Maroc

Le médecins du privé en ont ras-le-bol

Les cinq syndicats les représentant ont mis de côté leurs divergences historiques et se sont réunis jeudi dernier avec l’Association nationale des cliniques privées   pour réclamer des réformes. Ils demandent la mise en place rapide de la retraite et de l’assurance maladie, une équité fiscale, la réorganisation des instances ordinales…

Ils se sont tous réunis pour la première fois de leur histoire et ont tiré sur tout le monde. Gouvernement, pharmaciens, radios, télévisions, charlatans…Il s’agit des médecins du privé dont les cinq syndicats les représentant ont mis de côté leurs divergences historiques et se sont réunis jeudi dernier avec l’Association nationale des cliniques privées pour la première fois afin de crier leur ras-le-bol. «La réunion de tous les syndicats dénote de la gravité de la crise dont souffre notre secteur», souligne Saïd Afif, président du Collège syndical national des médecins.

«Nous voulons un nouveau souffle dans la santé mais que nous ne voyons pas venir. Il n’est pas normal que nous réalisions plus de 60% de la production de santé et que nous ne soyons pas écoutés», note Saad Agoumi, vice-président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés. Les patriciens décrient le retard dans la mise en place de l’assurance maladie et de la retraite comme cela est prévu par la loi. «Cette dernière existe depuis plus d’un an mais jusqu’à présent, nous n’en sommes qu’au stade préliminaire», est-il précisé.

En revanche, le gouvernement a ouvert la porte aux investisseurs non médecins pour investir dans les cliniques dans le but de couvrir le monde rural mais ces derniers ont investi dans les villes et certains ont compris que la santé n’est pas lucrative et commencent à faire marche arrière», précise Agoumi.

Les griefs des médecins ne se limitent pas à ces points puisque pour le docteur Abour du Collège syndical national des médecins généralistes du secteur privé, «les télévisions et les radios exercent une concurrence illégale à travers des émissions de conseils médicaux. À cela s’ajoutent les charlatans dont certains reçoivent la visite de plus de 160 personnes par jour et tout le monde en connaît la dangerosité. De leur côté, les pharmaciens se substituent aux médecins dans l’examen des patients et la prescription de médicaments». Pire encore, il y a des laboratoires pharmaceutiques qui dispensent des formations aux profits des vendeurs des pharmacies sur le diagnostic de certaines maladies. «Nous avons filmé ces formations et nous avons saisi le ministre de la Santé et les présidents des conseils de l’ordre des médecins et des pharmaciens», ajoute Abour. Cela dit, les différents syndicats présents à cette réunion demandent la révision de la loi relative aux instances ordinales «pour changer le mode de scrutin afin que les médecins de chaque secteur puissent élire les seuls représentants du même secteur». Dans le même sillage, les médecins du privé réclament une grande autonomie des ordres régionaux. La refonte de la convention de l’assurance maladie obligatoire et la révision tarifaire font également parties des réclamations des médecins. Ceci sans oublier la mise en place d’un système de soins «optimisé» qui prendrait en considération les soins primaires et la prévention.

Le médecin traitant, une étape obligatoire  
Ce système devra être axé sur le médecin généraliste. «Tout assuré social doit avoir son médecin traitant et respecter des filières de soins établies. Enfin, l’installation des déserts médicaux doit être encouragée et les caisses sociales doivent participer aux cotisations sociales des médecins», notent les syndicats dans leur déclaration à l’issue de la réunion. Les praticiens sont unanimes quant aux obstacles qui existent toujours au niveau de l’AMO dont le «long délai de délivrance des prises en charge pour certaines maladies chroniques. «Le contrôle médical en l’absence d’un référentiel reste aléatoire et entrave la fluidité du traitement des dossiers», affirme-t-on auprès de l’assemblée générale des médecins. Ces derniers demandent enfin une «équité fiscale car aujourd’hui le médecin est considéré à tort par le fisc comme un commerçant alors qu’au regard de la loi, il ne peut l’être. En plus, quand il achète du matériel, il paie des taxes mais il ne bénéficie pas de ristournes à l’instar des commerçants et des entreprises. Le taux d’imposition pour les médecins privés est de 38% alors que pour la SARL, il est de l’ordre de 10%», déplore Abderrahim Chab, vice-président du Syndicat national des médecins du secteur libéral. 



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