Maroc

Maroc-Russie : Une volonté commune de diversifier le partenariat économique

La quatrième rencontre Maroc-Russie est une occasion de mettre en place de nouveaux outils d’amélioration des échanges et de renforcement du partenariat. Agriculture, gaz naturel liquéfié, textile, produits pharmaceutiques… la liste des secteurs s’allonge et l’éducation s’érige en priorité.

La visite officielle au Maroc de Dmitri Medvedev, qui a démarré mardi, marque un tournant dans les relations entre les deux pays. Lors d’une conférence qu’il a tenue, hier à l’École Mohammedia des ingénieurs à Rabat, le président du gouvernement russe a parlé de nouvelles perspectives de la coopération bilatérale. Celui qui s’est vu décerner, durant cette même matinée, le titre de «Docteur Honoris Causa» par l’Université Mohammed V de Rabat a montré une forte volonté d’intensifier les échanges commerciaux entre les deux pays. Justement, depuis la visite royale en Russie en 2002, plusieurs accords et conventions ont été signées visant à élever le niveau des relations économiques, culturelles et politiques entre les deux pays.

Dans ce sens, Medvedev a expliqué que depuis 2002, les relations entre les deux pays revêtent un caractère stratégique. «Ce n’est pas un hasard que des projets dans les domaines de l’éducation, de l’agriculture et des technologies de pointe soient réalisés dans le cadre de partenariats fructueux entre les deux pays et se poursuivront aujourd’hui tous azimuts», a-t-il affirmé. Mais celui qui a été pendant dix ans professeur de droit civil à l’Université de Saint-Pétersbourg, chantre de l’innovation en Russie, ne jure que par l’éducation et la formation pour booster le niveau des relations. «Nous pouvons faire mieux, notamment par le biais de l’éducation et de la formation. En effet, l’économie innovante suppose le life learning», a expliqué Medvedev. Et pour améliorer l’attractivité de son pays dans le domaine de l’enseignement, le chef du gouvernement russe vient de lancer un portail dédié aux étudiants à travers le monde qui veulent étudier en langue russe. «Je pense que le contact direct est meilleur que les réseaux sociaux. Une opportunité pour la jeunesse de se comprendre et de se regarder. Il y a des problèmes dans le monde -dont le conflit au Moyen-Orient- qui nécessitent ce genre de contact à travers l’éducation pour aller au-delà des désaccords», ajoute-t-il.

Le made in Morocco à la conquête de la Russie
Après la visite du roi en Russie en octobre 2002 et la déclaration du partenariat stratégique entre les deux pays, la visite en 2006 du président russe Vladimir Poutine au Maroc a scellé le caractère pérenne de ce partenariat; plus récemment, en 2016, plusieurs conventions et mémorandums ont été signés entre les deux pays à l’occasion de la visite royale en Russie. Aujourd’hui, la quatrième rencontre économique Maroc-Russie, qui a démarré  à l’initiative de la CGEM et en partenariat avec le Conseil d’affaires arabo-russe, vise à promouvoir un partenariat gagnant-gagnant entre les entreprises marocaines et leurs homologues russes. Une importante délégation d’hommes d’affaires russes a accompagné le Premier ministre russe dans ce déplacement de haute importance. C’est une occasion de promouvoir les produits made in Morocco et le label Maroc auprès du marché russe. 

D’ailleurs, onze accords de partenariat bilatéral ont été signées hier, dans le cadre d’une réunion de travail présidée par le chef de gouvernement marocain Saâd Eddine El Othmani et le premier ministre russe, ce qui est de nature à renforcer l’arsenal juridique régissant le partenariat stratégique maroco-russe déjà conforté par les 16 conventions signées en mars 2016. Ces accords portent notamment sur le renforcement de la coopération douanière, agricole, militaire, diplomatique, administrative, commerciale et culturelle, et couvrent également l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Rappelons que le Maroc s’est résolument tourné vers la Russie dans le cadre de sa politique de diversification des marchés depuis la crise de 2008.  Si l’on se focalise aujourd’hui sur les échanges commerciaux entre les deux pays, l’on remarque que les exportations marocaines globales à destination de la Russie sont constituées à 97% de produits agro-alimentaires. La Russie représente ainsi près de 18% de la valeur totale des exportations agro-alimentaires du Maroc pour atteindre 1,8 MMDH en 2016. Par ailleurs, le Maroc a exporté vers la Russie, en 2016, un total de 351.000 tonnes de produits agro-alimentaires, se positionnant ainsi comme le premier fournisseur du marché russe en tomate et le deuxième en petits fruits d’agrumes. Pour ce qui est du secteur de la pêche, le Maroc est le premier fournisseur de la Russie en sardines congelées avec un volume de 7,4 millions de tonnes en 2016 et plus de 90 entreprises qui opèrent dans la pêche. De manière globale, la Fédération de Russie est le 8e partenaire commercial avec environ 22,5 MMDH d’échanges dont 20 MMDH de dirhams à l’importation de Russie et 2,2 MMDH à l’exportation par le Maroc.

UEEA : un marché de 200 millions de consommateurs
À travers des missions d’approche du marché russe, les entreprises marocaines, dans les domaines pharmaceutiques et du textile (pour ne citer que ces deux secteurs) sont particulièrement dynamiques avec une forte volonté de nouer des partenariats.

Le ministre de l’Agriculture russe, Alexandre Tkatchev, a souligné dans ce sens, que le renforcement de la coopération avec l’Union économique eurasiatique (UEEA) permettra au Maroc de s’ouvrir sur un marché de plus de 200 millions de consommateurs dans la mesure où les exportations marocaines vers la Russie peuvent également atteindre les pays de cet espace économique. Le responsable a également appelé les deux gouvernements à déployer leurs efforts en vue d’établir une zone de libre-échange pour augmenter le volume des échanges commerciaux et lever les barrières douanières. Il a souligné la nécessité d’ouvrir un «passage vert» pour les investisseurs des deux pays afin d’accélérer et de simplifier les formalités douanières. De même, Tkatchev a appelé les opérateurs et exportateurs marocains à saisir les opportunités qu’offre le marché russe et a mis en avant l’importance du marché marocain pour son pays qui prévoit d’exporter 1 million de tonnes de blé vers le Maroc. Aujourd’hui, la Russie est en passe de réaliser des investissements au Maroc portant sur les industries pharmaceutiques, l’automobile et l’énergie, notamment le gaz naturel liquéfié, la production d’électricité et les infrastructures.


La Russie rayonne par l’éducation

Dans son intervention hier à l’EMI (Rabat), le président du gouvernement russe a mis l’accent sur l’échange culturel et scientifique comme vecteur d’un partenariat pérenne. Pour lui, les étudiants marocains en Russie, qui se comptent par centaines, sont une aubaine pour améliorer les relations bilatérales. Pour lui, l’économie marocaine est en transformation pour s’adapter aux crises et au changements économiques, avant de conclure qu’il est plus opportun de s’y attaquer ensemble. «Nous avons lancé un projet pour l’exportation de l’enseignement russe et améliorer son attractivité et l’accueil de nos universités», a-t-il lancé à l’endroit des étudiants marocains désireux de poursuivre leurs études dans les universités russes. Aujourd’hui, plus de 1.300 étudiants dans différents domaines scientifiques suivent des cursus en Russie. À l’université Mohammed V de Rabat, il y a aussi un engouement pour la langue russe avec plus de 200 étudiants. Par ailleurs, 600 étudiants se sont définitivement installés dans ce pays. Par le biais de la qualité de l’enseignement, la Russie veut retrouver l’aura dont elle jouissait du temps de l’URSS. Pour y arriver, le gouvernement russe a mis en place une politique volontariste tournée vers l’innovation et la recherche.


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