Marhaba 2025 : des retombées économiques mitigées

Si les indicateurs officiels saluent une fréquentation en hausse des Marocains du monde, sur le terrain, commerçants et restaurateurs peinent à percevoir les bénéfices attendus. Prix élevés, consommation plus mesurée, attentes revues à la hausse, le comportement des MRE semble évoluer. Au point de rebattre les cartes d’une saison estivale moins florissante qu’espéré.
Chaque été, leur retour rythme l’actualité nationale. Et cette année encore, l’opération Marhaba bat son plein. Selon les données communiquées par les autorités compétentes, près de 2,8 millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont franchi les frontières du Royaume entre le 10 juin et le 4 août, soit une hausse de 10,37% par rapport à 2024.
Le nombre de véhicules accompagnant cette vague estivale s’élève à 838.360, en progression de 3,74%. Des chiffres interprétés par les autorités comme le signe d’un succès notable de l’opération et d’une saison estivale qui se déroule dans de bonnes conditions à tous les niveaux.
Pourtant, derrière cette dynamique apparente, un discours plus nuancé émerge chez les professionnels du tourisme et du commerce. Dans les souks, les hôtels ou encore les restaurants, l’effervescence espérée tarde à se concrétiser.
«Il est d’usage de connaître dès juillet une demande importante des MRE, qui dynamise le marché. Cette année, le flux n’est pas au rendez-vous. Certains se plaignent de prix élevés», déplore un revendeur de tissu. Même son de cloche du côté de la restauration.
À Marrakech, haut lieu du tourisme national, l’ambiance est plutôt calme, selon Imane Rmili, présidente de la Fédération des restaurateurs touristiques. «Les chiffres globaux que nous constatons sont en légère baisse par rapport à l’an dernier. On parle d’une diminution de 10% à 15% selon les secteurs. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il faut tirer la sonnette d’alarme», tempère-t-elle.
La faute à l’inflation !
Dans les témoignages recueillis, une cause revient avec insistance, celle de la cherté de la vie. Face à des prix jugés excessifs dans certains établissements hôteliers, une partie des MRE semble préférer les solutions alternatives. Résultat, un manque à gagner pour de nombreux acteurs économiques qui, traditionnellement, comptent sur l’été pour faire du chiffre.
Un contraste saisissant donc, entre la hausse documentée des flux d’entrée et les retombées économiques jugées décevantes. Le port de Tanger Med, principal point d’accès maritime, a pourtant accueilli 555.753 passagers et 175.808 véhicules, représentant à lui seul plus d’un tiers des arrivées maritimes.
De son côté, l’aéroport Mohammed V de Casablanca a enregistré 320.395 arrivées, soit un quart du trafic aérien en provenance de la diaspora. Face aux doutes relayés dans certains médias ou réseaux sociaux, les autorités tiennent à rassurer.
Toutefois, si l’été semble pour certains moins lucratif que prévu, la saison n’est pas encore terminée. Août demeure un mois de forte activité. Les espoirs de voir les caisses se remplir à la dernière minute ne sont donc pas entièrement dissipés. Mais la dichotomie entre les indicateurs quantitatifs rassurants et un ressenti économique morose interroge. Les Marocains du monde sont-ils toujours les mêmes moteurs de consommation ? Ou bien faut-il repenser l’accueil, les prix et l’offre locale pour mieux répondre à leurs nouvelles attentes.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO