Maroc

Nos clubs de foot en Bourse ?

Sur la question de la cotation des clubs de football marocains à la Bourse de Casablanca, peu de sondés s’y disent favorables, d’après le sondage de Flm.

26% des 596 internautes ayant répondu à la question de Flm sont favorables à la cotation des clubs marocains de football en Bourse. En revanche, 74% des internautes y sont opposés. Tout d’abord, il est probablement utile de rappeler que le football professionnel est une activité économique au sens propre du terme. Ainsi, le football génère par exemple en Allemagne plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et 110.000 emplois. Aussi, un club comme Manchester United a pu se faire coter à New York, levant 233 millions de dollars, étant valorisé à 2,3 milliards de dollars. D’ailleurs, un indice boursier, le STOXX Europe Football Index, existe et couvre tous les clubs de football côtés en Europe. Cet indice présente une capitalisation boursière flottante de 630 millions d’euros et a enregistré une performance de 29,7% en 2016. En effet, le football professionnel est une activité économique à mi-chemin entre le spectacle, les médias et l’équipement sportif.

Aussi, un club peut dégager des ressources pérennes notamment via la billetterie, le sponsoring maillot, le merchandising ou encore les ventes de contrats de joueurs et des droits de télévision. Ces recettes récurrentes peuvent dégager des bénéfices après avoir financé les dépenses courantes, dont les salaires et le coût de transfert de nouveaux joueurs. Par ailleurs, l’objectif d’une entrée en Bourse pour les clubs est généralement le désendettement, l’implication des supporters dans la vie sociale du club et le financement de projets sportifs (renforcement de l’effectif) ou économiques (exemple de la construction ou à la rénovation d’un stade). D’ailleurs, sur le sujet de la construction d’un stade, le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, a indiqué que le monde du football est passé des revenus volatils à des revenus récurrents en partie. Surtout, le stade/outil de production peut être amorti sur 30 à 35 ans, ce qui laisse la place à des «accidents sportifs» (ex: rétrogradation en Ligue 2). De même, même pour les investisseurs financiers purs, un club a une valeur.

À titre d’exemple, KPMG se base, dans sa valorisation des clubs, sur une analyse multicritères basée sur la rentabilité, la popularité sur les réseaux sociaux, la valeur de l’effectif, le potentiel des droits télévisuels et la détention du stade. Pour sa part, Forbes s’était basé sur l’addition de la marque, des revenus par match, des droits télévisuels et des ventes commerciales. Naturellement, certains supporters sont opposés à la cotation des clubs, comme le montrent les résultats de notre sondage. Ceux-ci craignent probablement deux effets pervers.

Le premier est celui de l’abandon de l’ambition sportive au profit de la rentabilité financière, notamment en évitant des recrutements onéreux. Le second est celui des investisseurs ripoux qui peuvent racheter des clubs en Bourse, pour revendre les bijoux de la famille avant de revendre le club et de partir. Au Maroc, une base existe déjà, recensant les revenus annuels des clubs de D1, compris entre 20 et 80 MDH, dont une partie est pérenne. À titre d’exemple, un club avait frôlé en 2015-2016 les 20 MDH de revenus en provenance de la billetterie. Par ailleurs, des clubs ont leur propre stade ou disposent d’actifs fonciers voire de biens immobiliers. 


Farid Mezouar
DG de FL Market

Les Inspirations ÉCO : Existe-il un obstacle juridique à la cotation des clubs de football?
Farid Mezouar : Personnellement, je pense que non car en plus de la transformation en société sportive, les clubs peuvent se faire coter indirectement. Ils peuvent opter pour une gestion déléguée à une société qui apportera des fonds propres et lèvera des capitaux en Bourse. Aussi, les dirigeants ou les sponsors peuvent créer une société qui conclura un contrat à long terme avec l’association sportive.

Les investisseurs sont-ils intéressés par une participation dans un club ?
Probablement oui. Au Maroc, des sociétés de distribution ou d’immobilier ont pu connaître une forte notoriété grâce à l’implication de leurs présidents dans le football. Les perspectives n’ont pas de limite car à l’avenir, les clubs peuvent se faire rémunérer par la FIFA quand leurs joueurs jouent en sélection. De même, la diffusion via le net finira par générer de gros revenus, notamment via les opérateurs télécoms. Enfin, comme dans le capital risque, une pépite peut transformer les finances d’un club comme le montre l’exemple récent de Pogba avec la Juventus, ou encore d’Evouna avec l’Ahly et le Wydad.



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