Mélilia fait les yeux doux aux imams algériens

Un organisme religieux a invité les imams algériens à assurer les prêches dans les mosquées de l’enclave. C’est la riposte à la décision des autorités marocaines de fermer la douane, selon un média espagnol.
Est-ce le début de la rupture, du moins sur le volet religieux, entre Mélilia et le Maroc ? Selon le journal www.elespanol.com, la commission islamique Annur, a lancé un appel aux imams d’origine algérienne pour remplacer leurs homologues marocains dans les mosquées de l’enclave. Selon ce média, cette démarche serait la riposte à la décision des autorités marocaines de fermer, unilatéralement, la douane commerciale au poste de Béni Ansar. De même, cette mesure devrait servir de tremplin pour promouvoir les relations commerciales entre l’enclave et le pays voisin, ajoute le média espagnol, comme alternative aux échanges avec le royaume. La fermeture de la dépendance douanière marocaine, en août 2018, a causé d’importantes pertes au commerce de l’enclave dont le trafic portuaire a drastiquement reculé. Des ports andalous seraient en passe de conclure des accords avec le port de Nador pour rediriger leur commerce vers ce terminal portuaire afin de contourner la décision marocaine.
De plus, des entreprises avaient même avancé l’idée de s’installer dans la région de l’Oriental pour pouvoir acheminer leurs importations via le port de Nador. La décision donc de faire appel à des imams algériens serait la contre-attaque des musulmans de l’enclave à la mesure prise par les autorités marocaines, une mesure hautement critiquée par le préside, dans toutes ses composantes. De fait, le Maroc a toujours joué un rôle important dans la gestion du champ religieux en Espagne. L’objectif étant de protéger les musulmans contre les discours de haine et d’extrémisme, tout en encadrant la communauté marocaine présente sur ce territoire. De surcroît, l’apport des autorités marocaines n’est pas que spirituel. Celles-ci débloquent une aide financière conséquente selon ce qu’a déclaré en 2018 le ministère des Habous et des affaires islamiques, à EFE.
D’après ce département, le Maroc finance toutes les activités liées à la pratique du culte musulman dans les enclaves de Sebta et Mélilia. Concrètement, 34 mosquées de Sebta reçoivent un financement direct du royaume contre 17 à Mélilia. De surcroît, le contribuable marocain s’acquitte des honoraires de «96 fonctionnaires religieux à Sebta et 58 à Mélilia», selon ce qu’a confirmé le ministère à l’Agence EFE. Concrètement, un imam affecté dans une mosquée de Sebta ou de Mélilia perçoit 600 euros par mois, contre 300 pour celui assurant l’office du vendredi. En réalité, le Maroc n’a jamais caché ses ambitions de contrôler les lieux de prêche et de prières en Espagne. Au lendemain des attentats terroristes de Barcelone, qui ont fait 43 victimes, les autorités marocaines ont réitéré auprès de leurs homologues espagnoles leur requête de prendre en charge la formation et le suivi de ce dossier.
De même, le Maroc mandate chaque année, durant le mois de Ramadan des imams marocains dans plusieurs pays européens, pour animer les causeries religieuses et les prières durant ce mois sacré. L’année dernière, Rabat a dépêché 56 prédicateurs dans les mosquées en Espagne pour assurer l’encadrement religieux durant ce mois. Et ce n’est pas tout. Plusieurs associations marocaines piochent dans leurs caisses et sollicitent la générosité des fidèles pour faire appel à des imams marocains afin d’animer les veillées religieuses et les prêches tout au long de ce mois de piété. Ce qui en dit long sur la puissance de l’encadrement religieux marocain en Espagne. Or, si Mélilia a décidé de tourner le dos au Maroc et tendre la main aux Algériens comme mesure de représailles, Sebta ne tardera pas à lui emboîter le pas.