Maroc

Les potiers en colère contre les Habous

Près de 400 artisans potiers ont organisé un sit-in à Fès, suite à la décision du ministère des Habous et des affaires islamiques de lancer un courtage ouvert au public visant l’exploitation d’une mine d’argile pour 10 ans et avec un prix supérieur à 24 DH. 

L’autonomie en argile a toujours constitué une contrainte pour les potiers et zelligeurs de la ville de Fès. Depuis 2010, les artisans de la ville souffrent de la rareté d’une matière première de qualité, la carrière qui était exploitée relevant du ministère des Habous et des affaires islamiques, ayant été fermée suite à un incident.

Cette carrière mettait à la disposition des artisans une argile d’excellente qualité, contrairement à celle utilisée aujourd’hui. Suite à plusieurs rencontres entre les associations et coopératives de poterie et le ministère, ce dernier avait promis aux artisans du village artisanal de Benjellik de mettre à leur disposition une mine d’argile de 7 hectares. La semaine dernière, le 20 avril plus exactement, le ministère des Habous et des affaires islamiques a lancé un courtage ouvert au public pour la vente d’un réservoir de plus de 1,2 million de m3 de matière première situé dans un terrain du côté de Dhar Lhout, dans la zone de Benjellik, pour une période inférieure à 10 ans non renouvelable et à un prix supérieur à 20 DH/m3. Cette décision a suscité la colère des artisans puisque, comme ils le disent, ils avaient «convenu avec le ministère des Habous que le candidat doit absolument avoir une attestation professionnelle délivrée par le ministère de l’Artisanat, mais aussi faire partie des patrons potiers exerçant dans le village artisanal de Benjellik.

Suite à cette décision, les artisans ont organisé un sit-in devant le lieu du courtage afin que cette mine d’argile soit réservée à une concurrence entre les artisans de ce métier, et permette de réduire le prix du mètre cube. Le terrain situé à Dhar Lhout regorge, lui, d’une matière première dont la valeur dépasse les 24 MDH. «Notre métier est déjà en proie à plusieurs difficultés; l’ouverture du courtage au public va ainsi aggraver la situation, surtout avec l’introduction d’investisseurs extérieurs à la filière, ce qui va permettre aux spéculateurs de monopoliser cette matière première nécessaire à la survie des métiers de la poterie», précise Abdelilah Kounti, président de l’Association fassie du zellige et de la poterie. Soulignons que la ville de Fès abrite près de 250 unités de poterie et de zellige dans le village artisanal de Benjellik. L’activité génère plus de 8.500 postes d’emploi directs et indirects. La ville de Fès bénéficie d’une spécificité aux échelles nationale et internationale, étant la seule ville à disposer de la matière argileuse sèche, chose qui permet la production du zellige artisanal coloré à petits carreaux. 


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