Maroc

«Les gens vont être fiers de rouler à bord du nouveau Scénic»

Thierry Bolloré : Directeur délégué à la compétitivité du Groupe Renault

Du tout nouveau Scénic à la hausse du taux d’intégration, en passant par le premium ou la Somaca… le numéro 2 du groupe Renault nous livre dans cet entretien des réponses sans langue de bois.

Les Inspirations ÉCO : Avez-vous eu la tentation d’abandonner le Scénic dans un segment du monospace qui a un peu perdu du terrain face au succès des SUV ?
Thierry Bolloré : Le Scénic est avant toute chose un modèle iconique et qui pèse dans nos ventes, puisqu’il représentait toujours plus de 100.000 unités, même lorsqu’il était arrivé en fin de vie. C’est donc un segment qui, malgré tout, reste stable par la demande qu’il connaît, voilà pourquoi nous avons décidé d’y rester. Le Scénic a sa place dans la gamme de Renault, surtout ce nouveau modèle qui affiche une belle attractivité par son design réussi et doté d’une bonne dose de sex-appeal. Ce n’est donc pas un monospace duquel le père de famille aura honte de prendre le volant. Bien au contraire, les gens vont être fiers de rouler à bord du nouveau Scénic et aussi d’inviter quelqu’un à son bord. C’est un véhicule ultra-pratique, avec une très haute qualité perçue, un haut niveau de sophistication et une belle modularité, puisque dès le premier niveau, les sièges arrière sont coulissants. Honnêtement, nous sommes très confiants, d’autant plus que ce nouveau modèle sera aussi décliné en version à 7 places.

Justement, avec un Scénic très beau, plus technologique et doté de 7 places, ne craignez-vous pas une cannibalisation avec l’Espace ?
Non, je ne pense pas. Certes, il en y aura forcément un tout petit peu, mais cela a toujours existé. Avec le Scénic, on est dans le segment C, tandis que dans l’Espace, on est résolument dans le segment D, et plutôt dans le haut de gamme. D’ailleurs, au cas où vous ne le sauriez pas, nous vendons 50% de l’Espace en finition «Initiale Paris». Au demeurant, les deux véhicules n’ont ni le même positionnement, ni la même clientèle.

Le succès de cette luxueuse finition ne vous encourage-t-il pas à ériger une division premium à l’image de ce qu’a fait Citroën avec DS ?
Notre approche par rapport au premium est différente. D’abord, nous n’avons pas la prétention de dire que nous sommes présents dans ce segment. En revanche, nous continuons à monter en gamme, comme vous avez pu le constater avec des modèles comme l’Espace et la Talisman. Du coup, lorsque vous ou un autre journaliste nous interpellez sur la question du haut de gamme, eh bien c’est exactement ce que l’on cherche: c’est-à-dire ne jamais évoquer nous-même le premium, mais amener les autres à nous en parler. Nous allons aussi continuer à travailler dans ce sens en attendant d’avoir cette légitimité dans le premium de la part des clients. En d’autres termes, nous voulons créer l’attraction qui aboutisse à ce que des clients de marques premium allemandes viennent acheter un Renault Espace, par exemple. Et c’est déjà un peu le cas actuellement.

Dans un tout autre registre, et vu qu’il y a encore de la capacité dans l’usine de Tanger, est-ce qu’une Kwid «made in Morocco» relève toujours du possible ?
Pour ce qui est de la capacité de production à Tanger, nous sommes en train de la remplir avec les modèles existants. Maintenant, pour répondre à votre question, l’éventualité d’une Kwid produite au Maroc n’est pas un sujet que nous étudions, puisque le lancement de ce modèle en Europe n’est pas d’actualité.

Deux usines d’un même constructeur dans un seul pays, à savoir le Maroc… Ne trouvez-vous pas que cela fasse beaucoup ?
Tant que ce sont deux usines qui tournent et qui contribuent positivement à notre business; dès lors, la réponse est non.

Et si Nissan jetait demain son dévolu sur Somaca, seriez-vous prêts à lui céder la place ?
Non, la seule optique de voir un jour Nissan produire à la Somaca serait à travers du cross manufacturing (NDLR: production de véhicules pour un partenaire dans une usine de l’autre constructeur). Or, pour cela, il faudrait travailler ensemble sur des véhicules communs, avec un taux très élevé de partage des modules et des composants, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

Restons dans l’usine de Tanger. Qu’allez-vous faire pour faire évoluer le taux d’intégration locale ?
D’abord, il faut aider les fournisseurs locaux à se développer, à pouvoir produire ce qui l’est à l’extérieur, et cela dépend de la vitesse à laquelle ils sont capables d’aller. Malheureusement, on ne peut pas tout leur imposer. Cela étant, entre Ford qui a commencé à faire du sourcing au Maroc, puis l’arrivée de PSA, l’écosystème de l’industrie de sous-traitance automobile est en passe de devenir plus dense et plus compétitif. Et cela constitue bel et bien une bonne nouvelle.

Quelle appréciation faites-vous des résultats commerciaux du Groupe Renault Maroc ?
Ils sont bons, et cela montre que l’on peut avoir des parts de marché très élevées, comme celle de 38,2% enregistrée au terme de l’année 2015. Ces résultats exceptionnels ne sont pas le fruit du hasard, mais la conséquence d’un travail de fond et du professionnalisme des équipes. 



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