Mohammédia : La société civile se mobilise contre le terminal chimiquier
Le président de l’ONG Equibioz évoque l’explosion comme principal risque qui peut survenir dans ce genre de projet. En plus des risques environnementaux liés à l’exploitation et l’activité de l’écosystème chimique implanté dans les environs du port. Une étude commanditée par l’ANP limite les risques à ceux liés à la construction du projet.
Le projet de la zone du terminal chimiquier du port de Mohammedia n’est qu’à son stade préliminaire, mais il suscite déjà le mécontentement de la société civile. Michel Hicham Marbot, président de l’association Mohammedia Ville Solidaire et de l’ONG Equibioz, tire la sonnette d’alarme et évoque précisément le risque d’explosion que peut entraîner ce genre de projet. «Le risque d’explosion lié au terminal chimiquier est le plus pesant sur la communauté. De plus, l’implantation d’un tissu industriel composé d’opérateurs spécialisés en transformation chimique est susceptible de faire augmenter ce risque, sans compter l’impact environnemental de la transformation chimique sur l’environnement, de manière générale», s’alarme le président. En ce qui concerne sa position géographique, «le projet est situé dans une zone fortement urbanisée et il est, par-dessus tout, en contradiction avec la zone verte de Zenata», poursuit-il. Pourtant, dans une étude d’impact sur l’environnement, confiée par l’Agence nationale des ports (ANP), au cabinet MDC Ingénierie afin de mesurer l’impact de ce projet sur l’environnement, il n’y a aucune trace du risque d’explosion.
En effet, les principaux impacts environnementaux sont ceux susceptibles d’être générés par la poussière et les émissions du gaz émanant des véhicules. En plus des risques de contamination des sols par les déversements accidentels des hydrocarbures et des huiles de vidange et les risques d’infiltration des eaux usées. Pour ne citer que ceux-là.
La proximité du projet avec le milieu urbain, connu par sa densité, le cabinet MDC la classe dans la case «des risques sur le milieu humain» capables de causer des difficultés aux riverains, y compris celles liées à l’accessibilité. Quant aux risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et des riverains, l’étude les limite aux possibilités d’accidents, une éventualité que le cabinet n’écarte pas aussi en ce qui concerne le milieu naturel. «Ce chantier sera source de gêne pour la population riveraine ainsi que pour les activités. Les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et les riverains peuvent également subsister aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du chantier», lit-on sur le document de synthèse de l’étude. Pour Michel Marbot, qui critique de manière acerbe l’étude et ses conclusions, «celle-ci a été faite de manière très légère et incompréhensive, et la conclusion fait état d’un bilan positif du projet, ce qui n’est pas le cas», affirme-t-il.
Mesures de prévention prévues
Comme mesure anticipative, des clauses environnementales générales doivent, nous dit l’étude, être jointes aux documents de l’appel d’offres et seront soumises à un plan de surveillance. Ce programme, mis en place au cours des travaux, vise à garantir le respect des bonnes pratiques de sécurité et est soutenu par un plan de suivi environnemental. Cette mise en place de clauses environnementales sera accompagnée par une série de mesures dites d’atténuation et d’amplification visant à assurer des normes légales en matière d’environnement.
Les objectifs du projet
Le projet est conçu pour optimiser le bassin extérieur afin qu’il puisse libérer le bassin intérieur, souffrant actuellement d’un grand trafic et posant un problème de sécurité de manière générale. Cette optimisation passe essentiellement par l’externalisation des postes GPL (gaz de pétrole liquéfié) chimiquier et hydrocarbures. Le projet devra aussi permettre d’augmenter le rendement du port, assurer l’approvisionnement du marché en produits chimiques et mettre en application le plan de masse actualisé du port de Mohammedia. L’ouvrage, qui connaîtra l’aménagement d’une plateforme de chargement/déchargement, dédiée aux installations de transfert des produits chimiques, et des ouvrages d’accostage et d’amarrage sera proche des industriels du secteur de la chimie. Une exigence à caractère logistique.