Maroc-USA : et maintenant ?
Joe Biden est depuis mercredi 20 janvier le 46e président des Etats-Unis. Le remplaçant de Donald Trump à la maison blanche fera-t-il mieux que son prédécesseur, décoré par le roi du prestigieux Wissam Al-Mohammadi à deux jours de la fin de son mandat à la tête de l’Amérique ?
Vétéran de la classe politique américaine, Joe Biden, âgé de 78 ans, est désormais le 46e président des Etats-Unis. Le tombeur de Donald Trump a prêté serment mercredi 20 janvier au capitole, non devant une foule immense d’Américains, comme le veut la tradition aux USA, mais devant une marrée de drapeaux aux couleurs du pays de l’Oncle Sam. Covid-19 oblige, d’une part et d’autre part, le contexte sécuritaire actuel en Amérique. Quelques jours plutôt, des manifestants « pro-Trump » avaient envahi le bâtiment qui sert de siège au Congrès, le pouvoir législatif des Etats-Unis. Seuls quelques privilégiés ont assisté à la cérémonie officielle de prestation de serment de l’ancien vice-président américain sous l’ère Obama. Une cérémonie sous haute surveillance, puisque plus de 26.000 hommes armés jusqu’aux dents ont été envoyés sur les lieux. C’est dire à quel point la situation est tendue aux USA. Il faut dire également que les attentes qui pèsent sur les épaules du nouveau président démocrate sont nombreuses. Sur le plan intérieur, le principal défi pour Joe Biden consistera à réconcilier les Américains, profondément divisés durant les quatre années de présidence de Donald Trump, lequel n’a pas encore dit son dernier mot. «Nous reviendrons sous une forme ou une autre», a déclaré mercredi Trump sous les vivats de la foule avant de s’envoler à bord d’Air Force One pour la Floride où il entamera sa nouvelle vie d’ex président. S’il a quitté la présidence des États-Unis avec la cote de popularité la plus basse qu’il ait connue, 34% d’opinions favorables selon une enquête de l’institut Gallup publiée lundi 18 janvier, le capital sympathie du milliardaire demeure encore insondable en réalité.
Trump est parti mais le trumpiste demeure
«Nous pouvons nous traiter les uns les autres avec dignité, respect, nous traiter comme voisins plutôt que comme adversaires», a déclaré Joe Biden dans un discours depuis le Capitole mercredi 20 janvier à Washington pour tenter de rassembler d’ores et déjà ses compatriotes. Le nouveau président démocrate qui s’est voulu rassembleur fera également face à un autre défi de taille, toujours sur le plan intérieur. Plus de 400.500 Américains sont morts de la Covid-19, lequel virus fait des ravages dans le pays de l’Amérique du nord. S’ajoute à ceci, aussi, l’économie. Dans la même foulée, Joe Biden doit aussi réconcilier l’Amérique avec le reste du monde. Guerre commerciale avec la Chine, rupture de l’accord sur le nucléaire iranien, retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat… La liste des dossiers controversés laissés par Trump et auxquels Joe Biden compte mettre fin est longue. Et même si sa manière de faire en matière de politique commerciale avec l’Afrique ne fait pas l’unanimité, le traitement réservé au Maroc sous l’ère de Trump était globalement respectueux.
Maroc-USA: les bases sont là !
Faut-il le rappeler, dans un tweet le 10 décembre dernier, celui que l’on surnomme le cousin d’Amérique du Maroc, a annoncé que les États-Unis reconnaissaient désormais la souveraineté du Maroc sur le Sahara rejetant «les statu quo ratés qui ne bénéficiaient à personne et, à la place, il a mis en route une solution durable et mutuellement acceptable», avait immédiatement commenté un chef d’Etat. S’en est suivie la signature de plusieurs deals dans de nombreux domaines et l’ouverture d’un consulat américain au sud du royaume. En réalité, les investissements américains qui continuent de prospérer au Maroc ne datent pas d’aujourd’hui. Le Maroc est à ce jour le plus grand bénéficiaire des fonds Millenium Challenge Corporation (MCC).
«Le MCC et le gouvernement marocain s’associent actuellement pour mettre en œuvre un pacte de 450 millions de dollars pour faire face à deux contraintes majeures à la croissance économique au Maroc – l’employabilité et la productivité des terres – qui sont également des préoccupations et des priorités essentielles des citoyens marocains», a souligné précédemment l’ambassadeur des États-Unis au Maroc, David Fischer, pour qui en plus de cette enveloppe, l’USAID «prévoit d’investir 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années, en étroite collaboration avec le gouvernement du Maroc, pour soutenir la gouvernance locale participative, une croissance économique accrue, de meilleurs résultats en matière d’éducation et la résilience des communautés». On le voit bien, le Maroc qui jouit d’une excellente relation bilatérale avec les USA depuis plus de 200 ans, ferait partie de ces rares pays africains amis avec les Yankees même avec un Trump à la maison blanche.
Quid du nouveau président?
Que peut attendre le Maroc du nouveau président américain ? Selon l’économiste Khalid Ben Ali, contrairement à la Chine ou la Russie, le Royaume du Maroc n’est pas en concurrence directe avec les États-Unis sur les grands sujets internationaux, tels que la question de la monnaie ou de l’armement par exemple. Dès lors, le Maroc n’a pas besoin de leçons des Etats-Unis. «Nous avons fait d’énormes progrès en matière de lutte contre le terrorisme, de blanchiment d’argent et de défense des droits de l’Homme», des thèmes chers à la diplomatie américaine, nous expliquait-il dans une précédente édition. «Avec un tel pedigree, doublé de stabilité politique et de bien d’autres atouts économiques, quel que soit le président qui occupera le Bureau ovale, il sera facile pour le Maroc de tirer profit de ses relations avec l’Amérique», précisait l’économiste. Pourtant, d’autres observateurs se veulent plus craintifs. Une analyste politique marocaine sondée retient le fait que «toutes les minorités, amérindienne, afro-américaine, transgenre, homosexuelle etc, sont bien représentées dans l’équipe de Biden». Pourtant, ajoute cette analyste, «le président n’a-t -il pas trouvé de compétences / potentialités dans la communauté arabo – musulmane à intégrer dans son équipe pour que la diversité soit plus représentative?». Il faut noter que Joe Biden s’est engagé à corriger une injustice faite à certains musulmans annulant le décret migratoire controversé adopté par son prédécesseur pour interdire aux ressortissants de pays en majorité musulmans d’entrer aux États-Unis.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco