Maroc

Made in Morocco : digitalisation et diversification, les ingrédients pour mieux rayonner à l’international

Adil Lamnin
Président de l’Association professionnelle des marques marocaines

Si le Maroc a fourni d’importants efforts pour la promotion du Made in Morocco, il reste d’importantes étapes à franchir pour atteindre le plein potentiel de la fabrication locale. Dans cet entretien,  Adil Lamnini, président de l’Association professionnelle des marques marocaines, se penche sur les ingrédients à même de permettre au Made in Morocco de rayonner dans le monde. 

Pourriez-vous nous donner votre définition du Made in Morocco?
Le Made in Morocco est stratégique et essentiel pour le développement économique du Maroc. Il favorise la création d’emplois stables, l’augmentation des revenus des ménages et la diversification des exportations, tout en améliorant les conditions de vie des personnes à faible revenu et des communautés rurales. En outre, le Made in Morocco encourage l’utilisation de ressources humaines nationales, de matières premières locales et de technologies modernes, ce qui permet à nos PME de se positionner sur le marché intérieur et à l’exportation. Par ailleurs, il s’agit d’un outil politique important qui favorise l’autonomisation économique du pays et renforce sa souveraineté. De plus, en montrant au monde entier le savoir-faire du Royaume, le Made in Morocco contribue à l’amélioration de la notoriété de la marque Maroc et à l’attractivité internationale de son économie. Il est donc un atout primordial pour un Nation Branding réussi dans un monde VUCA où les enjeux climatiques, sanitaires, sociaux et géopolitiques sont de plus en plus présents.

Quel est le seuil d’intégration nous permettant de dire qu’un produit est made in Morocco?
Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les règles d’origine sont des critères permettant de déterminer d’où provient un produit. Elles définissent, si on peut dire, la nationalité économique des marchandises et sont décrites dans l’article premier de l’accord sur les règles d’origine. Lorsqu’il n’est pas possible d’établir l’origine sur la base des dispositions, on peut avoir recours à la règle du «Major portion rule» selon laquelle, lorsqu’une marchandise est issue de matières (originaires ou non) de plus d’un pays, le pays d’origine de cette marchandise est celui dont est originaire la majeure partie de ces matières. Les proportions peuvent être mesurées en valeur, en poids ou encore en volume, selon la nature des composantes (solide, liquide, gaz). On peut aussi se reposer sur la règle du «Completely knocked down» (CKD) selon laquelle une marchandise non assemblée – qui est exportée en un ou plusieurs envois et qui sera assemblée dans le pays d’importation – peut être traitée, pour la détermination de l’origine, comme un article assemblé dans le pays d’exportation. Ceci-dit, au Maroc, il est communément considéré, pour les produits manufacturés, un taux d’intégration minimum de 35% comme fourchette basse pour leur attribuer l’origine Made in Morocco.

Quels sont les ingrédients pour que le Made in Morocco puisse rayonner dans le monde?
Nous sommes convaincus, au sein de l’Association professionnelle des marques marocaines, que les produits et services Made in Morocco bénéficient d’un grand potentiel, tant sur le marché local qu’à l’échelle internationale. Nous sommes également conscients que les entreprises ont besoin d’un accompagnement professionnel pour des questions relatives au branding, au marketing, à l’emballage et à la logistique. Nous sommes aussi convaincus que la digitalisation de nos marques leur permettra d’être plus accessibles et plus visibles sur le marché, à condition de s’adapter aux demandes et aux habitudes de consommation des différents segments de clientèle. Il est à signaler que tous les experts en commerce international estiment qu’il est essentiel que les PME/PMI marocaines diversifient leurs activités d’exportation et leurs portefeuilles produits.

La diversification des marchés signifie qu’elles peuvent tirer parti des opportunités offertes par les différents pays et régions, et cela implique également l’adoption de nouvelles stratégies de marketing. La diversification du portefeuille produit pourrait permettre aux entreprises de s’adapter aux changements des conditions économiques des autres pays et de s’adapter aux préférences diversifiées des consommateurs ainsi qu’à leurs changements.

L’Afrique représente un marché très intéressant pour les entreprises qui cherchent à diversifier leurs activités d’exportation. Il y a une demande importante pour une grande variété de produits et services. Il y a également de nombreux débouchés commerciaux entre l’Afrique et les principales régions du monde.

De plus, il existe de nombreux programmes et initiatives mis en place par des organisations internationales afin de soutenir l’investissement des entreprises africaines. Enfin, il y a une forte demande de biens et de services de qualité, ce qui offre aux entreprises la possibilité de créer une valeur ajoutée et un avantage concurrentiel.

La crise a-t-elle renforcé la perception du made in Morocco?
Nous avons gagné 10 ans et plusieurs milliards de dirhams d’investissements publicitaires grâce au Covid mais aussi grâce à la visibilité offerte par notre équipe nationale lors de la Coupe du monde au Qatar! Le Maroc est aujourd’hui une destination d’investissement sûre et une plateforme de nearshoring incontournable. Ceci-dit, rappelons que le ministère a lancé, en plein Covid, cette banque de projets industriels dans le cadre de son plan de relance industrielle (2021-2023).

Cette stratégie vise à remplacer les importations, à stimuler la participation des entreprises marocaines dans l’industrie et à réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de soutenir les exportations. Lors de la journée de l’Industrie, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie, a même déclaré que l’objectif de son ministère est de faire du Made in Morocco un marqueur de qualité, de compétitivité et de durabilité pour répondre aux besoins du consommateur et gagner sa confiance. Il a annoncé aussi avoir mis en place pour y parvenir un dispositif de promotion de la fabrication locale à travers la Banque de projets qui a identifié, à ce jour, 1.542 projets d’investissement pour une substitution à l’import de 75,9 MMDH.

Au-delà du travail d’identification – qui est certes important -, nous aurions voulu entendre le ministère au sujet du projet de révision de la cinquantaine d’accords de libre-échange qui sont en réalité la vrai cause du déséquilibre de notre économie dont les exemples, turc pour le textile ou tunisien pour les cahiers scolaires, ne sont que la partie visible de l’iceberg ! Nous aurions voulu aussi entendre le ministère au sujet de l’accélération des procédures de protection de notre production nationale à travers la mise en place et l’application des Normes marocaines (NM).

Le travail de fonds entamé par IMANOR doit être une priorité absolue. Nous souhaiterions aussi rappeler que notre économie n’est pas uniquement celle des élites de la CGEM, mais qu’elle est essentiellement portée par des TPE et des PME à plus de 95%, et que les barrières à l’entrée des secteurs prioritaires, ainsi que les tickets d’investissement relatifs aux projets de cette banque de projets, accusent un réel décalage par rapport à la réalité de notre tissu entrepreneurial ! Nous proposons que cette banque de projets soit adossée aux plans de développement régionaux (PDR) pour mieux répondre aux besoins des territoires dont les CRI sont les relais. Cela permettra de mieux répartir les investissements en fonction du potentiel et des besoins de chaque région, conformément à la vision royale, celle de la décentralisation et du renforcement de la régionalisation

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO


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