Maroc

Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières : l’heure des mesures strictes

Le Maroc a toutes ses chances pour mieux répondre aux exigences du MAFC. L’analyse menée par le Policy center, sur les opportunités que le Maroc devrait saisir et les défis auxquels il est confronté, révèle une étude approfondie des secteurs et des produits concernés. La diversification des destinations et l’adoption d’un cadre réglementaire s’avèrent indispensables.

C’est un pas important à franchir pour se mettre au diapason des pays européens qui ont adopté le mécanisme d’ajustement aux frontières carbone (MAFC) pour lutter contre le changement climatique. La réduction de l’empreinte carbone, qui consiste à imposer un prix sur les émissions de carbone incorporées dans certains biens importés par l’UE, est susceptible d’avoir un impact sur les économies du monde entier, y compris celle du Maroc. Dans sa toute récente analyse sur le sujet, le Policy center examine les récents développements du MAFC et évalue leurs implications pour l’économie du Royaume ainsi que les efforts de ce dernier en matière de lutte contre le changement climatique.
Les défis à relever
En termes de défis potentiels auxquels l’économie marocaine pourrait faire face du fait de l’introduction du MAFC, la note soulève que l’impact sera nuancé sur le Maroc, étant donné ses importantes relations commerciales avec l’UE, son principal partenaire commercial. Toutefois, il s’avère qu’analyser l’impact du MAFC sur le Royaume, par le biais d’une évaluation quantitative, n’est pas une mince affaire, du fait des incertitudes entourant la conception et la portée de ce mécanisme. Il s’y ajoute des complexités liées à la prise en compte des émissions indirectes de gaz à effet de serre.
«Cependant, même en l’absence de telles évaluations, il est possible de saisir certains de ces impacts en utilisant les données disponibles. Pour ce faire, il est essentiel de comprendre le contexte mondial et la position du Maroc au sein de celui-ci», souligne la note du Policy Center.
L’analyse nécessite ainsi la compréhension de la vulnérabilité des principaux exportateurs de l’UE au MAFC. Cependant, pour atténuer l’impact, le Maroc pourrait explorer la possibilité de mettre en œuvre ses propres mécanismes rigoureux de tarification du carbone. Dans le même sillage, l’industrie nationale pourrait également chercher à diversifier ses marchés d’exportation afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du marché européen. En augmentant ses exportations vers des régions telles que l’Afrique, les Amériques, le Moyen-Orient ou encore l’Asie, le Royaume peut créer de nouvelles opportunités pour promouvoir ses produits et services à faible émission de carbone. Dans cette optique, un investissement accru dans les énergies renouvelables et les technologies d’efficacité énergétique contribuera à réduire les émissions de carbone incorporées dans les produits d’exportation. Cette approche serait conforme aux objectifs climatiques de l’UE et pourrait potentiellement réduire les coûts liés au carbone, imposés par le MAFC.
Les opportunités à saisir
Quant aux opportunités, atténuer l’impact du MAFC sur l’économie marocaine nécessitera des mesures proactives. La première étape pour le Maroc devrait consister à passer en revue la liste des biens échangés avec les importateurs de l’UE afin d’identifier, précisément et quantitativement, ceux qui entrent dans le champ d’application du régime du MAFC.
La clarté dans l’attribution des rôles et des responsabilités garantira une réponse coordonnée et efficace aux nouvelles mesures. Les parties responsables devront identifier les points de données nécessaires pour se conformer au MAFC et modéliser les implications financières pour les entreprises ou leurs clients. Cette évaluation identifiera les domaines de signification financière et permettra aux parties prenantes concernées, de développer les activités de conformité. Ces étapes sont d’autant plus importantes qu’elles permettraient au Maroc d’élaborer un plan séquencé pour mettre en œuvre une réponse coordonnée au MAFC.
Le Royaume devra aussi surveiller activement l’environnement mondial de tarification du carbone afin de réagir de manière coordonnée et opportune aux nouveaux régimes ou aux modifications y afférentes. Il faut noter que le Maroc est bien placé dans le domaine de la transition énergétique, avec ses ressources renouvelables constituant un atout majeur pour sa stratégie de décarbonation. Par conséquent, pour accélérer la réalisation de cette vision, il devra déployer un certain nombre d’actions stratégiques.
Ainsi, il est d’une importance capitale de concevoir et de mettre en œuvre des politiques ciblées pour soutenir les secteurs directement affectés par le MAFC, tels que la production de ciment, d’acier et d’engrais. L’établissement de systèmes de certification et de suivi complets pourrait également jouer un rôle crucial pour assurer la conformité et faciliter le suivi des progrès. Au-delà des secteurs directement touchés par le MAFC, il est impératif que le Maroc maintienne sa vision de décarbonation globale dans les secteurs clés de l’énergie, de l’agriculture, du transport et des industries extractives.
Néanmoins, atteindre ces objectifs nécessitera de renforcer le cadre réglementaire en intégrant des incitations, en offrant une certitude juridique et en encourageant activement le développement de sources d’énergie renouvelable, l’augmentation de l’efficacité énergétique et la promotion de pratiques d’utilisation durable des terres. Pour y parvenir, concevoir des formations adéquates, et promouvoir une recherche et développement spécifique, s’imposent.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO



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