Maroc

Mélilia veut se protéger contre la déferlante marocaine

Le président du gouvernement de l’enclave, Juan José Imbroda, a exhorté le gouvernement central à modifier le Code civil permettant aux enfants nés à Sebta et Mélilia d’accéder à la citoyenneté espagnole à l’âge de 18 ans.

Le président de Mélilia, Juan José Imbroda ne cache plus son animosité à l’adresse du Maroc. Si par le passé le baron du PP faisait preuve de retenue pour ne pas embarrasser son parti, aux commandes du gouvernement, désormais il ne se gêne plus pour afficher haut ses vraies intentions envers le royaume. La haute autorité de Mélilia devrait se réunir le 4 décembre avec le chef du gouvernement espagnol le socialiste Pedro Sanchez. Durant cette rencontre, Imbroda présentera officiellement une demande de l’enclave pour modifier la législation espagnole. Son objectif est d’interdire l’accès à la nationalité espagnole aux Marocains nés à Sebta et Mélilia, une fois âgés de 18 ans. Imbroda cherche des appuis auprès du gouvernement espagnol afin que ce dernier procède à une modification du code civil ibérique. La révision en question suggérée par le président de l’enclave permettra de doter les deux villes d’un statut exceptionnel où les enfants d’origine marocaine nés dans les présides seront inéligibles à la citoyenneté espagnole. «Mélilia ne peut pas supporter une telle pression sociale dans la ville», a argué le chef de l’Exécutif de l’enclave.

Pour Imbroda, la ville souffre «d’une série de faiblesses à cause de sa situation géographique et stratégique. Elle ne dispose pas de matières premières ni de ressources et s’étale sur à peine 12 kilomètres», ajoute-t-il. Le membre du PP a estimé que «si le gouvernement national n’appuie pas Mélilia, nous aurons de graves problèmes», a-t-il lancé, sur un ton menaçant. Pour lui, des «milliers de femmes marocaines accouchent dans l’enclave» et ces enfants peuvent réclamer la nationalité espagnole à l’âge de 18 ans. «Je crois que ce n’est pas juste car nous allons être à l’étroit ici», a ajouté le sénateur espagnol. Or, Imbroda n’a pas pu s’empêcher de révéler le fond de ses craintes. «Cela serait un problème que les immigrants puissent voter en masse». Fervent opposant au projet socialiste de permettant aux migrants jouissant d’un titre de séjour et d’une résidence stable de participer aux élections régionales de leur région, il craint que la présence des personnes d’origine marocaine ne renverse la vapeur et signe la fin de l’hégémonie du PP sur les enclaves. Le chef du gouvernement de Mélilia préfère davantage le principe de réciprocité, qui octroie le vote au scrutin local aux étrangers originaires de pays signataires de cette convention avec l’Espagne, majoritairement des pays sudaméricains. «Il faut légiférer l’exceptionnalité», a-t-il insisté.

Ironie de l’histoire alors que les deux gouvernements de Sebta et Mélilia revendiquent un traitement non discriminatoire, à l’exemple du reste des régions espagnoles, voilà que leurs gouvernements demandent des faveurs, confirmant de la sorte l’exceptionnalité du statut des deux présides. De ce fait, ce n’est pas la première fois que la menace démographique d’origine marocaine fait son apparition dans la vie politique des deux enclaves. Le think tank espagnol Real Instituto Elcano avait alerté dans une analyse publiée en 2016 à propos de l’avenir démographique des deux villes et sa probable contribution à modifier la carte politique des deux enclaves. Le prestigieux centre de recherches a même prédit la montée en puissance des électeurs d’origine marocaine et ses conséquences sur le statut de l’enclave ainsi que son avenir. «La croissance de la population de Sebta et Mélilia est une menace à leur stabilité sociale et politique», avait prédit le centre espagnol. 


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