Maroc

Mouton de l’Aïd : achètera ? Achètera pas ?

La date de l’Aïd est désormais connue : ce sera le 29 juin. Dans quelques jours, des millions de Marocains procéderont ainsi au sacrifice rituel. Cependant, trouver une bête correspondant à leurs attentes est loin d’être une tâche aisée pour de nombreuses familles. Reportage.

Une dizaine de tentes caïdales et des moutons. Le décor est sommaire mais suffisant pour attirer les acheteurs, d’autant plus que les bêtes proposées à la vente ne sont plus à présenter. Mais comme souvent, il y a toujours un éleveur qui insiste. «Nous avons deux types d’ovins : de la race Bergui (cou rouge) et de la race Sardi», nous informe, tout sourire, un jeune vendeur, dans l’espoir de nous vendre ses moutons alors que nous venons à peine d’arriver sur le site de vente improvisé pour l’occasion, situé sur les hauteurs de l’entrée de Sidi Maarouf. «Nous proposons les premiers à 67 DH le kg, tandis que pour les autres bêtes, il faut ajouter 2 DH supplémentaires», poursuit-il, avant de se rendre compte que nous sommes là simplement pour évaluer sa marchandise, afin de nous faire une idée des prix pratiqués à Casablanca.
Prix minimum : 2.100 DH
Brusquement, il devient moins aimable et se contente de dire, d’un ton assez ferme, que le montant minimum pour l’achat d’une bête est de 2.100 DH. En effet, si les bêtes sont vendues au kilo, il est possible pour les acheteurs de les négocier à l’unité.
Avec cette pratique, les vendeurs proposent le prix qui leur vient à l’esprit, allant de 2.100 DH pour les agneaux d’une quarantaine de kilos, de race Bergui, à 3.000 DH, voire le double, pour les béliers aux cornes imposantes, en fonction de l’engraissement et de l’état général de l’animal. Heureusement pour les novices au budget limité, il est toujours possible de compter sur la précieuse aide des rabatteurs, qui ne refusent aucune sollicitation. Très nombreux sur place, ils cherchent le moindre client qui débarque sur les lieux. Mais cela est loin d’être suffisant pour décider les potentiels acheteurs qui, pour la plupart, hésitent encore. Les mains dans les poches, un jeune homme se tient un peu à l’écart des enclos, préférant observer de loin les troupeaux installés sous des tentes, alors que le soleil est au zénith. «Je suis venu prendre la mesure des prix», nous confie-t-il à voix basse avant de se fondre dans la foule de curieux et d’acheteurs potentiels.
D’autres, plus pragmatiques, ont déjà fait l’acquisition de leur agneau de sacrifice, qu’ils gardent précieusement dans ce que l’on nomme couramment un «hôtel» pour moutons. En fait, un enclos improvisé où chacun peut faire garder son mouton moyennant une modeste commission en attendant le jour de l’Aïd. C’est le cas de ce père de famille que nous avons croisé à Sidi Maarouf. Selon lui, les prix ont connu une inflation vertigineuse par rapport à l’année précédente.
Véritable casse-tête
Il faut désormais compter environ 1.600 DH de plus par tête par rapport à 2022. «Tout est excessivement cher», s’indigne-t-il. Et il ajoute : «Pour ma part, j’ai déjà effectué mon achat, car je redoute de nouvelles augmentations de prix.»
Concernant les gens aux revenus modestes, poursuit-il, la fête s’annonce délicate. «Pour ceux d’entre nous dont le budget est restreint, et qui doivent faire face à d’autres charges, l’Aïd représente cette année un véritable casse-tête», déplore ce père de famille.
Curieusement, environ six millions de têtes ont déjà été identifiées pour répondre aux besoins du sacrifice, ce chiffre dépassant largement la demande estimée à environ cinq millions. Il est à noter qu’exceptionnellement, des opérateurs ont été autorisés à importer des ovins afin d’assurer un approvisionnement adéquat du marché. Ainsi, la hausse des prix des animaux semble injustifiée. Les spéculateurs et les éleveurs sont pointés du doigt, mais ils justifient cette situation en invoquant le coût élevé de l’alimentation animale.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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