Maroc

Maroc-Espagne : une nouvelle mesure complique le retour des résidents

Une instruction de la police espagnole, en vigueur du 15 juin au 30 septembre, impose de nouvelles conditions aux Marocains dont le titre de séjour est expiré. Si l’entrée par Sebta, Melilia ou par ferry depuis le Maroc, reste possible avec de simples justificatifs, le retour par avion exige une autorisation préalable, que beaucoup n’ont pas obtenue. Résultat : étudiants et travailleurs se retrouvent bloqués au Maroc.

À l’approche de la rentrée universitaire et professionnelle, de nombreux Marocains titulaires d’un titre de séjour espagnol se retrouvent pris au piège d’une mesure administrative passée largement inaperçue au moment de son adoption. Venus passer leurs vacances d’été au Maroc, ils sont aujourd’hui «varados» — bloqués — et incapables de regagner l’Espagne.

L’information a été donnée par le média espagnol El Faro de Sebta, qui revient sur les conditions restrictives introduites par une instruction signée le 9 juin 2025 par la Comisaría general de extranjería y fronteras.

Cette instruction, applicable de manière exceptionnelle du 15 juin au 30 septembre 2025, redéfinit les modalités de réadmission sur le territoire espagnol pour les étrangers dont le titre de séjour a expiré. Officiellement, l’objectif est double : désengorger les services d’immigration très sollicités pendant l’été et éviter que des résidents ne prolongent indéfiniment leur séjour hors d’Espagne sans renouveler leur carte. Dans les faits, cette règle saisonnière a multiplié les blocages, touchant de plein fouet étudiants, travailleurs et familles établis légalement de l’autre côté du détroit.

Deux scénarii
Le texte distingue deux possibilités. Pour les retours par voie terrestre ou maritime — via les frontières de Sebta et Melilia, ou par ferry depuis le Maroc — l’entrée reste possible à condition de présenter trois pièces : passeport en cours de validité, titre de séjour expiré et preuve du dépôt de la demande de renouvellement.

Dans ce cas, l’administration se contente de ces justificatifs et les résidents peuvent franchir la frontière. La situation est tout autre pour les voyageurs par avion. L’instruction impose la présentation d’une autorisation de retour (autorización de regreso), document qui doit obligatoirement être demandé et obtenu avant la sortie du territoire espagnol.

À défaut, les compagnies aériennes refusent l’embarquement. C’est ce point précis — la nécessité d’un document préalable, impossible à régulariser une fois parti — qui explique pourquoi tant de résidents se retrouvent aujourd’hui bloqués dans les aéroports marocains, bien que leur renouvellement soit engagé. La portée de cette autorisation est, de surcroît, limitée : elle n’est valable qu’aux frontières espagnoles et ne permet pas de transiter par un autre pays de l’espace Schengen avant de rejoindre l’Espagne.

Pour les personnes concernées, le choix du mode de transport fait donc toute la différence : tandis que certains peuvent encore rentrer par voie terrestre ou maritime avec des justificatifs simples, d’autres restent immobilisés à l’embarquement faute d’avoir obtenu à temps l’autorisation exigée pour les vols. Présentée comme un ajustement temporaire de gestion des flux, la mesure a des effets lourds. Des étudiants risquent de manquer leur rentrée universitaire; des salariés ne peuvent pas reprendre leur poste.

Dans les communautés marocaines liées aux enclaves espagnoles, cette différence de traitement selon le moyen de transport alimente un sentiment d’injustice, la règle étant perçue comme peu anticipée et mal communiquée.

Qu’est-ce qu’une autorisation de retour ?

L’autorisation de retour est un document prévu aux articles 5 et 7.3 du règlement d’application de la loi sur les étrangers. Il est utilisé pour que les étrangers qui renouvellent leur résidence en Espagne puissent quitter temporairement le pays y et revenir sans problème aux contrôles aux frontières.

Il s’agit d’une mesure destinée à faire en sorte que les vacances ou les voyages en famille ne deviennent pas un obstacle juridique pour ceux qui résident déjà sur le territoire espagnol. Cependant, pendant les mois d’été, le volume des demandes augmente considérablement et, comme l’instruction elle-même le reconnaît, cela entraîne des retards dans le traitement des résidences.

Pour éviter la saturation, l’Intérieur a décidé d’assouplir les entrées par voie terrestre et maritime, tout en resserrant les conditions pour ceux qui reviennent par avion.

S.N. / Les Inspirations ÉCO



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