Maroc

Mostafa Chanaoui : «La refonte du système de la fonction publique de la santé est la solution»

Mostafa Chanaoui / Député de la Fédération de la gauche démocratique et secrétaire général du syndicat national de la santé, relevant de la CDT

Pourquoi plaidez-vous pour la mise en place d’un statut spécial de la fonction publique de la santé ?
En 2010 déjà, notre syndicat a plaidé pour une refonte globale du système de santé pour pouvoir asseoir un système performant qui garantit équitablement le droit à la santé à tous les citoyens tant sur le plan social que territorial. Pour atteindre cet objectif, la volonté politique s’impose pour que la santé devienne une priorité. Ce qui n’était jamais le cas depuis l’indépendance du Maroc. On constate en effet l’absence d’une politique nationale de santé. Jusque-là, le Maroc n’a adopté que des stratégies. Ce qui est déplorable, c’est que chaque ministre fait table rase de ce qui est fait par son prédécesseur et met en place une nouvelle stratégie. Sur le plan des ressources humaines, la refonte du système de la fonction publique de la santé est la solution. Il s’avère nécessaire de changer les textes juridiques et réglementaires ainsi que l’approche qui doivent être liée à la spécificité du secteur. Il faut instaurer une rémunération spécifique pour les ressources humaines. Le ministre de la Santé a été sensibilisé et convaincu de la nécessité de la refonte. Ce chantier aurait pu bien avancer si la crise sanitaire n’était pas survenue. La priorité actuellement est de travailler sur la limitation des dégâts et la vaccination de la population.

La réforme ne sera-t-elle pas mise en place au cours de ce mandat gouvernemental ?
Je ne pense pas que la réforme va être mise en place au cours de ce mandat, mais ses piliers peuvent être posés. On doit en effet œuvrer dans ce sens. Le débat sur cette refonte qui n’est pas facile doit être entamé. C’est un système qui a été géré pendant des décennies d’une manière aléatoire, sans vision claire, sans politique de santé. Il s’avère nécessaire d’asseoir une nouvelle approche basée sur une feuille de route qui sera prise en considération par les gouvernements qui se succèdent.

Ne faut-il pas aussi former assez de ressources humaines ?
Bien sûr, la formation devra s’inscrire dans ce cadre. On ne peut pas continuer avec la même cadence en termes de formation de médecins. La formation d’un médecin nécessite sept à huit ans. Et à la fin de ce parcours, il ne trouve pas d’attrait pour le secteur public. Celui-ci ne réunit pas les conditions nécessaires pour l’attirer que ce soit au niveau du salaire ou des conditions de travail. Un certain nombre de médecins préfèrent s’installer dans le secteur privé. Le salaire dérisoire des médecins dans le secteur public (8600 DH), après huit ans d’étude et celui des infirmiers (moins de 5000 DH) ne sont pas encourageants. Nos médecins et infirmiers sont sollicités partout dans le monde alors que notre système public n’est pas motivant. Il faut revoir aussi les différentes indemnités qui sont dérisoires (indemnité de garde, indemnité d’astreinte, indemnité de responsabilité, les tournées…). On demande l’amélioration de l’indemnité de risque de façon équitable d’autant plus que le personnel est exposé aux risques en ces temps de crise. 

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco


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