face depuis plusieurs années pourrait conduire à des conséquences négatives évidentes sur l’économie, avertit le Haut-commissariat au plan qui vient de publier une étude alarmante à ce sujet.

Au cours des dernières décennies, le Maroc a connu une forte et rapide augmentation de la demande globale en eau en raison de la croissance démographique, de l’expansion de l’agriculture irriguée, d’un commerce national et international florissant et de l’évolution du niveau et des modes de vie. Une surconsommation qui en inquiète plus d’un, à commencer par le Haut-commissariat au plan (HCP), lequel vient d’ailleurs de rendre publique une étude à ce sujet. Objectif, déterminer les relations entre les secteurs économiques et la consommation en eau correspondant au Maroc, généralement non reconnue comme un facteur de production, et ce, sur la base d’un modèle input-output. «Cette méthode nous permet de souligner l’augmentation continue des besoins en eau intersectoriels qui a imposé une forte pression de la gestion intégrée et durable des ressources en eau», indique le HCP, soulignant que cet impératif a créé le besoin immédiat d’établir la relation entre ressources naturelles au sens large, et développement, d’autant plus que «l’eau risque d’être un facteur limitant l’augmentation des secteurs essentiellement productifs».

Principaux enseignements de ce travail dirigé par la doctorante en eau et changement climatique, Ikram Sahim, en partenariat avec le Laboratoire génie des procédés et environnement et le HCP : l’agriculture, l’industrie alimentaire et du tabac, le commerce, l’hôtellerie et la restauration sont les principaux «déclencheurs» de la consommation d’eau, à la suite d’une augmentation de la demande finale correspondant à chaque secteur (effet de diffusion). Selon les résultats d’analyse, les effets d’absorption calculés révèlent que l’agriculture constitue le principal distributeur d’eau pour le reste de l’économie, en réponse à une demande finale dans tous les secteurs. Ce n’est pas tout. Les données sur la consommation directe d’eau révèlent que la quantité d’eau consommée par le secteur primaire est beaucoup plus importante que celle consommée par les secteurs de l’industrie et des services.

Plus de 10 milliards de m3 par an
La consommation en eau du secteur primaire est évaluée à environ 9 milliards de m3 par an, tandis que les autres ne consomment que 1,28 milliard de m3. «Ces statistiques mettent en évidence la loi bien connue selon laquelle l’agriculture est le principal utilisateur des ressources en eau au Maroc (jusqu’à 87,8% de la consommation totale d’eau)», souligne l’auteur de cette étude, qui regrette une faible efficacité de l’utilisation d’eau dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture. Notons toutefois que si les secteurs tels que le commerce, l’industrie alimentaire, les hôtels et restaurants et l’eau et l’électricité consomment directement un faible pourcentage d’eau, leur indicateur de consommation totale (indirecte + directe) est plutôt élevé. «Cela signifie que la demande de ces secteurs de pointe contrôle les résultats que les autres secteurs doivent produire pour satisfaire cette demande. Il en ressort que les secteurs de l’industrie et des services consomment également de grandes quantités d’eau de manière indirecte. Cela montre que ces secteurs ont un effet draguant (drag effect) de l’utilisation de l’eau dans l’économie marocaine», ajoute le HCP.

Des conséquences néfastes
Ainsi, cette utilisation grandissante de l’or bleu qui se raréfie peut conduire à des conséquences néfastes pour l’économie dans son ensemble, si ce n’est déjà le cas. «Le manque ou l’absence d’eau comme principal intrant peuvent conduire ces grands secteurs à un étranglement de leur activité de production, avec des conséquences négatives évidentes pour l’économie dans son ensemble», avertit l’institution marocaine chargée de la production statistique, la planification, la prospective, l’analyse et la prévision. Pire encore, l’économie marocaine, malgré la pénurie d’eau du pays, s’est établie sur des secteurs consommateurs d’eau dont les demandes se chevauchent lors d’un choc exogène. Classé parmi les pays ayant le stress hydrique le plus élevé de la région par l’Organisation des Nations unies (ONU), le Maroc n’est pas pour autant resté les bras croisés. En plus d’une brigade des eaux, le royaume a mis en place un programme national d’approvisionnement en eau potable qui s’étend sur la période 2020-2027, devant mobiliser des investissements de l’ordre de 115,4 MMDH. Financé à hauteur de 60% par le Budget général de l’État et de 39% par les acteurs concernés, particulièrement l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) (le reste étant géré dans le cadre du partenariat public-privé), le programme s’articule autour de cinq axes. Il s’agit notamment de l’amélioration de l’offre hydrique par la construction de barrages, la gestion de la demande et la valorisation de l’eau notamment dans le secteur agricole, le renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, la réutilisation des eaux usées traitées dans l’irrigation des espaces verts, ainsi que la communication et la sensibilisation en vue de renforcer la conscience liée à l’importance de la préservation des ressources en eau et la rationalisation de leur utilisation. Rendez-vous en 2027. 

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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