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Patrimoine en péril : trois sites africains retirés de la liste de l’UNESCO

Trois sites emblématiques en Afrique viennent d’être retirés de la Liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO, à l’issue de la session du Comité du patrimoine mondial qui se tient cette semaine à Paris. Un signal encourageant pour la préservation des trésors culturels et naturels sur le continent.

Longtemps menacés par des facteurs environnementaux, des conflits ou encore une urbanisation incontrôlée, les biens concernés sont désormais considérés comme suffisamment protégés pour sortir de cette liste d’alerte. Les forêts humides de l’Atsinanana à Madagascar, le site d’Abou Mena en Égypte et la ville antique de Ghadamès en Libye incarnent chacun une facette du patrimoine africain – naturel, religieux ou architectural – que les États ont su préserver grâce à une mobilisation concertée, avec l’appui technique et financier de l’organisation onusienne.

Une biodiversité restaurée à Madagascar
Les forêts humides de l’Atsinanana, inscrites au patrimoine mondial depuis 2007, sont réputées pour leur biodiversité exceptionnelle, en particulier les nombreuses espèces endémiques qu’elles abritent, telles que les lémuriens. Mais dès 2010, le site avait été classé en péril en raison de l’exploitation forestière illégale, du trafic de bois précieux et de la déforestation accélérée.

Ces menaces ont gravement affecté l’écosystème forestier, poussant l’UNESCO à renforcer ses actions de suivi et à soutenir les autorités malgaches dans la lutte contre ces pratiques. Le retrait du site de la Liste en péril récompense une décennie d’efforts, notamment en matière de surveillance forestière, d’application des lois environnementales et de sensibilisation des populations locales.

Abou Mena : une  urgence hydrique maîtrisée
En Égypte, le site antique d’Abou Mena, situé au sud d’Alexandrie, avait été inscrit sur la Liste en péril dès 2001. Ce complexe archéologique, l’un des plus importants lieux de pèlerinage chrétiens de l’Antiquité, était menacé par une élévation rapide de la nappe phréatique, causée par les méthodes d’irrigation des exploitations agricoles voisines. Plusieurs bâtiments anciens s’étaient alors effondrés.

L’intervention conjointe de l’État égyptien et des experts internationaux a permis la mise en œuvre de solutions d’ingénierie pour stabiliser les sols et drainer l’excès d’eau. Ce travail de longue haleine a permis de restaurer la lisibilité du site, tout en garantissant sa sauvegarde à long terme.

Ghadamès, la résilience d’une ville oasis
La troisième sortie de la Liste concerne l’ancienne ville de Ghadamès, en Libye, un site inscrit au patrimoine mondial depuis 1986 en tant que point de jonction entre cultures subsahariennes et méditerranéennes. Depuis 2016, le conflit libyen et des catastrophes naturelles comme des incendies et des pluies torrentielles avaient considérablement fragilisé l’intégrité de cette ville-oasis du désert.

Malgré le contexte sécuritaire difficile, les autorités locales et les communautés patrimoniales ont su préserver l’essentiel des structures traditionnelles de Ghadamès. Des interventions ciblées, couplées à un engagement communautaire fort, ont permis de sauvegarder l’urbanisme vernaculaire unique du site, notamment ses ruelles couvertes et ses constructions en pisé.

Une victoire pour l’Afrique et pour l’UNESCO
«Quand des sites quittent la Liste du patrimoine mondial en péril, c’est une grande victoire pour tous», s’est félicitée la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Elle a souligné le rôle déterminant de l’organisation, en particulier en Afrique, pour accompagner les États dans la formation d’experts, l’élaboration de stratégies de sauvegarde et la consolidation des dossiers d’inscription. La Liste en péril vise à alerter sur les risques immédiats ou potentiels qui affectent les valeurs universelles exceptionnelles d’un bien inscrit, tout en activant une assistance renforcée de l’UNESCO.

En sortir signifie non seulement que les menaces ont été jugulées, mais aussi que les conditions d’une gestion durable sont désormais réunies. Alors que plusieurs sites africains demeurent encore sur cette liste critique, les retraits actés cette semaine démontrent que la coopération entre les États, les communautés locales et les institutions internationales peut aboutir à des résultats tangibles. À Paris, l’organisation a rappelé que ces exemples pourraient servir de modèle pour d’autres zones en difficulté, à condition que l’engagement politique et les moyens soient au rendez-vous.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO



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